Andy s'affala dans son lit. Son corps pesait lourd. Son cœur tambourinait encore fort dans sa poitrine. Ses jambes refusaient de bouger tandis que ton esprit menait une guerre mondiale. De l'autre côté de la cloison, il pouvait entendre Sam au téléphone. Son regard vert tomba sur le réveil a moitié cassé. Il était l'heure pour lui d'aller se coucher, mais il n'en avait pas du tout envie. A ses côtés, le gros chat noir faisait sa toilette. Le blond fourrageait distraitement ses doigts dans sa fourrure douce et brillante.
Un soupire lui échappa.
Morgan Barthélémy.
Un prénom, un nom. Deux mots et seize lettres.
Les dix chiffres s'enchainaient sur l'écran de son téléphone. Andy laissa échapper un rire nerveux devant le comique de la situation. Il avait, au creux de sa main, le numéro de téléphone et le nom de l'homme qui l'intéressait depuis quelques semaines. Pourtant, en échappant ses phrases bancales, il était certain que le brun s'en aille sans même se retourner. Andy avait paniqué, bien qu'il eût récité ses phrases depuis qu'il était entré dans le café. Il avait frôlé la crise d'angoisse, mais avait réussi à se reprendre de justesse. Il ne voulait pas que Morgan le trouve bizarre et parte en courant. Mais il était resté, de l'incompréhension dans le regard. Et puis il avait dit la phrase magique.
— Amadeus, imagine, c'est la première fois que j'ai parlé ainsi à un garçon. Enfin non, pas un garçon, un homme. Un homme ! Mais qu'est-ce que je fais ?
Sa plainte se répercuta le long des murs de la petite chambre. Le gros chat le regarda comme s'il comprenait parfaitement ce qu'il disait. Les deux regards félins s'affrontèrent, avant qu'Andy n'enfonce de nouveau son crâne sur les draps. L'odeur de lessive lui monta au nez avant qu'il ne soupire pour la énième fois.
— Je suis foutu ! Il a accepté, et ça veut dire qu'on va se revoir, non ?
Il regardait fixement le plafond, cette fois ci. Entièrement blanc, il ne lui apprenait pas grand-chose, a son grand désespoir. Il était à mi-chemin entre la détresse, la confusion et la panique. Cela ne lui ressemblait pas, d'accoster ainsi une personne. Surtout pour rougir aussi fort qu'une tomate la seconde d'après et de ne plus savoir comment parler clairement.
Le moment même où il avait trouvé le courage tournait en boucle dans sa tête depuis qu'il était sorti du café. « La nuit porte conseil » disait-on. Andy devait aller dormir, mais il savait qu'il n'y arriverait pas. Il se tournerait et se retournerait, si bien que de l'autre côté du mur, Samaël lui crierait d'arrêter de bouger car il devait embaucher tôt, le lendemain. Alors, pour ne pas l'embêter, Andy se mettait à trier ses photos. Durant ces périodes où le sommeil le quittait, il s'occupait en faisant le moins de bruit possible. Généralement, c'était après un cauchemar, où le sommeil le fuyait, lui rappelant que sa nuit était foutue et qu'il allait devoir assumer le lendemain matin. Alors il se posait sur le bord du lit, entre toutes ces piles de bouquin, pour trier les photos. Il ne les retouchait pas, car il n'était pas très doué.
Il savait juste capter l'instant précis où se déroulaient les choses.
Et c'était déjà beaucoup.
Il n'avait pas la prétention de devenir photographe, loin de là, mais il se plaisait à montrer ses photos sur son compte Insta. Il avait plusieurs centaines d'abonnés. Parfois, il s'imaginait à penser qu'elle serait leur réaction s'ils le voyaient. Il n'y avait pas de photos de lui, car il souhaitait préserver son anonymat, mais parfois, il capturait un élément très proche de lui. Sam faisait partie de ces petits cadres qui se gorgeaient de j'aime. Amadeus, aussi, car il suscitait un engouement qu'Andy n'avait jamais vraiment compris. Les animaux semblaient toucher les cœurs plus profondément que les humains. Il y avait des paysages et des photographies du quotidien. Celles qu'il avait pris il y avait deux mois étaient les dernières en date. Il n'avait pas encore pris le temps de trier les nouvelles.
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Caméléon
Romance[Premier tome de la saga À travers le monde] S'il fallait décrire Andy, il serait probablement ce jeune homme bizarre, décalé et carrément flippé. Il avait toujours vécu avec ces qualificatifs. S'il fallait décrire Morgan, il serait certainement l'...