Monsieur Bleuzen ouvrit les portes de la nacelle avec entrain. Il sortit, le dos droit et un grand sourire aux lèvres, tel un conquérant accaparant le territoire des vaincus. L'Indomptable fut le deuxième à sortir, suivi de Laureline, les deux autres Horribiles furent plus dubitatifs et étudièrent ce nouvel environnement avec vigilance.
Laureline leva la tête. Les arbres les toisaient de toute part, l'humaine vit plus en détail les montagnes qui servaient de frontière au pays : se situant à moins de dix kilomètres du plateau, elles étaient escarpées et déchiquetées, un véritable chaos grisâtre aux pointes enneigées frôlant le firmament. Un frisson parcourut son échine malgré la chaleur étouffante. La forêt était plongée dans un étrange silence.
— Bon... où sont-ils, maintenant ? grogna le directeur du Nouveau Colisée, les yeux plissés, en se massant le menton légèrement barbu, pendant que monsieur Lyraispaix tentait du mieux qu'il le pouvait de faire sortir Morgane et Julien du dirigeable.
Au même moment, l'humaine se raidit. Elle jura avoir vu une ombre, aussi furtive fût-elle, dans la pénombre des êtres sylvestres. Elle retint son souffle. Elle eut le réflexe de porter ses mains sur ses hanches, où normalement ses lames se reposaient, dans l'espoir de tirer une épée pour se défendre. Un courant d'air la fit sursauter, Laureline virevolta : personne. Son cœur s'accéléra. Elle était à quelques mètres de monsieur Bleuzen – six mètres, environ. L'Indomptable était encore dans l'encadrement des portes. Un bruissement, à sa gauche la fit sursauter. Enfin, elle lança un regard alerté au directeur du Nouveau Colisée.
Ce dernier semblait plus étonné qu'autre chose, les sourcils haussés. Puis, après un esclaffement, il cria :
— Les gars ! À quoi vous jouez ? Sérieusement, Michel, la discrétion ce n'est pas ton fort : on voit ta tignasse d'où je suis !
Laureline regarda dans sa direction... mais ne remarqua rien de spécial. C'est vrai, se rappela-t-elle, les Horribiles ont une meilleure vision que nous. Pourtant, elle constata du mouvement, dans l'obscurité que produisaient les branches feuillues des arbres verdoyants. Une silhouette approchait... non, courait vers eux !
Dans un saut de biche, un Horribilis surgit de la pénombre. Uniquement vêtu d'un haut en lin et d'un short marron qui s'arrêtait au-dessus des genoux, ce qui le caractérisait le plus fut bien sa longue chevelure bouclée de couleur brune, un véritable halo anarchique qui encadrait son visage ovale, en plus de cacher ses cornes – Laureline vit qu'il était un Horribilis grâce à la queue noire qui sortait de son bas. Il atterrit tout en douceur, juste en face du directeur du Nouveau Colisée, en souriant à pleines dents, l'Horribilis à la chevelure bouclée était légèrement plus petit que monsieur Bleuzen.
— Ah, Gwenn ! fit-il en tendant sa main, que monsieur Bleuzen attrapa fortement. Que ça fait du bien, de te revoir !
— Tu l'as dit !
— Baptiste ! Baptiste, salut !
L'Indomptable s'approcha à son tour, en souriant. Quand le regard de Morgane se posa sur l'Horribilis à la chevelure bouclée, ses yeux s'arrondirent immédiatement. L'Horribilis en question fléchit les genoux et hurla :
— Choupette ! Comment tu vas, toi ?
— Michel ! tonitrua-t-elle en se ruant vers lui, il l'attrapa et la leva, la faisant tournoyer dans les airs – il pouvait se le permettre, la femelle était un véritable poids plume.
Laureline regarda vers le zeppelin. Julien, debout devant la porte, voyait rouge. Pourtant, il ne bougea pas d'un cil.
— Ça fait longtemps, Michel, commença l'Indomptable. Comment vas-tu ? Et les deux autres ?
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Laureline et le Nouveau Colisée
FantasyPour aider son père et ses plus jeunes sœurs, Laureline n'hésite pas à tout abandonner pour rejoindre la capitale, Valiroma, pour y faire fortune dans des combats féroces et périlleux, mélangeant humains et Horribiles, des êtres dotés de pouvoirs dé...