Andy regardait Julian détailler la moindre parcelle du visage de Morgan, suspicieux. Il avait une profonde envie de lui dire de reculer, mais il s'en empêcha. Il n'avait pas le droit de dire aux autres de ne pas s'approcher du brun.
— C'est fascinant... murmura l'autre étudiant. Tu as su retranscrire tous les traits et toutes les petites imperfections. Attention, je ne dis pas que ton visage est déplaisant, mais il faut savoir le souligner. Andy, ton travail est merveilleux !
Le garçon se redressa, des étoiles dans les yeux. Lui avait choisit de représenter sa copine, Alice, par l'art de la peinture. Certains traits étaient grossiers, tandis que d'autres étaient d'une délicatesse palpable. Cela créait un tableau captivant.
Ils étaient tous les quatre restés dans leur petit espace dédié, alors que leurs six compères étaient partis à l'aventure. Ils étaient un peu trop sûrs d'eux, et n'arrivaient pas à rester en place plus de trente secondes, si bien que la professeure avait abandonné l'idée de les faire rester à côté de leurs œuvres. Cette dernière était partie retrouver quelqu'un qu'elle connaissait, alors qu'elle devait surveiller les enfants.
— Vous êtes tous majeurs et respectueux, avait-elle dit avant de s'éclipser.
— L'abstrait ne me parle pas du tout, couina Julian.
— Je ne comprends pas vraiment le principe, mais c'est sympa... tenta Andy.
Ils regardaient tous les deux le tableau de Carla, une des cinq élèves. Elle avait discuté un peu avec eux avant de partir avec les autres. Elle était douée avec l'abstrait, bien qu'on pouvait se demander si l'on pouvait vraiment l'être sur quelque chose de flou. A côté, la toile d'Isaac accueillait du cubisme. Ce mouvement avait fort plu à l'étudiant, et il avait trouvé sa voie, apparemment. Andy n'aimait pas vraiment, car les traits étaient trop durs et agressifs. En face, à droite du sien, celui d'Emma patientait. Porté sur l'orientalisme, elle affichait sans gêne une femme de dos, nue, sur des draps. Le blond avait l'impression de regarder une vieille peinture remise au goût du jour.
— Du coup, vous êtes ensemble ou vous êtes amis ? demanda Alice.
Plus grande qu'Andy, elle dût baisser le regard pour capter l'expression de son visage. Le blondinet faisait bien attention à garder son attention braquée sur le tableau en face de lui. Il ne voulait pas faire de faux pas. Du moins, pas encore.
— Nous sommes amis. Il est devenu mon modèle par un concours de circonstances.
— C'était pour un devoir, ou juste pour le loisir, embraya Julian.
S'il était curieux, sa copine l'était tout autant. Andy voulait arrêter de répondre à leurs questions qui ne cessaient de pleuvoir, mais il s'abstint de les renvoyer d'où ils venaient. Ce n'était pas poli, et il n'allait pas briser les efforts qu'ils faisaient pour s'intéresser.
— La complexité humaine à travers un visage existant, il me semble.
— Mmh... c'est signé Mme. Guillot, ça ?
— Oui. Elle aime bien faire des sujets vagues. Je l'ai tout ce semestre.
— J'adore cette prof, elle est cash.
Andy se contenta d'hocher la tête. Que pouvait-il répondre à cela ? Il n'était pas à l'aise du tout. Morgan s'était un peu éloigné, durant leur échange, afin d'inspecter ce qu'il avait sous les yeux. D'un tableau moderne à une statuette révolutionnaire. Lui non plus de comprenait pas comment les gens pouvaient s'extasier devant ça. Il tournait autour, ne sachant pas vraiment comment aborder la chose.
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Caméléon
Romance[Premier tome de la saga À travers le monde] S'il fallait décrire Andy, il serait probablement ce jeune homme bizarre, décalé et carrément flippé. Il avait toujours vécu avec ces qualificatifs. S'il fallait décrire Morgan, il serait certainement l'...