25. vŏlo

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 Elle se réveilla avec une sale migraine.

Les rayons du jour lui brûlèrent la rétine, elle avait oublié de refermer ses volets. Laureline se tourna lentement, sur le ventre et le visage dans son oreiller, avant de laisser échapper un grognement étouffé et monotone. Sa gorge était aussi sèche qu'un désert en plein été. Ce que l'humaine voulait à tout prix, c'était de l'eau.

Quand l'humaine se redressa, la tête lourde qui tambourinait encore, elle remarqua sa robe pendue à sa chaise, traînante au sol. Ses escarpins étaient à l'autre bout de la pièce, plus vers la porte. Elle avait au moins fait l'effort de mettre un haut avant d'aller se coucher. Laureline essaya de se remémorer ce qui s'était passé, la veille... en vain. Ses souvenirs s'arrêtaient brutalement après sa rencontre avec Mathieu et Clara, lorsqu'elle avait décidé de se servir un nouveau verre. Elle poussa un soupir, le ventre en vrac, les oreilles sifflantes et l'esprit toujours tournoyant.

Bordel, je dois boire de l'eau. Quelle heure était-il ? Neuf heures, dix heures du matin ? Elle ignorait combien de temps elle avait dormi – mais une chose était sûre, ce n'était pas assez. Laureline parvint tout de même à se lever, à l'instant même où quelqu'un toqua à sa porte.

— Quoi ? croassa-t-elle d'une voix enrouée et desséchée.

— Monsieur Lyraispaix vous demande dans le salon, fit la voix d'une domestique qui ne prit même pas la peine d'entrer.

Ah bah génial ! Super ! Au meilleur moment, ronchonna l'humaine intérieurement. Elle prit la peine d'enfiler un pantalon avant de sortir de sa chambre, ses premiers pas et le contact de ses pieds nus contre le parterre froid lui arrachèrent un gémissement de souffrance : sa plante était recouverte d'ampoules. Laureline descendit en sautillant tellement la douleur était aiguë. Le hall était comme à son habitude, tout avait été rangé, Laureline passa à côté d'une servante qui passait le balai, la domestique ne lui fit pas attention. Comme d'habitude, monsieur Lyraispaix lisait son journal, devant la cheminée.

Mais il n'était pas seul, cette fois-ci.

Affalé dans le fauteuil que l'humaine avait désigné comme le sien, Gwenn Bleuzen avait les yeux rougis, les cheveux en bataille et la chemise tâchée et à moitié ouverte, sortie de son pantalon Il avait une serviette humide sur le crâne, il se massait les tempes avec.

— Oh, bon sang, grogna le directeur du Nouveau Colisée. J'ai peut-être un petit peu trop tiré sur la corde.

— À peine, rétorqua l'Indomptable sans lui lancer le moindre regard.

— J'ai la tête qui tourne...

— Cela ne serait pas le cas si tu avais été raisonnable.

— Pas besoin de me le rappeler, Baptiste !

— Tu as vomi. Deux fois.

— Et alors ? C'était dans tes plantes, non ? Ça fera de l'engrais !

Puis, il se tourna vers Laureline qui observait silencieusement la scène. Monsieur Bleuzen leva sa main pour la saluer, dans un mouvement ankylosé, un sourire fatigué peint sur le visage.

— Bonjour, Laureline. J'aimerais te faire la bise, mais je suis dans tous mes états.

Tant mieux. Vous puez l'alcool de toute façon. Elle lui sourit tout de même en hochant la tête, l'humaine comprit bien qu'il n'était pas très disposé à discuter pleinement. L'Indomptable décrocha enfin son regard de l'hebdomadaire.

— Ton état n'est pas si déplorable que je l'aurais pensé, examina-t-il d'une voix neutre. Toi qui as bu comme un trou, hier soir...

— Ah.

Laureline et le Nouveau ColiséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant