⚜ Bonus 5 : Jour de duel ⚜

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 Paris, mois d'octobre

Louis XIII

Il inspira sans grand cœur l'air de Paris. Et voilà, il était de retour à la capitale. Cela se sentait : les rues bondées et bruyantes puaient les égouts et la vase. Vivement que les bruines d'automne viennent nettoyer tout cela...

Louis XIII, roi de France et de Navarre, venait de rentrer d'une semaine à Versailles, une semaine idyllique à chasser, et profiter de ses plus fidèles amis. Et maintenant, il rentrait au Louvre. Mais même l'odeur et l'idée de retrouver la cour ne parvenait pas à ôter le sentiment de plénitude que lui avait procuré son séjour de chasse. Il avait même envie de passer du temps avec son épouse, la douce Anne... Dont le ventre, restait, hélas, infertile d'héritier. Son seul défaut, pensait le roi.

Quand il entra dans la cour du Louvre, Louis poussa cependant un grognement de frustration. Le repos paraissait loin : le Cardinal de Richelieu l'attendait devant l'entrée du palais... Avec sa tête des mauvais jours.

- Est-ce ainsi que l'on montre son plaisir de revoir son souverain ? Lui lâcha-t-il en sautant de cheval.

- C'est ainsi que l'on montre qu'en l'absence du roi, l'ordre ne peut régner, riposta Richelieu, avec toute fois un sourire polis et une profonde révérence.

Louis leva les yeux au ciel en enlevant ses gants et les confiant à son page. Un autre s'occupait déjà du cheval.

- Vous étiez là, vous, conclut-il. Permettez-moi de rejoindre mes appartements...

- Sir, persista le cardinal. J'ai à vous parler d'une offense qu'on m'a faite.

Le roi pénétra les grands couloirs, où le peu de noble présent s'inclina avec respect.

- Depuis quand avez-vous besoin de moi ? Râla le souverain. Châtier le coupable.

- Je ne puis, Sir.

- Allons, cardinal ! Vous pouvez beaucoup, ici.

Louis se demanda si Richelieu saisi le sous-entendu, presque rancunier, derrière ses paroles. Mais comme il ne releva pas, le roi n'insista pas. Son premier ministre se taisant, Louis se tourna brusquement vers lui.

- Alors, de quoi s'agit-il ? S'impatienta-t-il. Dîtes, je suis pressé.

- Vos mousquetaires, Sir, grogna Richelieu.

Cette fois, le roi ne prit pas la peine de cacher son ennuie.

- Faîtes mander Tréville, ordonna-t-il à un serviteur passant par là. Richelieu, dans mon bureau.

Leur gamineries ne cesseront donc jamais ! Louis commençait à en avoir assez des conflits entre les Gardes Rouges du Cardinal et ses Mousquetaires. L'entente était-elle si compliquée ? Ils avaient pourtant tous le même but ; protéger les grands du royaume ! Il entra agacé dans son bureau. Envolé, le paisible sentiment d'après la chasse ! Il ne pouvait donc jamais être tranquille, ici...

Ils n'attendirent pas longtemps le capitaine des mousquetaires, Jean-Armand, comte de Tréville. Quand il entra, il s'inclina devant Louis avec un sourire prouvant son plaisir de le revoir. Mais l'œillade qu'il adressa à Richelieu était moins chaleureuse.

- Expliquez moi vos histoires, qu'on en finisse, ordonna le roi.

- L'affaire est simple, Sir, commença directement Richelieu. Simple, mais grave. Les mousquetaires de Monsieur de Tréville sont des animaux qui ne savent pas se tenir. Il y a deux jours, ils ont tué mon capitaine, Trudeau. Mon capitaine ! Il s'agit d'une perte considérable pour mes hommes... Et les mousquetaires, non contents de s'arrêter là, enchaînent provocations sur provocations !

L'Espionne du Cardinal - Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant