La chambre qu'Eli partagerait avec Ariel était la dernière au fond du couloir, à l'étage. À l'instar de tout le chalet, la décoration était rustique avec la tête de lit en bois rond, le patchwork rouge sur l'édredon et la vieille chaise berçante dans un coin de la pièce.
Ariel s'était assise sur le lit, tournant le dos à Eli qui refermait la porte sur eux.
— J'avais oublié à quel point tes parents étaient gentils, dit-elle d'une voix éteinte.
Eli vint s'asseoir sur le bord du lit, près de son amie. La lumière froide du jour entrait par la fenêtre face à eux. Eli trouva qu'Ariel avait l'air d'une héroïne tragique avec ses cheveux sombres qui encadraient son visage triste et pâle. Elle tourna la tête vers lui et ses yeux paraissaient plus vert que vert, bordés de ses longs cils foncés.
— Hier soir, c'était drôle de jouer au couple, mais aujourd'hui ça me paraît vraiment trop réel...
Elle porta la main à son oreille pour toucher sa boucle d'oreille en forme de fraise, un geste nerveux qu'Eli l'avait vue faire plus de fois qu'il n'aurait pu le compter.
— Tes parents vont me détester quand ils vont apprendre la vérité.
Elle avait parlé d'une voix fataliste et tellement basse qu'Eli ne l'aurait pas entendu s'il n'avait pas été à côté d'elle.
— Mes parents t'aiment trop pour te détester. De toute façon, ils sauront jamais qu'on leur a menti. J'ai pas encore décidé si j'allais le leur avouer sur leur lit de mort ou pas.
Ariel eut un petit rire. Eli se sentit remplir de fierté d'avoir réussi à la faire sourire.
— J'ai peur... j'ai peur qu'on se perde dans le processus, poursuivit Ariel tout en triturant sa boucle d'oreille. Si on avait un geste ou une parole qui dépassait les bornes et gâchait notre amitié?
— On se perdra pas, l'assura Eli. Depuis le temps qu'on se connaît, c'est pas quelques jours à jouer le couple qui va nous éloigner l'un de l'autre.
— Tu as raison, admit Ariel en relâchant sa boucle d'oreille. Je m'en fais pour rien.
—Tu as bien fait de m'en parler.
Eli lui bouscula gentiment l'épaule, arrachant un nouveau sourire à Ariel.
— S'il y a autre chose qui te préoccupe, viens me le dire tout de suite, d'accord?
— Ok.
Ariel lui bouscula doucement l'épaule en retour. Son bras était pressé contre celui d'Eli et il pouvait sentir la chaleur de son corps même à travers son chandail. Ce n'était pas désagréable.
— Est-ce que je peux avoir une visite, maintenant?
Le chalet avait une certaine taille, mais puisque le rez-de-chaussée n'était qu'un grand espace ouvert et que l'étage ne comprenait que des chambres et une salle de bain, on en avait rapidement fait le tour. Le sous-sol lui-même n'était séparé qu'en deux pièces. La première était une salle de jeu pour les enfants, facilement reconnaissable aux carrés de mousse multicolores qui recouvraient en partie le sol. La télévision au mur, d'après ce qu'en savait Eli, ne servait que lorsque ses frères voulaient que leur progéniture se tienne tranquille. Dans la pièce du fond se trouvait une table de billard dont Eli n'avait jamais compris ce qu'elle faisait là puisque seuls ses frères, sa sœur et lui-même en jouaient, jamais leurs parents.
— Tu crois qu'on devrait regarder un film de Noël sur Netflix ensemble? Demanda Ariel quand ils revinrent sur leur pas.
— On est pas obligé.
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Les anges de neige n'aiment pas voler
RomanceEli et Ariel retournent à Québec pour les Fêtes. Eli vient de rater une audition pour sa maîtrise en musique et il est inquiet de l'annoncer à ses parents qui espèrent voir leur fils se trouver enfin un vrai travail. Pour Ariel, le temps des Fêtes...