1. La traque

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          ▬ Hiro ! Si tu ne m'ouvres pas cette porte dans la seconde qui suit, je la défonce à coups de pied !

          Je gémis plaintivement et enfouis mon visage dans mon oreiller qui sentait la crème et les médicaments. J'eus envie de lui crier de dégager et de me laisser tranquille, mais lui confirmer ma présence dans l'appartement lui donnerait au contraire encore plus envie d'entrer. Je l'entendis soupirer derrière la porte et le bruit étouffé d'un sachet retentit.

          ▬ J'ai ramené des Ramens aux légumes et au canard.

          J'entrouvris péniblement un oeil et après avoir pris une grande inspiration, je me décidai enfin à me lever. Le pas traînant, je finis par atteindre la porte que je déverrouillai à l'aide de ma clef, pendante aux crochets, dans le corridor. Le visage d'Erik apparut, tout sourire, et lorsqu'il posa ses yeux sur moi, sa joie disparut aussitôt, remplacée par de l'inquiétude et une once d'agacement.

          ▬ Tu t'es converti au vampirisme ou tu t'entraînes pour un cast de Mickael Jackson ?

          ▬ Ferme-la et entre. Ai-je soupiré, à moitié amusé.

          Il eut à peine pénétré dans mon appartement qu'il s'élançait déjà en direction de l'unique fenêtre, enjambant au passage l'éternel déluge qu'était la pièce, et tira les tentures, l'inondant de la lumière orangée du soir. Je plissai les yeux, comme un nouveau-né face au soleil pour la première fois, tandis qu'Erik tentait comme il pouvait de dégager la table basse de tout son désordre, afin de pouvoir y poser ses deux plateaux. Il s'assit lourdement dans mon canapé dans lequel je dormais et se releva aussitôt pour retirer un de mes T-shirts de sous ses fesses.

          ▬ C'est une vraie porcherie, ici. Depuis quand tu te laisses aller à ce point-là ?

          ▬ Je suis un peu trop occupé ces temps-ci.

          ▬ Occupé ? A-t-il ricané, en sortant ses baguettes de bois. T'es garde de nuit dans un musée, et encore, ce n'est que trois soirs par semaine. Ne me dis pas que tu n'as pas de temps libre !

          Je me mordillai l'intérieur des joues et jetai un coup d'oeil à ma chambre à coucher plongée dans le noir dont la porte était grande ouverte. Il suivit mon regard, les yeux plein d'incompréhension.

          ▬ Ne me dis pas que ... A-t-il soufflé, s'interrompant. 

          Il se redressa telle une furie, me laissant figé sur place, et s'élança vers la pièce sombre. Il appuya sur l'interrupteur, baignant la chambre de lumière. Mes draps étaient roulés en boule sur mon matelas, tout comme mes vêtements. Un seul coin était à peu près en ordre : c'était le mur de gauche, sur lequel pendaient d'innombrables photos, pages de journal, cartes, témoignages, ... Erik poussa un long soupir de désespoir, une main sur le front, à observer mon œuvre, alors que je venais le rejoindre.

          ▬ Tu n'as toujours pas lâché l'affaire ? Ça va faire sept ans, Hiro.

          ▬ Je sais. Mais on ne sait que trop peu d'éléments sur le meurtre de mon père et ça rend le tueur complètement introuvable. Je ne pourrais que le reconnaître si je l'avais face à moi.

          ▬ Oui, s'il est toujours pareil après sept longues années. Ecoute, Hiro, je suis ton ami, ton unique ami d'ailleurs. (Je ne pus m'empêcher de souffler du nez, amusé) Je comprends totalement que tu veuilles venger ton père et tout, mais ce n'est pas ton job.

          ▬ La police ? Elle a fermé le dossier de l'affaire depuis bien longtemps déjà. On ne peut pas lui faire confiance.

          ▬ Oui, mais là ... A-t-il soupiré, en pointant le mur recouvert de papiers. Tu vas beaucoup trop loin. Et puis, une fois que tu l'auras retrouvé ? Tu le tueras ?

NekorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant