⚜ Chapitre 2 : Les jumeaux ⚜

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Paris, mois de mars

Céleste

     Ce furent trois coups sur ma porte qui nous réveillèrent. Je me levai tandis qu'Alec se redressai, encore groggy. Je mis ma grande cape noire pour cacher ma tenue légère, et allai ouvrir ma porte. Je me retrouvai face à une jeune recrue des Garde Rouge, qui sursauta, puis frémit devant mon regard bleu saphir.

      - Dame Céleste, fit-il en s'inclinant. Le Cardinal vous demande, vous et Sieur Alec.

     Je le congédiai d'un mouvement avant de refermer la porte. Alec s'était lever, et remettait ses bottes.

     - Bon, notre repos aura bien peu duré, plaisanta-t-il.

     Je lui souris en retournant me changer. J'optais pour une simple robe crème, sachant pertinemment qu'il ne fallait pas faire attendre le Cardinal. Alec me la lassa d'une main experte. En même temps, je savais qu'il était aussi très doué pour les défaire... Du moins, c'était ce que disaient les rumeurs concernant les conquêtes de mon jumeau.

     Nous sortîmes de ma chambre, et nous nous dirigeâmes vers le bureau du Cardinal. En chemin, nous croisâmes le Capitaine des Gardes Rouges, Levesque. Les yeux sombres de celui-ci s'éclairèrent en nous voyant, et il nous salua d'un mouvement de tête, faisant voleter ses boucles brunes autour de lui.

     - Tiens, comment vont les jumeaux aujourd'hui ? demanda-t-il en nous souriant.

      Levesque était le capitaine depuis la mort de Trudeau, tué par un criminel, mais il était aussi l'un des seuls Garde Rouge qui ne nous craignait pas, Alec et moi. C'était même sûrement lui qui nous avait affublé de ce surnom, « Les jumeaux »... Car Alec et moi n'étions pas véritablement frères et sœurs. Sa mère était morte en le mettant au monde tandis que moi j'avais été trouvé dans une rue peu de temps après, et nous n'avions absolument aucun point commun physiquement. Nous avions pourtant grandis ensemble à la Cour des Miracles durant nos dix premières années, apprenant à voler et à tuer pour survivre.

     Puis, un jour, nous devions alors avoir dix ans, Alec et moi prîmes une décision désespérée : pour avoir une chance de survivre, il fallait passer au niveau supérieur, et voler un homme riche, très riche. Notre choix s'était alors porté sur l'homme le plus puissant du royaume, le Cardinal de Richelieu. Nous aimions déjà les défis. Et celui-ci, nous l'avions presque réussi. Nous nous étions introduits dans le palais-Cardinal, et nous avions réussi à déjouer tous les pièges pour finalement atteindre la salle du trésor. Nous avions pris de quoi vivre dignement pendant quelques décennies, puis nous nous étions enfuis.

     Nous aurions pu réussir, si seulement le Cardinal n'avait pas été au courant de notre projet depuis le début. Nous avions été attrapé juste avant la dernière ligne droite vers notre nouvelle vie, et le Cardinal, impressionné par notre jeune âge et notre talent, nous avait proposé un marché : ou bien nous étions pendus comme des voleurs, ou bien nous travaillions pour lui. Alec et moi n'avions pas hésité : Richelieu nous offrait l'opportunité de changer de vie tout en faisant quelque chose pour laquelle on était doué. Nous avions accepté.

     Durant les premières années, nous étions toujours collés à sa cape, comme des ombres derrière chacun de ses pas, et Alec et moi étions inséparable. Plusieurs rumeurs furent lancées par les Gardes Rouges -car nous ne sortions jamais du palais. La première fut que Alec et moi étions les bâtards du Cardinal, mais elle fut vite abandonnée devant les regards furieux que lançait Richelieu à ceux qui propageaient cette rumeur. La suivante était que nous étions ses neveux, ou bien même des cousins. Finalement, les Gardes Rouges cessèrent d'essayer de nous trouver des liens de parenté avec le Cardinal, et nous appelèrent simplement « Les jumeaux » car nous ne nous quittions jamais.

L'Espionne du Cardinal - Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant