Elle s'effondra sur son lit, la tête la première. Quand son visage rencontra son oreiller si moelleux et agréable, Laureline étouffa un long râle monotone.
Il faisait déjà nuit noire. Laureline ne pouvait pas admirer le jardin de sa fenêtre. Elle avait dévoré tout ce qui s'était présentait à elle, dans son assiette, à midi comme il y avait cela quelques minutes. Les servantes lui avaient dévoilé la porte qui menait à une salle de bain, et elle avait pu prendre une très longue douche chaude. Sentir la chaleur couler sur l'intégralité de sa peau l'avait légèrement apaisée.
Elle n'y avait pas cru, au début, mais si : Laureline avait probablement passé la journée la plus fatigante psychologiquement de sa vie. Elle se sentait littéralement lessivée alors qu'elle n'avait quasiment pas quitté la bibliothèque du manoir de la journée. Sa tête lui faisait un mal de chien, et elle s'efforçait à mémoriser tout ce qu'elle avait appris aujourd'hui. Monsieur Lyraispaix s'était montré impitoyable avec elle.
Paradoxalement, Laureline n'avait rien appris de très important, d'impératif avant de faire ses premiers pas dans le Nouveau Colisée : l'Horribilis s'était, en partie, concentré sur son espèce, ses origines et ses traditions. Cela avait été intéressant – passionnant, même –, mais elle ne comprenait pas pourquoi il s'attardait tant dessus, et elle n'avait pas osé lui demander pourquoi.
Les Horribiles avaient des origines bien plus anciennes que Laureline avait pu le croire. Les découvertes archéologiques semblaient affirmées quelque chose de sûr : ils étaient apparus bien avant l'Homme, des milliers d'années avant approximativement. Certains scientifiques pensaient que les humains descendaient d'eux, et il était avéré qu'ils avaient pu vénérer les Horribiles comme des dieux vivants. Bien évidemment, cela n'avait pas duré : les périodes s'étaient enchaînées, et les mentalités avaient évolué tout autour du monde, et rapidement les Horribiles furent persécutés et massacrés, ou intégrés pleinement dans la société qui ne cessait de grandir, dans des cas qui n'étaient pas si isolés que ça. Souvent accusés – à tort – des plus grands malheurs du monde, ils avaient connu les pires cruautés possibles. Les guerres avaient rapidement déchiré ses deux espèces, tout au long de l'Histoire.
Bien évidemment, nombreux sont les historiens qui déclaraient, haut et fort, que les Horribiles étaient une menace pour l'Homme depuis la nuit des temps. Tout au long des siècles, les récits racontant des atrocités que ces « barbares » auraient pu commettre, ébranlant le cœur des humains qui lisaient que leurs compères avaient été massacrés, violés puis mangés par ces créatures démoniaques qui ne cherchaient qu'à soumettre ce peuple qu'il jugeait « misérable », étaient d'une banalité presque grotesque. La réalité était tout autre :
— Nous sommes une espèce paisible, avait déclaré monsieur Lyraispaix, mais paradoxalement guerrière. Depuis notre jeune âge, nous connaissons la guerre et nous y sommes entraînés en permanence, mais cela ne veut pas dire que nous ravageons tout ce que nous trouvons, au contraire. Le Nouveau Colisée, Laureline... il a été fondé par des Horribiles, pour des Horribiles, et non par et pour des humains. Les combats étaient mortels, oui, mais le respect de son adversaire était primordial. Puis, les humains sont arrivés, et maintenant... enfin. Je divague. Nous nous battons pour défendre, pour la prévention. L'Histoire a été déformée de si nombreuses fois... les croisades menées contre nos croyances, notre religion, quels sont leurs véritables prétextes ? Un Horribilis aurait craché sur une croix, un autre aurait tué de sang-froid un moine bénédictin. Des foutaises, de A à Z.
Les Horribiles étaient polythéistes. Ils vénéraient deux dieux, respectivement du Ciel, respectivement de la Terre : étrangement, ils n'avaient pas de nom, et ils les interpellaient « Celui du Ciel » et « Celle de la Terre ». Quand Laureline lui demanda pourquoi ces dieux étaient anonymes, il lui répondit :
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Laureline et le Nouveau Colisée
FantasiPour aider son père et ses plus jeunes sœurs, Laureline n'hésite pas à tout abandonner pour rejoindre la capitale, Valiroma, pour y faire fortune dans des combats féroces et périlleux, mélangeant humains et Horribiles, des êtres dotés de pouvoirs dé...