Paris, mois de juillet
Athos
Une ombre se glissa silencieusement dans la chambre de la comtesse Colombe de Vertus. La première chose qu'elle remarqua, c'était que la comtesse avait laissé sa porte non verrouillée. La seconde, que sa fenêtre était grande ouverte. Et, enfin, la troisième : que la comtesse n'était pas présente.
Athos —car c'était lui— haussa un sourcil interrogatif en repensant à cette dernière heure. Colombe les avait enfermé, lui et ses camarades, dans une salle de la Bastille en hurlant qu'elle allait tuer la vicomtesse de Duez. Lui, Athos, n'avait pu s'échapper qu'en sautant d'une fenêtre dans une charrette de foin qui passait par là. Il avait ainsi pu devancer ses compagnons, qui lui avaient ordonnés de ne pas aller les libérés mais de courir au palais, et Athos espérait tout de même qu'ils le rejoindront au plus vite.
Le fin bretteur s'avança lentement dans la pièce, mais il n'entendait rien d'autre que les bruits de Paris par la fenêtre ainsi que les grincements et tintements de son équipement. Où diable est-elle passé ? se demanda Athos. Est-ce qu'au lieu d'aller au palais, la comtesse s'était empressée de les trahir ? Car le mousquetaire était toujours autant persuadé que Colombe de Vertus n'était pas ce qu'elle prétendait être.
Il s'en connaissait en femmes traîtresses, et pendant le second attentat contre la personne du roi et de la reine, il avait bien vu autour de Colombe la même aura qui entourait Milady. Cette femme était une meurtrière, une espionne, sûrement, mais tous ses camarades étaient bien trop obnubilés par son charmant visage candide pour le remarquer.
Pourtant, il y avait des détails qui ne trompaient pas : quelles femmes étaient capables de le battre en duel ? Ainsi, elle aurait appris à se battre aux cotés de son père... Mais Athos s'était renseigné : le comte de Vertus détestait voir les femmes s'élever au dessus de leurs rangs. Alors pourquoi avoir donner à sa fille une éducation d'homme ? C'était insensé.
Sa capacité à reconnaître du poison quand elle en voyait, ça aussi cela l'avait dérangé. Et, enfin, la précision de son attaque sur le membre de Gallum Aureum avait achevé de le conforter dans ses idées. Une blessure à la jugulaire, discrète et mortelle. Typique d'un assassin.
Malgré toutes ces preuves, Colombe avait parfaitement su charmer son monde avec ses grands yeux saphirs et ses sourires séducteurs. Même lui, pourtant avertit, avait failli se faire avoir au début. Il avait eut des conversation intéressantes sur tout et rien avec cette comtesse, et avait trouvé son esprit éclairé et ses remarques pertinentes. Mais c'était avant qu'il ne découvre qui elle pourrait être.
Après ses premiers soupçons, Athos avait cru que Colombe travaillait pour Gallum Aureum, mais c'était impossible : tous ses efforts pour les arrêter étaient visiblement sincères et n'auraient eut aucun sens. Alors le mousquetaire en avait déduis qu'il y avait une troisième entité dans ce jeu, se méfiant assez d'eux pour poster une espionne au sein de la cour, mais leur faisant assez confiance pour laisser ladite espionne les aider. Mais de qui pouvait-il bien s'agir ?
Athos revint à l'instant présent quand un courant d'air fit s'envoler une feuille sur le bureau de Colombe. Il la rattrapa d'une main, et s'aperçut soudain que cette feuille était tachée d'un liquide rouge sombre. Le mousquetaire ne mit pas longtemps avant de reconnaître du sang sur ce papier et inspecta la chambre d'un nouvelle œil. Il s'approcha du bureau, et remarqua quelques autres tâches de liquide sanguin sur d'autres feuilles. Pas assez pour un meurtre, mais suffisamment pour que ce ne soit pas une égratignure ou un accident.
Athos s'agenouilla, et remarqua une autre tâche, encore fraîche, au sol. Que c'était-il passé dans cette pièce ? Était-ce le sang de Colombe... Ou celui de quelqu'un d'autre ? Et si oui, de qui pouvait-il s'agir ? Des pas précipités dans le couloir lui firent tourner la tête vers la porte, qui s'ouvrit avec fracas.
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L'Espionne du Cardinal - Livre I
Fanfiction« Faîtes attention. C'est quand on commence à vouloir des choses, ou à les refuser, qu'on se met en danger, ici. » Paris, XVIIème siècle Céleste n'est pas une jeune femme comme les autres. Et pour cause... Du haut de ses vingt-cinq ans, elle est la...