Comté de Vertus, mois de mars
Céleste
Selon les souhaits du Cardinal, j'étais partie aux aurores. J'avais mis quatre heures à rallier le comté de Vertus, lancée à pleine vitesse à cheval sur les routes de terre, suivie par mon fidèle Ikaros. Et là, j'étais enfin arrivée à Vertus, où m'attendait le maître du domaine.
Je descendis de mon cheval et m'inclinai légèrement devant lui. Petit, les cheveux bruns, les yeux pâles, il m'examinait attentivement.
- Comte de Vertus, le saluai-je. Toutes mes condoléances pour la mort de votre fille. Je suis l'envoyée du Cardinal de Richelieu.
Le comte me jugea un instant du regard, puis se détourna.
- Je suis ravi qu'il ait trouvé une autre femme pour la remplacer, dit-il d'un ton bourru. Venez, je vais vous conduire à la chambre de ma fille, vous prendrez une de ses robes et je vous apprendrai tout ce qu'il y a à savoir sur elle.
J'haussai un sourcil devant si peu d'émotion, puis le suivis.
- Votre oiseau, vous ne devrez pas le prendre, m'indiqua le comte en faisant référence à Ikaros, sur mon épaule.
- Il me quittera dès que je serais à Paris, le rassurai-je.
Il émit un petit grondement, puis continua le trajet en silence. Étrange homme, pensai-je. Il m'ouvrit finalement une porte, et j'entrai avant lui. Dans la chambre, une multitude de bagages qu'essayait de ranger une petite servante rondouillarde, prenaient toute la place. Elle s'inclina devant moi, et reçu l'ordre de m'habiller pour le voyage. Elle m'entraîna derrière un paravent et commença à m'enfiler une robe couleur prune tandis que le comte me faisait un rapide cour sur ce que je devais savoir.
- Ma fille n'est jamais sorti du château, donc vous ne croiserez personne qui la connaissait. On la disait d'une grande beauté, ce qui est fort heureusement votre cas. Notre comté est...
J'écoutai avec attention ses paroles, tout en aidant la servante à m'habiller. Enfin, je pus sortir, et le Comte me mena à un carrosse.
- Dès que vous serez au palais, vous rejoindrez la reine dans ses appartements, me dit-il en m'aidant à monter dans la carriole. Tâchez de ne pas faire honte à mon nom.
- Assurément, monsieur, acquiesçai-je.
- Bien.
Il prit quelque chose des mains de la servante, et me les donna. Il s'agissait de trois textes anciens : l'Iliade, l'Odyssée et l'Enéide. Si l'Iliade et l'Odyssée étaient en grec, l'Enéide était en latin pour ma plus grande joie, car je préférai cette langue au grec.
- Son Éminence m'a dit que vous étiez instruite. Faîtes en sorte que cela soit vrai et visible.
Je pris les livres en le remerciant d'un sourire. Ils avaient été recopiés à la main, et ils devaient coûter extrêmement cher. Enfin, le carrosse, escorté par trois cavaliers, se mit en marche. Je voyage allait durer plus de cinq heures, aussi je me mis aussitôt à lire l'Iliade. Le Cardinal nous avais appris à Alec et moi les langues moderne, mais aussi les langues mortes, et il fallait dire que nous y excellions tous les deux, même s'il était plus doué que moi. Il nous avait fait lire de nombreuses œuvres antiques, tel que les Philippiques de Cicéron, La Guerre des Gaules de Jules César, ou encore l'Iliade et l'Odyssée, que je tenais entre mes mains. Mais l'Enéide était totalement inconnue pour moi, aussi je le gardai pour la suite du trajet.
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L'Espionne du Cardinal - Livre I
Fanfiction« Faîtes attention. C'est quand on commence à vouloir des choses, ou à les refuser, qu'on se met en danger, ici. » Paris, XVIIème siècle Céleste n'est pas une jeune femme comme les autres. Et pour cause... Du haut de ses vingt-cinq ans, elle est la...