Caméléon

CHAPITRE 37

Andy avait encore fait des cauchemars cette nuit-là. Samaël avait dût dormir avec lui, et l'avait bercé au creux de ses bras en lui murmurant des choses apaisantes. Mais lorsque le métis s'endormait, le blond aussi, et les angoisses ressurgissaient. Elles étaient là, tapies dans l'ombre de son crâne, attendant le meilleur moment pour surgir.

Le blond avait les cheveux trempés de sueur, et le regard fou. Il courrait comme il pouvait dans le labyrinthe qui n'arrêtait pas de changer de structure. Là où il y avait un mur avant, était un grand trou béant sur du néant. La paroi en face de lui se rapprochait lentement, mais surement. Derrière lui, les pierres le retenaient. Il allait être écraser.

« Fuis. Fuis. Fuis »

Son esprit s'emballait. Il avait peur. Il était pris au piège. Pas loin, il entendait les griffes de la bête. Celle qui le tourmentait dans ses songes. Celle qui le tourmentait durant la journée. Celle qui ne le lâchait jamais. Tac. Tac. Tac. Les bruits de ses pas résonnaient dans les couloirs mortels. Plic. Ploc. Les gouttes de sang qu'elle avait déjà réussi à lui enlever. Andy n'avait plus la force de courir. Il n'avait plus envie de se cacher. Peut-être que s'il se rendait une bonne fois pour toute, elle arrêterait de le poursuivre ?

Il entendait les râles saccadés sous l'excitation de la chasse. Et c'était lui, la proie. Il le savait. Son cœur palpitait. Il s'affolait dans sa cage thoracique. Il avait chaud. Il avait froid. Il avait envie de crier qu'il était là, mais il avait envie de se cacher pour lui échapper. Mais il n'en avait plus la force. Et qu'adviendrait-il si elle l'attrapait ? Il disparaitrait, assurément. La peur gagnerait. Andy perdrait, comme à cet instant.

Tac. Tac. Tac. Les pas se rapprochaient. Il n'avait nulle part pour se cacher.

Ses mains tremblaient, et son pouls ne se calmait pas. S'il ne mourrait pas à cause du monstre, il mourrait de l'hypertension. Plic. Ploc. Le sang continuait de couler. Tac. Tac. Tac. Les pas se rapprochaient toujours un peu plus. Les larmes coulaient sur les joues du blond. Ses vêtements étaient crasseux et déchirés. Il finirait sa vie ici.

Tac. Tac. Tac. Les pas se rapprochaient.

— Je t'ai trouvé, Andy...

La voix était trop caverneuse pour être humaine. Elle venait de trop loin. De quelque part où s'il y était emmené, il ne pourrait jamais en ressortir. Il n'avait pas envie, mais il n'avait plus de force. Il fit un pas en arrière. Il ne pouvait pas. Il était acculé contre un mur. Celui devant lui se scinda en deux, la bête approchait. Andy ferma les yeux. Il ne voulait pas voir sa fin. Il ne voulait pas la sentir non plus.

Du vent. Une poigne monstrueuse. Les griffes écorchaient sa peau.

Il se débattait comme il le pouvait, se tordant dans tous les sens.

— Andy ? Andy ! Réveille-toi bon sang ! Reviens avec moi !

Sam secouait le blond qui gémissait. Il était mou entre ses bras, et sa tête roulait en arrière. Il lui faisait peur. Il n'arrivait pas à le réveiller, rien qu'en l'appelant. D'ordinaire, un ou deux appels lui suffisaient pour le faire revenir, mais c'était infructueux.

— ANDY ! hurla-t-il aussi fort qu'il le pu.

Un clignement de paupières lui répondit. Elles s'ouvrirent sur deux yeux couleur félin perdus, encore dans la brume du sommeil. Le blond fixait le vide sans vraiment le voir. Il était dans une phase où le cerveau n'analysait pas correctement ce qu'il se passait. Sam ne perdit pas de temps et l'entoura de ses bras, réconfortant. Il lui chuchotait des choses, afin que le cerveau du plus jeune suive peu à peu sa voix.