⚜ Chapitre 15 : Les poisons du père Simon ⚜

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Paris, mois de mai

Céleste

Je passai une main sur ma tenue noire : une simple robe, serrée sur le haut, couvrant mon cou de dentelles noire et possédant peu de jupons tout aussi sombres. Le manteau que je portais était lui aussi serré sur le haut, les manches longues, et s'ouvrait pour s'évaser en cape au niveau de mes hanches, me laissant une vaste liberté de mouvement. Mais en même temps, j'avais toujours appris à me battre avec des robes, et celles-ci ne me gênaient plus. J'avais mis de longues bottes noires, me montant jusqu'aux genoux, pour m'aider à courir si besoin.

Je révisai une dernière fois mon arsenal : des couteaux attachés à mes cuisses, des carreaux d'arbalètes dans mes poches et dans un sac que je gardai en bandoulière avec l'arbalète, des petits poignards cachés dans les froufrous de ma robe, et, enfin, ma touche personnelle que je ne quittais presque jamais : mon épingle à cheveux, une fine et mortelle lame camouflée dans mes cheveux noirs comme la nuit.

Satisfaite de ma tenue, je quittai l'ombre du bâtiment dans laquelle j'étais pour m'avancer vers Tréville, Porthos et d'Artagnan qui m'attendaient devant l'hôtel des mousquetaires en tenue de civils.

- Où devons-nous retrouver Milady ? murmurai-je quand je fus arrivée près d'eux.

Surpris, ils se retournèrent tous en tirant leurs épées. Je ricanai devant leur airs stupéfaits.

- Les valeureux mousquetaires si attentifs, les raillai-je.

- Moques-toi, vas-y, moques-toi... grommela d'Artagnan en rengainant.

Je gloussai en croisant les bras.

- Donc ?

- Donc je suis là, fit une voix fantomatique que nous reconnûmes aussitôt.

Milady se trouvait derrière nous, aussi silencieuse qu'une ombre. Elle nous jugea du regard un instant.

- Comtesse, fit-elle. Je ne pensais pas vous trouver ici.

Je le défiai du regard.

- Pourquoi donc, je vous prie ? fis-je d'une voix sèche.

Milady haussa les épaules en faisant volte-face.

- Je pensai plus que vous serez du genre à vous asseoir et à broder, ou encore à lire la Sainte Bible, railla-t-elle. Mais finalement peut-être n'êtes-vous pas ce que l'on pense... Suivez-moi.

Je fulminai. Milady jouait-elle son rôle, ou bien essayait-elle de lancer des insinuations sur ma véritable identité ? En tous les cas, j'avais la même envie qu'Athos : l'étrangler.

Nous nous mîmes à la suivre dans les rues sombres. Milady se déplaçait comme une apparition, avec souplesse et délicatesse, et je lorgnai sur son pas pour tenter de l'imiter. Mais à ses côtés, je me voyais pataude, lourde et disgracieuse... Et l'admiration d'Alec et de Levesque pour cette vipère n'arrangeait rien. J'avais l'impression que je devais être encore plus parfaite pour pouvoir un jour la surpasser... Ce qui était sûrement vrai. Je ne serais jamais à la hauteur de cette meurtrière. On aurait aisément put imaginer qu'elle était née avec un poignard dans les mains. Mais je ne savais absolument rien de son passé. Ainsi elle avait été mariée à Athos. Intéressant...

- Comment avez-vous rencontré Athos ? murmurai-je dans le silence ambiant.

- Cela ne vous regarde pas, comtesse, répondit la vipère sans ralentir.

- Comment voulez-vous que l'on puisse vous faire confiance si vous ne répondez pas à nos question... fis-je nonchalamment remarquer.

- Je répondrais à toutes les questions concernant nos affaires. Pas celles sur mon mariage.

L'Espionne du Cardinal - Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant