⚜ Chapitre 38 : Un ami en danger ⚜

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Paris, mois de juillet

Céleste

Ce fut une pression sur mon épaule qui me réveilla. J'ouvris difficilement les yeux pour tomber sur ceux de Constance.

- Qu'as-tu fais de cette nuit ? me demanda-t-elle. Tu n'étais pas dans ta chambre.

Je grognai avant de me retourner. Morphée m'appelait, et j'avais grand peine à lui résister.

- La nuit n'est pas faîtes pour dormir, laissai-je échapper en enfonçant ma tête dans mes oreillers. Et le monde appartient à ceux qui savent vivre quand les autres procrastinent... Comment sais-tu que je n'étais pas là ?

- Tréville est passé.

Je me redressai d'un bond, soudainement totalement réveillée, avant de froncer les sourcils. Pourquoi mon cœur avait-il raté un battement ? Il s'emballait vraiment pour rien. Un éclair de malice traversa les yeux de mon amie avant qu'elle ne reprenne un air sérieux.

- C'est lui qui m'a demandé où tu étais.

Le traître... Pire qu'Ikaros, maugréai-je ne me frottant les yeux.

- Je suis allé voir un bijoutier, répondis-je.

- Au plein milieu de la nuit ?

- Pourquoi pas ? C'est un ami de la famille. Il m'a assuré que le collier serait prêt pour demain soir.

Pour cette dernière phrase, au moins, je n'avais pas à mentir : le bijoutier que j'étais allé voir aux aurores s'était immédiatement mis au travail en voyant ma bourse si remplie. Je m'étirai tel un chat.

- Donc l'honneur de la reine est sauf... soupira de soulagement Constance. Mais pas Aramis.

Avec un soupire, je pris doucement la main de mon amie.

- Nous ne pouvons pour l'instant rien faire pour Aramis. Le Cardinal à la preuve de ce qu'il avance.

Je secouai la tête en voyant son air triste, décidant de lui changer les idées.

- Quelle heure est-il ?

- Presque dix heure. Je suis passée pour te dire que ton cher amant sera là d'une minute à l'autre.

Elle avait bien compris mon changement de sujet, et eut un petit sourire à la mention de Tréville. Moi, surprise, je me levai d'un bond : je n'étais pas en tenue pour recevoir du monde. Bon, il s'agissait de mon amant ; il m'avait déjà vu dans ma tenue la plus intime. Constance eut un petit rire.

- Tu aurais préféré que ce soit lui qui te réveille ? me demanda-t-elle, presque taquine.

- Merci, couinai-je en me précipitant vers ma garde robe et en prenant la première robe qui me tombait sous la main : une tenue fleurie à la jupe claire.

Constance m'aida rapidement à l'enfiler, avant de me sourire tristement.

- Je vais rejoindre Anne. Elle sera ravie d'une bonne nouvelle, elle qui est si effondrée.

Je la saluai d'un simple signe de tête en la voyant partir. Pauvre Anne, en effet... Je sortis de mes pensées en prenant ma brosse à cheveux et en démêlant ma longue chevelure. Quand cela fut fait, je la réunis en chignon dans laquelle je plantai mon aiguille. Je me détendis en me relevant et en faisant quelques pas vers la porte. J'avais besoin de me dégourdir les jambes : pourquoi ne pas aller à la rencontre de Tréville ? Je sortis de ma chambre, et commençai à marcher dans les couloirs presque vides. Ceux-ci sont pourtant bien plus chaleureux que ceux du palais-Cardinal... songeai-je doucement.

L'Espionne du Cardinal - Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant