▬ Hiro, par pitié, réveille-toi !
J'ouvris grand les yeux, prenant une profonde inspiration, comme si durant mon sommeil, j'avais retenu mon souffle. Le visage paniqué de Nekor apparut au-dessus de moi, regardant en direction de la porte de la chambre et les bras enroulés autour de mon corps en boule. Son souffle court et son regard vide ne présageaient rien de bon. Il avait un pistolet dans la main droite, pointé vers l'entrée, se mettant dans une position dans laquelle personne ne pourrait m'atteindre.
▬ N-Nekor ? Demandais-je, complètement perdu.
Des coups de feux étouffés retentirent dans le couloir, me faisant tressaillir. Je m'agrippai à la chemise ouverte de mon maître, qu'il avait gardée pour dormir, et enfouis mon visage dans le creux de son cou. J'ignorais ce qu'il se passait mais à en juger par son expression inhabituelle, le danger était plus que présent. Sentant que je tremblais dans ses bras, il baissa les yeux vers moi, détachant pendant seulement une seconde son attention de la cible pour me serrer fort. Il n'aura fallu que d'une seule seconde.
▬ La Siera est ic...
Il ne put terminer sa phrase car le grincement de la porte retentit, avertissant de l'entrée de quelqu'un dans la pièce. Nekor releva la tête et tira immédiatement vers l'intrus qui se prit la balle en plein dans l'oeil. Malheureusement, l'ennemi avait appuyé sur la détente avant de se prendre le projectile et cette dernière continua sa route dans l'air jusqu'à l'épaule de mon maître qui se la prit de plein fouet. Elle lui transperça la peau comme du beurre et fût freinée dans sa course, restant logée dans les tissus. Je pus sentir le choc qu'avait subi son corps, blotti dans ses bras.
Il baissa son pistolet et, avant même de s'occuper de sa blessure, il desserra son étreinte de moi, afin de pouvoir voir mon visage.
▬ Hiro ? Est-ce que ça va ?
J'acquiesçai vaguement, relevant les yeux vers lui. Son épaule pissait le sang qui se répandait rapidement dans les tissus de sa chemise blanche. Il poussa un long soupir de soulagement. Un homme apparut à nouveau dans l'encadrement de la porte et Nekor chargea instantanément son arme dans sa direction, mais le second intrus s'avéra être un des gardes du corps de son père.
▬ Patron ! Vous allez bien ? A-t-il demandé, essoufflé et armé d'une kalache noire. Nous les avons tous eus, je crois. C'était la Siera ...
▬ Je sais que c'était la Siera. Zack m'avait prévenu qu'elle voulait ma tête. Mais je ne pensais pas qu'ils étaient cons au point de s'introduire ici ...
▬ Ils étaient tous concentrés dans votre chambre avec des mitraillettes, patron. Ils ont tous tiré dans le tas. Heureusement que vous n'y étiez pas. Vous êtes blessé ?
▬ Ce n'est rien.
Il tenta de se redresser dans le lit, en pressant son épaule d'une main, et il empêcha ainsi un maximum le sang de s'en échapper, le bras pendant mollement dans le vide. Il tituba jusqu'à la porte où son garde l'aida à marcher, tandis que j'étais toujours tétanisé sur place. Il m'avait protégé. Il avait risqué sa vie pour qu'il ne m'arrive rien ... Et il s'était pris une balle pour moi. Je soulevai la couverture et sortis du lit telle une furie, manquant de tomber par manque d'équilibre. Je m'élançai dans le couloir où Nekor venait de disparaître et je me mis à courir, enjambant le cadavre de plusieurs hommes sur la route.
N'était-ce pas une preuve d'amour de protéger quelqu'un de la sorte ?
Je rattrapai les deux hommes bien plus tôt que je ne l'eus cru et, arrivé à sa hauteur, je me suis jeté dans ses bras, enroulant les miens autour de son cou. Il s'arrêta subitement de marcher pour me serrer fort contre lui, en riant de mes pulsions enfantines. Le garde s'écarta de nous une seconde.
