⚜ Chapitre 21 : Récapitulatif ⚜

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Paris, mois de juin

Céleste

Je marchais. Depuis la veille, je parcourais ma chambre de long en large. J'avais d'urgence exigé la présence des mousquetaires et de Constance dans ma chambre, vers neuf heure. Ils ne devraient plus tarder. J'avais dans mes mains la lettre de Charlotte, et comme je savais qu'elle revenait ce soir pour le bal, je voulais la montrer de suite à mes amis.

Le bal... Le roi avait frôlé la mort, et tout ce qui l'intéressait à présent était de faire un bal ! Avec moi comme invitée d'honneur, bien entendu... Cela ne pouvait s'annoncer plus catastrophique. Car s'il y avait eu des tentatives d'assassinat, c'était sûrement parce que certaines personnes avaient des choses à dire ! Et ce n'était pas en paradant dans un costume doré que les tensions allaient s'arranger. Anne le savait, mais n'avait pas eu son mot à dire dans cette histoire.

Je posai la lettre sur ma table car sinon, de rage ou d'exaspération, je risquai de la déchirer. Mais aussitôt, je fis volte-face pour continuer de marcher, la jupe de ma robe grise agrémentant chacun de mes pas. Soudain, un toquement contre ma porte me fit m'arrêter.

- Entrez ! aboyai-je d'un ton sec.

La porte s'ouvrit sur Constance, qui fronça les sourcils devant mon air irrité.

- Tu vas bien, Colombe ? hésita-t-elle.

- Aussi bien que je le pourrais, grognai-je en me détournant. Tout le monde est là ?

- Bonjour, fit Porthos d'un ton marqué, signalant ainsi mon manque de politesse envers eux.

Mais je l'ignorai, et fit un signe pour qu'ils entrent.

- Pourquoi si peu d'effusion ? s'étonna d'Artagnan en entrant avec Constance. Nous t'avons connu plus souriante.

Je me tournai vers eux, essayant de garder un visage calme. Les quatre mousquetaires étaient là, mais leur capitaine manquait à l'appel. Peut-être était-ce mieux ainsi, car je serais entièrement concentré sur ce que j'allais leur annoncer.

- Je serais sûrement plus souriante si je n'avais pas la certitude de connaître l'identité de l'agent de Gallum Aureum au palais, lâchai-je, consciente que cela aurait l'effet d'une bombe sur mes amis.

Effectivement, tous se figèrent, et Aramis s'empressa de refermer la porte pour nous isoler du reste du monde.

- Qui ? demanda aussitôt Athos.

Je repris la lettre sur ma table et la lui tendis. Il la lut aussitôt avant de la passer à Constance.

- Comment êtes-vous entré en possession de cette lettre ? me demanda Athos, suspicieux.

- Je suis allé la chercher dans la chambre de Charlotte, répondis-je alors que Constance portait une main à sa bouche en la faisant passer à d'Artagnan.

- Vous soupçonnez Charlotte de Duez ? demanda Porthos en lisant par-dessus l'épaule de son jeune ami.

- Tous nos indices et nos soupçon convergent inexorablement vers elle, fis-je remarquer tandis qu'Aramis prenait enfin possession du papier.

- C'est... c'est fort compromettant, murmura d'Artagnan.

- Plus que cela, c'est presque un aveu ! explosa Aramis d'un ton féroce. Écoutez, je cite : « un pareil acte », « je n'approuve pas ce geste », « beaucoup m'en voudront », « cela sera discret », « cela pourrait bien ne pas marcher »...

Sa voix pris des teintes de gémissement, et je posais ma main sur son avant-bras musclé pour lui apporter un peu de soutient.

- « Vous avez pris toutes les précautions », et « j'ai bien peur de perdre mon esprit et ma conscience par ce geste », terminai-je doucement. Aramis à raison. C'est presque un aveu.

L'Espionne du Cardinal - Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant