Liés [ Drago Malefoy ]

chapitre 40

Les yeux de Drago commencent à  rougir, puis une larme coule de ces derniers.
Je ne l’ai jamais vu pleurer en presque trois ans de relation. Cette image me brise le cœur.

- Emma, je suis tellement désolé, je t’aime tellement, tellement…

Un étrange calme me prend soudainement. Je sèche les quelques larmes d’un geste de la main puis je le fixe, le cœur déchiré en mille morceaux.

- Comment veux-tu que je te croie maintenant ? Je ne peux plus te faire confiance, annoncé-je, totalement fatiguée.

- Emma…

Il s’approche de moi et essaye de poser sa main sur ma joue. Je recule avant qu'ils ne puisse me toucher.

- Ne me touche pas, dis-je sèchement en détachant chaque mot.

Il recule à son tour, les yeux rougis et les joues trempées.

Soudain, comme s’il venait de se réveiller, il attrape une petite fiole qui se trouve dans la poche de sa veste. Il se tourne dos à moi quelques secondes puis me tend le flacon.
Je le regarde d’un air interrogateur.

- Quand je serai parti, verse ça sur ton collier.

Je n’ai pas le temps de réagir qu’il colle ses lèvres contre les miennes, sans mon consentement.

C'est un court, beaucoup trop court, mais c'est bien le reflet de toute la passion qui émane de notre relation. Qui émanait.

Il me tourne le dos, encore une fois, et il se dirige vers la porte. Il sort, et avant de fermer la porte il prononce ses quelques mots :

- Je suis tellement désolé, Emma… Ton père viendra te retrouver après la guerre. Je ne peux pas te laisser sortir, c'est bien trop dangereux.

Je n’ai (encore) pas le temps de réagir qu’il ferme la porte de la salle sur demande et la scelle avec un sortilège.
Eh oui, même cette salle peut être passible de magie.
Et malheureusement pour moi, Drago est très doué en sortilège.
Mais moi aussi. Ni une ni deux, je dégaine ma… ma baguette ?! Cet enfoiré m'a volé ma baguette !

Je m’effondre sur le sol, totalement livide. Je viens de perdre mon copain, sûrement pour toujours, de perdre ma baguette, je ne peux pas non plus aller rejoindre mes amis et je suis bloquée dans une foutue salle où personne ne peut m’entendre et me libérer.

Je me recroqueville contre le porte de la salle, et joins mes genoux à ma poitrine. J’enfouis ma tête dans lesdits genoux et laisse s’échapper un long soupir. Même les larmes ne veulent plus couler.
Je suis triste certes, mais je me sens  vide. Tellement vide. Drago a une partie de mon cœur avec lui et maintenant qu’il est parti, mon cœur est partiellement vide.
Plus rien ne me tient encore sur pieds, rien.

- Quand je serais parti, verse ça sur ton collier.

Ses mots sonnent dans ma mémoire comme un flashback.
Je saisis la petite fiole dans mes mains tremblantes et la fait rouler entre mes doigts. J'hésite entre faire ce qu'il m'a demandé ou l'éclater par terre. Je finis tout de même par l'ouvrir, à contre cœur. Elle contient un petit liquide transparent, seulement quelques gouttes.

Des larmes. Je crois bien que ce sont des larmes. Ses larmes.

Je détache mon collier et le pose à plat devant moi.
Mes yeux sont encore tout embrumés par la tristesse mais je fais tout de même en sorte de voir un minimum ce que je fais.

Je prends une profonde inspiration et verse le contenu de la fiole sur mon pendentif noir.
J’attends quelques secondes puis l'étonnement prend possession de moi.
Le collier est en train de s’ouvrir.

.Flashback.

Je m'assois sur mon lit et déballe  soigneusement le petit paquet. Je sors une boîte et l'ouvre pour découvrir son contenu.
Une lettre et... un magnifique collier.
N'ayant que faire de la lettre, je me précipite sur ledit collier.
Il est incroyablement beau. Une chaîne en argent et une sorte de grosse sphère en pendentif.
Mais, on dirait que cette dernière peut s'ouvrir.
N'y parvenant pas et ayant peur de casser le collier, je prends le petit bout de parchemin qui se trouve dans la boîte et lis son contenu.

« Emma,

[…]
Le collier peut s’ouvrir, mais ne le force pas, il ne s’ouvrira qu’une fois le moment venu.
[…] »

.fin du flashback.

Mais oui. Il me l’avait dit. Sortant de mes pensées, je pose mon regard sur le contenu du pendentif, maintenant ouvert.

- Oh Drago… pensé-je à voix haute.

Mon regard se réembrume immédiatement et les larmes coulent désormais sans retenue.
Pour moi, c’est une preuve d’amour, une vraie.

.flashback.

Un bruit venant de l’extérieur de mon compartiment me fait reprendre mes esprits.
Drago se tient droit devant moi, enfin derrière la vitre, et plante son regard métallique dans le mien.
Par Merlin, ça fait des années que je n’ai pas détaillé chaque nuance de couleur de ses yeux.
Je le regarde plus globalement, son visage est encore plus mûr que les autres années, il a l’air plus froid aussi, il porte un sublime costard noir et… Mon regard s’arrête sur ses mains. Mais où est sa chevalière ? Pour Drago, sa bague est aussi importante que mon carnet à dessin pour moi. C’est impossible qu’il l’ait retiré de lui-même.
Voyant mon air intrigué, il ouvre la porte de mon compartiment et me demande :

- Qu’est ce qu’il y a, Emma ?

Emma, et oui, malgré nos différents, il refuse catégoriquement de m’appeler par mon nom de famille.

- Rien je… Laisse tomber.

Il souffle et se dirige en dehors de mon compartiment. Avant qu’il ne soit totalement parti, je l’interpelle de nouveau.

- Où est ta chevalière, Drago ?

Il s’arrête net et se retourne lentement vers moi.
N’obtenant aucune réponse de sa part je continue sur ma lancée.

- Tu ne l’enlèves jamais d’habitude, tu y tiens plus qu’à ta propre vie.

Le blond me regarde quelques secondes et une once de tristesse passe dans son regard.

- Je l’ai donné. Je l’ai donné à quelqu'un à qui je tiens et qui fait presque partie de ma famille. 

Ok, j’avoue que sa réponse ne me convient pas du tout. Je sais très bien qu’il ment. Mais bon, pourquoi lui demanderé-je des explications étant donné que nous ne partageons plus nos vies? 

- Oh… Bien, acquiesçé-je, assez déçue.

.Fin du flashback.

Elle était là. Depuis tout ce temps.
Sa chevalière. Il l’a mise dans mon collier. C’est moi qui l’a depuis tout ce temps.

« Je l’ai donné à quelqu’un a qui je tiens et qui fait presque partie de ma famille ».

Cette phrase tourne en boucle dans ma tête.
Il me considère donc comme un membre à part entière de sa famille.

Je sais à quel point il tient à sa chevalière, c'est sa marque de fabrique en quelques sorte. Le fait d’en être la propriétaire à présent me fait chaud au cœur.

Je compte donc vraiment pour lui.
Et dire que je ne le reverrai sûrement jamais.

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