⚜ Chapitre 14 : L'Ange de la Mort ⚜

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Paris, mois de mai

Céleste

Tréville nous attendait, assis derrière son bureau, et il se leva à mon entrée. Athos me fit galamment passer la première, et referma la porte derrière nous. Le capitaine me proposa un siège, que je ne fus pas vexée d'accepter. Athos se posta derrière moi, et Tréville s'appuya contre son bureau comme il l'avait fait lors de la visite de Milady.

- Premièrement, fit-il avant de plonger son regard dans le mien, je voudrais vous parler de ce combat.

Je rougis un peu et détournai le regard, reprenant mon rôle de Colombe.

- Oh... Vous l'avez vu ? murmurai-je en passant une main sur mes cheveux.

- Comme à peu près toute la garnison, acquiesça le capitaine.

Était-ce un reproche ? Je relevai le regard vers lui ; je ne le savais pas. Tréville était probablement un des seuls hommes que je connaisse à pouvoir me cacher ses pensées. Son visage était toujours stoïque, je ne l'avais jamais vu véritablement énervé, et cela commençait à me perturber. Athos à mes côtés semblait tout aussi déboussolé que moi. Le regard sévère du capitaine passa de lui à moi, et je commençai à gigoter sur mon siège. Enfin, un fin sourire naquit sur les lèvres de Tréville.

- C'était un magnifique combat.

Je redressai la tête, tout aussi étonnée qu'Athos.

- M... merci ? hésitai-je.

Tréville hocha la tête.

- C'était bel et bien un compliment, comtesse. J'avais entendu parler des faits d'armes du comte de Vertus, mais je ne pensais pas que sa fille ait pu hériter de sa bravoure et de son talent.

Si le comte avait été mon vrai père, il m'aurait fait très plaisir d'entendre cela.

- Mais, continua Tréville, car il y a un « mais », je vous demanderais d'éviter ces combats... En publique, du moins. Vous avez battu deux de mes meilleurs mousquetaires, et vous vous êtes retrouvée en état de faiblesse par la suite.

Son regard perçant accrocha encore une fois le mien. Tréville était ce genre d'homme qui attirait à lui toute l'attention, par l'autorité naturelle qui se dégageait de lui. Il avait un charisme hors du commun, pour un simple capitaine. A chaque fois que je le croisais, je ne pouvais m'empêcher de le remarquer, ainsi que de le comparer à tous les autres capitaines des gardes Rouges que j'avais connus. Pas un ne semblaient lui arriver à la cheville. Même Levesque, que je considérais pourtant comme un bon capitaine. 

- Si vous voulez vous exercer à reprendre votre endurance aux cotés de mes quatre hommes, je ne vous l'empêcherais pas, reprit Tréville, me sortant de mes pensées. Mais ne le faîtes pas à la vue de tous.

Un sourire naquit sur mes lèvres en comprenant le sens de ses paroles : il m'autorisait à continuer de combattre avec mes amis.

- Bien sûr, Capitaine, acquiesçai-je. Si seulement les mousquetaires voudront bien relever le défi...

Je jetai une œillade amicale à Athos qui, ô surprise, me répondit d'un sourire.

- Comptez sur Porthos et d'Artagnan pour vous défier au combat, mademoiselle, fit-il en s'inclinant légèrement.

Tréville eut un autre sourire devant notre air complice, puis se redressa pour retourner derrière son bureau.

- Athos, fit-il en remettant un parchemin au mousquetaire. Milady nous à donner rendez-vous à cette adresse. Allez-y avec Aramis, Porthos, et d'Artagnan, si vous le trouvez.

L'Espionne du Cardinal - Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant