⚜ Chapitre 49 : La chute du Coq ⚜

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Paris, mois de juillet

Céleste

Toutes les personnes présentes se figèrent, et cela compta aussi pour les quatre hommes qui me suivaient, qui s'arrêtèrent dans l'escalier. Doucement, Athos se créa un chemin entre les prisonniers et les Gardes Rouges, qui n'osaient plus dire un mot.

- Rendez-vous, baronne de Clairevue, fit-il en tendant les mains devant lui en geste de paix. Vous avez déjà perdu. Gallum Aureum ne sera bientôt plus.

- Peut-être, admit Louise, le bout de son mousquet toujours posé contre ma tête. Mais analysez cette situation : un homme à qui je tiens particulièrement est votre prisonnier, et moi je tiens entre mes mains votre amie et l'amante de votre capitaine, mousquetaire. Nous avons tous quelque chose à perdre ici.

Le silence qui répondit à cette constatation fut effroyable.

- Que voulez-vous ? grinça Athos entre ses dents, me surprenant au plus haut point.

Il était prêt à accepter le marché de Louise pour me sauver ? Voici qui ne ressemblait en rien à ce taciturne mousquetaire...

- Deux chevaux frais. Le baron d'Aubacourt. Et c'est tout, répondit mon ancienne amie. Si vous nous laissez partir, je relâcherai la comtesse à deux lieues de Paris. Saine et sauve, précisa-t-elle.

- Athos, ne lui accorde pas ça, soufflai-je en plongeant mon regard dans celui du mousquetaire.

Et je le vis hésiter. Il... Athos hésitait. Il hésitait entre la raison et l'attachement qui m'était porté. Et je savais que ce n'était pas le moment... Mais, touchée par cette hésitation qui représentait beaucoup pour moi, je lui souris. Un sourire doux, qu'il remarqua... Un sourire sincère. Du coin de l'œil, je vis également Alec tirer doucement son mousquet. Louise le remarqua aussi, et nous tourna de manière à se servir de moi comme bouclier, me faisant rompre mon contact visuel avec Athos.

- Tirez et elle meurt, menaça-t-elle. Vous n'avez pas le choix : sauvez la en nous laissant partir.

J'échangeai une œillade entendue avec mon frère.

- Nous consentons à vous laissez filer, intervint Aramis. Mais le baron est notre prisonnier, et le restera.

Le mousquet de Louise se décala légèrement pour se positionner sous mon cou, dirigé vers ma mâchoire.

- Vous disiez ? siffla-t-elle. La vie de votre amie ne tient qu'à vous.

Je claquai de la langue, attirant sur moi tous les regards.

- Rendez-vous, Louise, fis-je à mon tour. Malgré ce que vous pourriez penser, vous avez encore tout à perdre.

- Non, vous vous trompez, Colombe ! s'écria l'ancienne suivante en accentuant la pression de son mousquet contre l'intérieure de ma mâchoire. Je n'ai plus rien à perdre : mes frères sont morts, ma vengeance tombe à l'eau, et je risque maintenant ma vie. Alors c'est pourquoi je tente le tout pour le tout.

Je soupirai en laissant légèrement tomber ma tête contre elle, pour pouvoir une dernière fois la regarder dans les yeux. Étonnée, Louise détendit imperceptiblement sa poigne sur son mousquet, et j'eus un petit sourire aigre. Cette femme, je l'avais aimée comme une amie, je l'avais prise sous mon aile, je l'avais laissée pleurer sur mon épaule. Cette femme... Je m'y étais attachée. Au fond de moi, la douleur était immense. Mais la haine, la rage l'étaient encore plus.

- Que les Anges aient pitié de vous... lui soufflai-je doucement au visage.

Puis, sans prévenir, je contractai tous mes muscles et roulai sur moi même, l'entraînant dans mon élan. Deux coups de feu retentirent presque simultanément, dont un tout près de mon oreille. Un « Ne tirez pas ! » affolé se perdit dans la panique ambiante. Sur le coup, je n'eus qu'une pensée ravie : « Oh ! Je ne suis pas morte ! », avant de sentir un corps s'affaler sur moi, me faisant choir au sol.

L'Espionne du Cardinal - Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant