⚜ Chapitre 34 : Un présent sans prix ⚜

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Paris, mois de juillet

Céleste

Quelques jours après notre altercation avec la Cour des Miracles, notre enquête n'avait pas tellement avancée. Mais cela ne me perturbait pas plus que cela : le Cardinal avait prit les choses en main ; peut-être que maintenant, pour la première fois, je pourrais passer quelques jours à profiter des plaisirs de la cour, à traîner au lit avec Tréville, à rire et plaisanter avec mes amis. Ces derniers jours, je les partageais entre les bras de mon amant, le service de la reine et le temps passé avec Aramis, Porthos, d'Artagnan et Constance.

Je ne m'étais jamais senti aussi heureuse, aussi bien, aussi pleine de vie. Je voulais tout faire : me battre contre Porthos, une ballade à cheval avec Tréville, et même aider Constance chez les lavandières. Je parlais aussi souvent avec Louise, qui était d'une compagnie irréprochable et rafraîchissante. Je croisais parfois Charlotte, et je ne lui adressai plus que des regards en coin : les prisonniers ne tarderaient pas à parler, et ce jour là, je serais présente pour pouvoir enfin arrêter cette traîtresse.

C'était à cela que je pensais, ce soir là, en tressant mes longs cheveux noirs pour aller manger avec Anne, Louise, Charlotte et Constance. Après cela, je prendrai bien un bain, pensai-je, songeuse, m'imaginant déjà me glisser avec délectation dans le bac d'eau tiède. Un léger toquement me tira de mes réflexions. Je relevai la tête vers mon miroir pour voir Tréville se glisser dans ma chambre. Je souris, agréablement surprise.

- Que fais-tu là ? demandai-je, toujours en le regardant par le biais de la glace.

Il s'approcha de moi d'une démarche silencieuse et posa ses mains entre mes épaules et mon cou pour m'embrasser délicatement sur la nuque. Son odeur de menthe poivrée m'enveloppa, et je n'inhalai que plus fort.

- J'ai quelque chose pour toi, me glissa-t-il.

- Quoi donc ? fis-je, curieuse.

Mon amant se pencha sur mon oreille, tout en trouvant mes yeux dans le miroir.

- Il faut que tu me suives pour le découvrir, dit-il d'un ton mystérieux et terriblement sensuel.

Un fin sourire naquit sur mes lèvres, et je me levai pour me tourner vers lui.

- Je devais manger avec Constance et Anne, lui appris-je.

- Sa Majesté et notre amie comprendrons, assura Tréville avec un regard presque suppliant. Aller, viens...

Je me détournai, faisant mine de réfléchir.

- Dois-je prendre mon manteau ? fis-je finalement.

- Pas la peine, m'assura le capitaine.

Je me retournai vers lui et lui prit la main.

- Je vais prévenir Constance.

- Je te suis.

Et nous sortîmes dans les couloirs, non sans nous être assurés que nous ne tomberons pas sur Louise ou Charlotte, ou encore un serviteur de passage. Je toquai à la porte de notre amie, et entrai avant d'avoir eut de réponse. Elle n'étais pas là, aussi je lui laissai un petit message sur la table de sa chambre.

"Je serais absente au souper, je suis avec T. A tout à l'heure. Colombe "

- Bon, où allons-nous ? demandai-je à Tréville en fermant la porte de la chambre de la belle jeune femme.

- Fais-moi confiance, me demanda mon amant en me prenant la main.

Et il partit en trottinant dans les couloirs, moi à sa suite. Je ne pensai pas à retirer ma main de la sienne, elle y était si bien... Comme si sa place avait toujours été là. Fort heureusement, nous ne croisâmes presque personnes, juste quelques servantes qui s'empresseraient d'aller divulguer les rumeurs. Nous montâmes plusieurs escaliers, jusqu'à arriver aux combles du palais du Louvre.

L'Espionne du Cardinal - Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant