Paris, mois de juin
Céleste
Nous courions à perdre haleine dans les longs couloirs vides et silencieux. Ma robe vert mousse volait derrière moi, me gênant dans chacun de mes mouvements. Sur un cadavre de Garde Rouge, Tréville avait récupéré un mousquet, et moi j'étais toujours avec mon aiguille, la serrant dans ma main comme s'il s'agissait d'une épée.
Soudain, quand nous prîmes un tournant, nous vîmes au bout du nouveau couloir un homme, dans un couloir perpendiculaire au notre, mettre en joug une personne que nous ne voyions pas. Il ne portait ni l'uniforme des Gardes, ni celui des mousquetaires, mais plutôt des vêtements du peuple. Il faisait à coup sûr partie des assassins.
L'homme ne sembla pas nous avoir remarqué, courants vers lui, et une fois arrivée à sa hauteur, je n'hésitai guère : en sautant devant lui, je lui plantai directement mon aiguille dans le cou, sur la droite, à un endroit précis. Le coup de mousquet parti quand je retirai l'épingle, ratant sa cible et allant briser une fenêtre non lointaine. L'homme, crachant du sang, se jeta sur moi, mais je le repoussai d'un coup de pied, et il alla s'écraser non loin.
Je me retournais d'un bond : mon action n'avait pris que quelques secondes, dû à mon expérience pour tuer. Tréville s'était précipité sur l'homme qui se tenait en joug, en l'appelant par son prénom, oubliant toutes les convenances :
- Louis !
Je remarquai avec stupeur que je venais de sauver la vie du roi de France qui se tenait, pâle, tremblant, dos à un mur.
- Tr... Tréville, bafouilla-t-il en tendant un bras vers le capitaine, encore terrifié d'avoir frôlé la mort.
Tréville prit immédiatement le roi dans ses bras, soulagé que son vieil ami s'en soit sorti. Soudain, derrière nous, une porte claqua. Je pris immédiatement le mousquet du capitaine pour le pointer sur... Aramis, Athos et d'Artagnan, qui se précipitaient vers nous.
- Votre Majesté ! s'écria d'Artagnan en voyant le roi vivant.
- Colombe ! s'exclama Aramis, soulagé mais moins professionnel.
Athos, lui, laissa ses camarades se précipiter vers nous, et s'arrêta sur le cadavre du renégat. Je n'avais même pas pris la peine de lui jeter un dernier regard : mon coup avait été fatal, j'en étais certaine. Aramis, s'approchant de nous, remarqua immédiatement quelques taches de sang que j'avais sur le buste de ma robe.
- Tu n'es pas... ? demanda-t-il en tendant un bras vers moi.
Je baissai mon arme et attrapai machinalement sa main que je serai dans la mienne. Ils étaient vivants. Ils étaient vivants. C'était tout ce qui me tournait en tête. D'un mouvement vers le cadavre, j'attirai l'attention de mon ami dessus.
- Ce n'est pas mon sang, expliquai-je rapidement.
- Notre huitième assassin... murmura d'Artagnan.
Il y eut un raclement de gorge derrière nous, et je me tournai pour voir le roi face à moi, qui m'observait, déjà un peu moins pâle.
- Votre nom, mademoiselle ? demanda-t-il d'une voix encore un peu faiblarde.
Je me fendis en une profonde révérence, l'épingle encore sanguinolente dans une de mes mains et le mousquet dans l'autre.
- Comtesse Colombe de Vertus, fille du Comte de Vertus, suivante de Sa Majesté la reine Anne d'Autriche, répondis-je respectueusement.
Louis hocha lentement la tête.
- Oui... Oui, maintenant je me souviens de vous. Mademoiselle... Vous m'avez sauvé la vie.
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L'Espionne du Cardinal - Livre I
Fanfic« Faîtes attention. C'est quand on commence à vouloir des choses, ou à les refuser, qu'on se met en danger, ici. » Paris, XVIIème siècle Céleste n'est pas une jeune femme comme les autres. Et pour cause... Du haut de ses vingt-cinq ans, elle est la...