Je m'assis lourdement au pied de mon lit, sur le matelas moelleux, et vérifiai très délicatement l'état de mes cicatrices sur mon abdomen, sous les bandages. Les collants m'arrachèrent un peu la peau, me faisant grimacer, mais je fus plus que ravi de voir que ma blessure ne s'infectait pas et prenait même une tournure propre et soignée. Les coupures étaient déjà moins profondes qu'hier matin. Ma peau ensanglantée et rougie avait même repris un teint rosé. Je poussai un long soupir de soulagement, brusquement rassuré, sans détacher mon regard de tout ce travail.
▬ Ça s'est infecté ? Intervint une voix, à l'entrée de ma chambre.
Je relevai la tête, surpris d'une présence, et aperçus Teresa, dans l'encadrement de la porte, les bras croisés sur sa poitrine. Elle vint me rejoindre et s'assit à côté de moi sur le lit, sans quitter mon ventre des yeux. Elle voulut toucher mais à l'instant où le bout de ses doigts froids touchèrent ma peau, je rentrai mon ventre, dévoilant mes côtes.
▬ Fais pas ta fillette, Hiro, ça ne fait pas si mal que ça. Je m'inquiétais seulement parce que le dernier n'avait pas survécu à la scarification. Du pus s'était formé sous sa peau et ça avait créé des abcès bien dégueulasses ...
▬ Pas besoin d'en savoir plus.
Elle ricana.
▬ Au fait, ça s'est passé comment au casino ? Tu t'es pas fait arracher la tête ?
▬ Oh, c'était une journée un peu mouvementée, on va dire ... Une agression sexuelle, trois morts, une main coupée, et j'ai quand-même eu droit à un bon gros coup de poing de ton cousin. C'était mon prix à payer pour l'avoir rejoint sur les lieux de son travail.
Elle haussa les sourcils, étonnée que j'aie survécu à tout ça, et se baissa pour resserrer les lacets de ses bottes de cuir qui lui remontaient jusqu'aux genoux. Elle s'enquit :
▬ Je trouve que tu t'en sors pas trop mal, finalement. Il n'a pas encore l'air de vouloir se débarrasser de toi, c'est déjà une bonne chose. Mais bon, il ne faudrait quand-même pas que je commence à m'attacher à toi et à ta bouille de pauvre tache, sinon ta perte me fera un peu de mal.
▬ Je prends ça comme un compliment, j'imagine. Donc, merci, Teresa.
Elle releva la tête subitement, les sourcils levés et les lèvres entrouvertes. Comme elle ne disait rien, perdue dans ses pensées, je voulus lui demander ce qui n'allait pas, mais elle reprit la parole avant moi :
▬ Je ne t'ai pas dit mon nom, si ? Alors, comment ...
▬ Teresa.
Nous sursautâmes tous les deux, le sang se glaçant dans nos vaisseaux, et nous tournâmes en même temps la tête vers la porte de ma chambre entrouverte où se tenait Nekor. Il avait une épaule appuyée contre le chambranle, les bras croisés sur le torse, avec, serrée dans sa main, sa fameuse machette qui reflétait la lumière jaunâtre de la pièce. Son regard vide et son expression impassible n'annonçaient rien de bon. Teresa se leva telle une furie et prit la direction de la sortie en soufflant un vague « Je vais y aller, moi ».
Mais au moment de franchir la porte, Nekor lui attrapa fermement le col arrière de son chemisier, l'obligeant à revenir à reculons dans la pièce. Elle déglutit.
▬ Ma chère cousine. A-t-il souri, alors qu'elle affichait un visage terrorisé, comme si elle avait vu un fantôme. Tu es à la recherche de nouveaux clients, dis-moi ? Les vierges, ce n'est pas vraiment ta tasse de thé, je me trompe ?

VOUS LISEZ
Nekor
Romansa◣ Lorsque son père se fait assassiner sous ses propres yeux par un mafieux, Hiro développe en lui une forme d'obsession envers le tueur, lui qui avait toujours profondément détesté son unique parent. Il tentera par tous les moyens de retrouver l'ass...