Paris, mois de juillet
Céleste
Le chemin inverse se fit en silence. Mon esprit tournait à toute vitesse. Le fameux prisonnier évadé était donc bien aux cotés de Gallum Aureum. J'avait également entendu la voix menaçante de la femme à ses cotés. Malheureusement, j'étais presque sûre de ne jamais l'avoir entendu. Mais l'audition était mauvaise, de l'autre coté d'une vitre, non ? Il pourrait bien s'agir de Charlotte. Ou bien peut-être qu'il y avait au moins deux femmes dans les rangs de Gallum Aureum.
Ils avaient parlé d'un chef, n'est-ce pas ? Et il semblait assez menaçant. Quel était donc son fameux projet ? Une anarchie, sûrement. En tout cas la femme semblait y croire dur comme fer. Mais nous devions les arrêter ! Je soupirai. Voici ce que nous attendions depuis le début de notre enquête : une centaine de réponses arrivaient d'un coup... mais accompagnée par le double de question qu'elles soulevaient.
Une fois au palais, nous prîmes immédiatement la direction de la chambre d'Alec. Quand il nous ouvrit la porte, Milady et moi y entrâmes comme si nous étions chez nous. Cela m'étonna un peu de la vipère : était-elle déjà venue ? Mais je me concentrai sur la carafe de vin posée sur une table non loin, et machinalement, je servis trois verres, et les distribuaient entre l'espionne, mon frère en moi, étant trop lasse pour chercher querelle à l'ancienne épouse d'Athos.
- Qui est cet ancien prisonnier ? me demanda mon jumeau.
Il avait remarqué que je l'avais reconnu.
- Un prisonnier de la Bastille qui s'est échappé il y a une semaine environ, répondis-je. Comme nous l'avons entendu, les mousquetaires sont encore sur sa trace. Milady, aucun commentaire.
- Je n'en avais pas l'intention, se moqua la femme.
- Bien sur que si, sifflai-je.
Je n'étais peut-être pas si fatiguée que ça, finalement...
- Que devons-nous faire ? nous interrompit Alec.
- Vous devez donner les positions de ce repaire aux mousquetaires, répondis-je. Ainsi, ils pourront venir capturer les personnes qui s'y trouvent et remonter plus facilement jusqu'à leur chef.
- Je m'en occuperai demain, dès la première heure, assura Milady, étrangement d'accord avec mon plan. Alec, vous viendrez avec moi.
Je fronçai les sourcils.
- Pourquoi ? demandai-je en même temps que mon frère.
Milady eut un sourire mutin.
- Une profonde envie d'énerver mon ancien mari.
Venait-elle de plaisanter ? J'en restai stupéfaite. Alec aussi, et nous échangeâmes un regard surpris.
- Mais plus sérieusement, parce qu'Alec à aussi bien vu que nous, rectifia Milady en lissant sa robe. Il n'est pas de raison qu'il soit toujours mit à l'écart. Et, bien sur, deux témoignages valent mieux qu'un.
- Dîtes cela aux mousquetaires, il trouveront à répondre que deux de vos renseignements ne valent même pas un dixième d'un autre, la raillai-je.
- Je sais, répliqua vertement notre aînée en me foudroyant de son regard vert. Mais depuis le début, nous devons travailler de concert. Sachez, Céleste, que ma menace à leur égard n'était que sincère. Un jour, je me vengerais de leurs affronts.
- Je n'en doute pas, sifflai-je. Mais en attendant, comme vous l'avez si bien dit... Nous devons travailler ensemble.
Je posai le verre que j'avais finalement à peine touché sur une table non loin, et me dirigeai vers la porte. Ikaros poussa un petit cri et vint se poser sur mon épaule.
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L'Espionne du Cardinal - Livre I
Fanfic« Faîtes attention. C'est quand on commence à vouloir des choses, ou à les refuser, qu'on se met en danger, ici. » Paris, XVIIème siècle Céleste n'est pas une jeune femme comme les autres. Et pour cause... Du haut de ses vingt-cinq ans, elle est la...