Épilogue

235 37 34
                                    

Eli remarqua deux choses quand il vit Ariel se présenter devant lui. La première : ses cheveux étaient d'un violet profond. La deuxième : elle portait des boucles d'oreilles argentées qu'Eli ne lui avait jamais vu. Puis, il observa une troisième chose : sa robe noire avait un décolleté plongeant qui lui allait très bien, mais il valait mieux ne pas s'attarder là-dessus maintenant.

— T'as l'air beaucoup trop cool pour moi, tout à coup, dit Eli.

— J'ai toujours l'air cool, corrigea Ariel. Mais merci de le remarquer.

Il leva la main vers elle et fit rouler entre ses doigts une mèche de ses cheveux.

— T'habitue pas trop vite, ça va partir après quelques lavages.

Le violet faisait ressortir les yeux verts d'Ariel dans un contraste frappant.

— Je te trouve belle.

Ariel eut alors le sourire niais d'un fan en pâmoison devant son idole. Durant la dernière semaine, Eli avait eu droit à ce regard de merlan frit plus souvent qu'à son tour, mais il ne s'en plaignait pas. Ariel s'approcha de lui pour l'embrasser. Juste avant que leurs lèvres se touchent, un craquement leur fit tourner la tête dans la même direction.

Myriam se tenait à quelque pas d'eux, un sac de chips à la main.

— Eh, pourquoi vous vous arrêtez? Protesta-t-elle.

— Parce que tu nous regardes et c'est vraiment bizarre, répondit Ariel.

— Je voulais juste assister à un dernier épisode d'Arieli avant que vous partiez, se justifia Myriam.

Elle mordit dans une nouvelle croustille qui craqua bruyamment sous ses dents. Ariel s'écarta d'Eli pour se chausser et enfiler son manteau.

— Allez, faites un effort, je suis votre fan numéro un!

— C'est ça, marmonna Ariel en roulant des yeux. À plus tard.

Elle attrapa la main d'Eli et ils quittèrent la maison.

— Je voulais te dire, commença Eli avec une soudaine nervosité. J'ai complété et envoyé ma demande d'admission pour Berlin ce matin.

Il jeta un coup d'œil inquiet à Ariel qui s'était arrêtée de marcher. Il s'était demandé tout l'après-midi comment elle réagirait, mais il ne s'attendait pas à ce qu'elle tende la main pour lui caresser la joue.

— J'espère que tu seras choisi, Eli.

— C'est vrai?

— Oui. C'est énorme comme projet et si c'était le mien, je voudrais que mon copain me supporte là-dedans.

Eli sentit le soulagement le traverser comme une vague chaude. Il ne demandait pas plus qu'Ariel lui donne son appui pour Berlin.

Il se pencha pour l'embrasser. Ça lui paraissait encore nouveau et bizarre de pouvoir le faire en pleine rue, mais il commençait à y prendre goût.

Lorsqu'il se détacha d'elle, il vit le visage de Myriam dans la fenêtre. Elle lui fit un grand sourire enthousiaste et leva le pouce.


Charlie et son copain habitaient en Basse-Ville et Eli dut quadriller les rues pendant dix minutes avant de trouver une place de stationnement. Heureusement, il n'y avait pas de déneigement des rues prévu dans la soirée.

— Charlie sait qu'on arrive, dit Eli quand ils montèrent l'escalier qui menait à l'appartement. Tu peux juste ouvrir la porte et entrer.

Ariel le précéda à l'intérieur et il sentit ses cheveux se dresser sur sa tête quand elle éleva la voix pour s'adresser à la ronde.

— Vous pouvez baisser le chauffage! Eli vient d'arriver et il est chaud comme un brasier.

Eli fit la même tête que s'il avait mordu dans un citron pendant que tous ses amis présents éclataient de rire. Il se tourna vers Ariel qui affichait un petit air satisfait.

— Ça fait longtemps que tu prévoyais ça?

— Trois jours. Je t'avais prévenu, pourtant, que j'allais te foutre la honte devant tout le monde.

— Est-ce que je dois regretter ma décision de m'être mis en couple avec toi?

Ariel lui répondit par un sourire goguenard.

Non. Il ne regrettait pas.

Les anges de neige n'aiment pas volerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant