Paris, mois de mai
Céleste
Je marchais à grands pas dans les rues de Paris. J'avais gardé ma robe grise que j'avais mise pour aller me baigner ce matin même, et je me dirigeais vers l'hôtel des mousquetaires. Quand j'étais revenue, Constance m'avait dit que Tréville avait de nouveaux indices, et qu'il nous demandait. Pourtant, la couturière avait préféré rester au chevet de la reine, qui acceptait maintenant de la visite. Alors je marchais ainsi, seule, au milieu des badauds de la capitale.
Je me mis à songer à l'hôtel des mousquetaires. Antre du diable pour les Gardes Rouges, maintenant que j'y passais beaucoup de temps, j'y avais trouvé un lieu calme, plein de sérénité et d'esprit de camaraderie. Les mousquetaires, quant à eux, voyant que j'avais les faveurs de leur capitaine et de quatre des leurs, me traitaient avec respect, me saluant quand ils me croisaient, me demandant toujours si j'avais besoin d'aide quand je portais des paniers de fruits ou de légumes. Pourtant, je ne m'étais pas lié d'amitié avec d'autres de ces soldats que mes cinq compagnons.
D'un pas vif et assuré, j'entrai dans la cour de l'hôtel sans hésiter, et remarquai immédiatement un rassemblement au centre de la place d'où jaillissaient des cris d'encouragements et des bruits d'épées. Je m'approchai, curieuse, et quelques cadets s'éloignèrent pour me laisser voir. Il s'agissait d'un combat amical entre Aramis et Porthos, qui ne retenaient apparemment pas leurs coups.
- Votre favori ? me demanda malicieusement un mousquetaire à ma gauche.
- Allez Porthos ! hurlai-je à la surprise de tous, qui avaient bien remarqué les avances que nous échangions, Aramis et moi.
Le guerrier métis leva un instant son épée pour me saluer, puis chargea son meilleur ami, qui esquiva avec peine.
- Colombe m'encourage, l'entendis-je se vanter auprès d'Aramis.
Ce dernier le repoussa d'un geste, et attaqua lui aussi. Il profita de ce minuscule moment de répit pour se tourner vers moi et ouvrir les bras d'un geste désespéré.
- Et moi ? s'apitoya-t-il malicieusement avant d'esquiver une attaque de Porthos.
J'éclatai de rire, et l'encourageai-je à son tour.
- Allez Aramis !
Les cris des mousquetaires et des cadets redoublèrent, et les coups se firent plus violents. J'encourageai l'un et l'autre selon leurs position dans le combat, riant aux plaisanteries des soldats, souriant en voyant les paris se lancer, acclamant avec eux quand un coup était porté. Pendant un court instant, j'oubliai tout : mes missions, la tentative d'assassinat, le Cardinal, Alec, Levesque, pour me laisser emporter par l'adrénaline du combat devant moi.
Puis, enfin, l'épée d'Aramis vola, et alla se planter dans le sol, non loin de moi. La foule explosa de félicitation, et Porthos aida son meilleur ami à se relever. Moi, je m'avançai, et pris l'épée d'une main experte. Je la soupesai, fit quelques tours de poignets, et la tendis vers Aramis, qui leva les mains en une position pacifique.
- Tu sais te battre ? me demanda-t-il, étonné.
J'haussai les épaules, puis lui tendis l'épée.
- Mon père m'a appris, lui répondis-je.
Il me sourit d'un de ses sourires charmeurs, puis fit signe à Porthos de s'approcher.
- Garde-la, me fit le mousquetaire. Ça te dit de vouloir échanger quelques passes avec moi ?
Je fus étonnée par sa proposition. Les autres soldats, qui s'étaient un peu éloignés, se figèrent en tendant l'oreille. Je finis par sourire. Après tout, pourquoi pas... Cela faisait bien un mois que je n'avais pas pratiqué, et cela ne pourrait me faire de mal...
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L'Espionne du Cardinal - Livre I
Fanfiction« Faîtes attention. C'est quand on commence à vouloir des choses, ou à les refuser, qu'on se met en danger, ici. » Paris, XVIIème siècle Céleste n'est pas une jeune femme comme les autres. Et pour cause... Du haut de ses vingt-cinq ans, elle est la...