Elle se réveilla vers les coups de midi. Les voix et les rires l'avaient violemment tirée du sommeil.
Laureline se redressa en baillant. Elle s'étira avant d'écarter sa couette et de s'habiller sans tarder, avec les vêtements de rechange qu'elle avait prévus. L'humaine avait laissé ses lames sur le bureau, elle hésita un instant à les accrocher à ses hanches, grâce à sa ceinture. Laureline sortit de sa chambre en les laissant sur le meuble, finalement.
Elle avait une faim de loup, et ses jambes lui étaient lourdes. L'humaine descendit l'escalier et se retrouva dans un hall vide. La porte était ouverte, elle perçut des bouts de conversation venant de l'extérieur. Elle traversa la pièce et sortit du dirigeable, la vive lumière du jour l'aveugla et la força à plisser les yeux. Michel et Gwenn se tournèrent vers elle.
— Ah bah enfin ! cracha le directeur du Nouveau Colisée. On a bien cru que tu n'allais jamais te lever !
— Bien le bonjour ! poursuivit l'autre, toujours aussi gai. Tu as bien dormi ?
Elle sourit avant de hocher la tête pour lui répondre. Gwenn Bleuzen la devança et répondit à la question qui pendait aux lèvres de l'humaine, alors qu'elle avait à peine ouvert la bouche :
— Si tu cherches Baptiste, tu sais où il est... même dans une réplique de son manoir, crois-moi qu'il ne bougerait pas d'un cil.
L'humaine poussa les portes de la salle à manger. Son précepteur était assis dans ce même fauteuil, devant cette même cheminée, à boire ce même thé, mais il n'avait pas de journal dans les mains, cette fois-ci. Les yeux baissés sur sa tasse, il écoutait Justine qui parlait, assise devant lui, pendant que Gabriel était accoudé au siège de l'Indomptable. Les traits du visage de l'Horribilis en chemise étaient déformés par son poing qui soutenait sa tête, au niveau de la joue.
— Je vous assure, il y a une véritable évolution ! lança la jeune femme aux deux Horribiles. Si vous pouviez voir ce que nous sommes parvenus à faire...
— Non mais, on ne doute pas de toi, Justine, rétorqua Gabriel de ce ton plat, voire froid, ni même de ton organisation. Personnellement, c'est le futur qui me fait douter.
— Comment ça ? Ce n'est pas qu'une simple organisation, tu sais.
— C'est bien beau tout ça, une organisation pseudo-utopique où tout le monde s'aime, travaille main dans la main, où on s'en fout si t'es humain ou Horribilis... mais tu crois sincèrement que ça va faire l'unanimité dans tout le pays ? Peu importe votre envie de vous transformer en parti politique ou je ne sais quoi. Ça pourrait marcher, ouais, mais pas maintenant. Le pays est encore trop ancré dans ses mœurs de l'avant-guerre. Et, crois-moi, on n'évolue pas dans le bon sens aujourd'hui.
— Mais si ! se défendit Justine, Laureline entendit qu'elle commençait à perdre patience. Tu es trop pessimiste, Gabriel. Je sais que si nous continuons, si nous persévérons, nous pourrons atteindre la scène politique.
— Je dois te rappeler qui se disputent la présidence, là ? Je dois te rappeler les deux candidats qui ont le plus de popularité, dans le pays ?
— Mais personne ne va voter Lagrange, bon sang... il est complètement fou.
— Je pensais la même chose, fit soudainement l'Indomptable après une gorgée de thé, mais Gabriel soulève un important détail. Il ne faut pas négliger que monsieur Lagrange est étrangement populaire, parmi les humains les plus chauvins du pays. Il reste un héros de guerre pour certains, la figure même de l'héroïsme. Cela reste à surveiller.
— Il ne passera pas, assura Justine. C'est impossible.
— Et bien, on verra ça dans un an, cracha sèchement l'Horribilis en chemise. Croyez-moi ou non, mais ça craint, cette histoire.
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Laureline et le Nouveau Colisée
Viễn tưởngPour aider son père et ses plus jeunes sœurs, Laureline n'hésite pas à tout abandonner pour rejoindre la capitale, Valiroma, pour y faire fortune dans des combats féroces et périlleux, mélangeant humains et Horribiles, des êtres dotés de pouvoirs dé...