▬ Patron ... Nous n'avons pas encore fait le compte de nos pertes ce matin. Vous ne pourrez continuer à dormir ici tant que la Siera ne se sera pas calmée à votre sujet. Nous vous prendrons une chambre d'hôtel dès ce soir.
▬ Hiro m'accompagnera. S'enquit Nekor, en s'écartant légèrement de moi pour se tenir à nouveau l'épaule.
▬ Il serait préférable pour vous que vous vous isoliez pendant ce ...
▬ C'était un ordre.
Le garde acquiesça, avant de passer son bras dans le dos de mon maître pour le soutenir, et ils s'éloignèrent. Il fallait le soigner en priorité, après tout. Je les ai suivis jusqu'à la salle de bain du rez-de-chaussée, où Nekor s'assit sur le bord de la baignoire, gémissant de douleur. Je m'installai à ses côtés et l'enlaçai d'un bras, l'empêchant de tomber à la renverse.
▬ Où est mon père, John ? Demanda mon maître, la voix tremblante.
▬ Nous en parlerons une fois que vous serez soigné. Pour le moment, ce n'est pas la priorité.
▬ John ! Dis-moi que mon père n'était pas dans la maison durant l'assaut.
John soupira, s'agenouillant face à Nekor avec une boîte de soins dans les mains, alors que du sang chaud dégoulinait encore entre les doigts de mon maître. Au fond de lui, cela se voyait dans son regard qu'il connaissait déjà la réponse de son garde du corps. Son géniteur était faible et fragile, il n'aurait pas pu se battre contre la Siera. Déjà que lui, du haut de ses un mètre nonante et de sa musculature imposante, en totale forme, et en maitrise complète des armes, il s'était pris une balle, alors je n'imaginais même pas concernant son père.
▬ Le premier coup de feux était pour votre père. Souffla John, en versant de l'alcool dans un coton. Nous n'avons rien pu faire pour empêcher ça.
Nekor baissa les yeux, le visage meurtri. Il s'en doutait mais il en souffrait quand-même. John désinfecta un instrument chirurgical, semblable à celui dans les films pour extraire une balle d'une plaie, et, après avoir soigneusement nettoyé la blessure, il introduit la pointe de l'outil dans la peau de Nekor. Il ne grimaça même pas, le regard perdu dans le vide, tandis qu'il farfouillait pour trouver le projectile logé dans ses tissus. Il en extrait la balle, recouverte de sang quasiment noir, et prépara immédiatement le matériel pour les points de suture. Je finis par prendre la main froide de mon maître qui était toujours figé, regardant fixement le vague.
Il tourna finalement la tête vers moi, les sourcils froncés et les lèvres fermées. Je n'osai même pas le regarder dans les yeux, me contentant de fixer le carrelage de la salle de bain.
Oui, je sais très bien, Nekor. Avais-je envie de lui dire. Je sais que tu ne m'aimes pas comme ça. Je sais que tu serais capable de me haïr du jour au lendemain. Je sais que tu ne te marieras jamais avec moi, ou quoi que ce soit comme projet stupide que les couples désirent tous. Mais au moins, comme ça, tu sais que moi, ce n'était pas le cas. Que je serai là jusqu'à la fin pour toi. Et que je t'aimais désespérément.
Tout en me disant ça, je tournai la tête vers lui, plongeant mes yeux dans les siens.
Ce n'était peut-être qu'un rêve, mais j'aurais juré qu'hier, tu étais sur le point de me donner ton prénom. Et pourtant, tu m'avais dit ne pas me connaître suffisamment pour me le confier, alors ce ne devait être que mon imagination.
▬▬ ▬ ▬▬
Coucou !♥
Petit message juste pour vous prévenir de l'avancée des choses et également que « Nekor » touche déjà pratiquement à sa fin ... Plus que cinq chapitres !
Dans tous les cas, je vous remercie de lire mon histoire !
◣ArtemiSix◢

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Nekor
Roman d'amour◣ Lorsque son père se fait assassiner sous ses propres yeux par un mafieux, Hiro développe en lui une forme d'obsession envers le tueur, lui qui avait toujours profondément détesté son unique parent. Il tentera par tous les moyens de retrouver l'ass...