Liés [ Drago Malefoy ]

chapitre 24

Cette année va être bizarre.
Je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais je le sens. Je sens que cette école est entourée d'obscurité, désormais. Et je ne suis pas la seule à le dire...
Les professeurs sont tous assez inquiets, bien qu'ils ne le montrent pas, les autres élèves le sont également, enfin bref, c'est vraiment la merde ici.

Chez moi aussi l'atmosphère est tendue. Ma tante et mon oncle sont souvent absents, ils se justifient par des "dîners" pour leur travail. J'ai un fort doute là dessus. Ils sont tout aussi distants et froid que s'ils avaient vu le Seigneur des Ténèbres.
C'est de l'humour, bien évidemment...

Cependant, je ne sais vraiment pas ce qu'ils ont tous, mais je suis vraiment inquiète pour eux.

Hermione me sort de mes pensées.

- Emma, tu vas bien?

Je secoue la tête pour chasser ses idées de mon esprit.

- Oui oui, je réfléchissais juste, ne t'inquiète pas, mens-je.

- C'est bien ça le problème, rigole-t-elle sans joie.

Je lève les yeux au ciel et lui souris pour la rassurer.
Hermione finit par acquiescer d'un signe de la tête.

Je me lève, prends mes quelques affaires et me dirige vers mon dortoir. Hermione fait de même et me suit.

Cette rentrée ne me plait pas vraiment, même de mon côté, je suis fatiguée et las de cette école.
Moi, blasée ? Jamais...

- Tu as parlé à Drago depuis la cinquième année ? me demande subitement la brune alors que nous rentrons dans notre chambre. 

- Euh, oui, une fois ou deux... en cas de grande nécessité, pourquoi ?

Elle se jette sur moi le sourire aux lèvres.

- Vous êtes-vous remis ensemble ?!

Je rigole et me détache de mon amie.

- Désolé de te décevoir ma chouette, mais non... On a juste un peu parlé dans le train tout à l'heure, rien de plus...

Je suis triste de cette situation, et ça se voit beaucoup, je suppose.

- Em'... Par Merlin, tu l'aimes et lui aussi. Pourquoi vous ne pouvez pas vous parler tranquillement et mettre les choses à plat ? Je suis sûre que tu en as besoin autant que lui.

Elle me regarde les yeux pleins d'espoir.

- Hermi... tu sais que c'est compliqué. De plus...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que quelqu'un frappe à la porte de notre dortoir.
Hermione se lève mais me fait comprendre que cette conversation n'est pas terminée, puis ouvre la porte en passant sa tête derrière celle-ci. Elle murmure quelques mots et ferme la porte derrière elle.
Je n'ai pas eu le temps de regarder qui est la personne qui était derrière la porte et je n'entends pas sa voix non plus.

- C'était qui ? demandé-je, curieuse.

- Va prendre une douche et prépare-toi, Em', me dit Hermione d'un ton autoritaire.

- Hein?

- Aller aller, dit-elle en me poussant vers la salle de bain, le sourire aux lèvres. Du nerf, tu as un rendez-vous dans deux heures.

Je me stoppe net et me retourne vers elle, intriguée.

- Drago... murmuré-je alors que je viens de comprendre.

Hermione sourit et me lâche pour me laisser aller me laver.

Bon, j'ai un rendez-vous avec la personne que je déteste le plus au monde mais que j'aime tellement en même temps.
Su-per.
Ceci dit, je pense qu'une bonne discussion ne pourra pas nous faire du mal, après tant d'années, nos rancœurs se sont un peu dissipées. Alors pourquoi pas ?
On a besoin de faire parler les non-dits.

Deux heures plus tard, je me rends au lieu de rendez-vous. En avance, bien sûr. Je déteste être en retard et logiquement, être à l'heure c'est déjà être en retard.

Je me dirige vers la salle commune des verts et argent, eh oui, pas de Tour d'Astronomie pour aujourd'hui. La salle commune est étrangement vide, ce soir. En réalité, plus personne n'y reste en ce moment tellement l'ambiance du château est obscure et désagréable.

Drago est déjà là. Je reste quelques secondes derrière une poutre en bois afin de l'observer un peu.
Il est toujours aussi beau. Ses cheveux blonds platine, ses yeux métalliques dans lesquels j'adorais me perdre jadis, ses mains désormais dépourvues de sa chevalière...
J'avoue que cette histoire de chevalière ne me plait guère. Je sais à quel point il tenait à cette bague.

- Tu peux venir, Emma, je vais pas te manger, déclare Drago.

Arg. Moi qui pensais être discrète, c'est loupé...

Je m'avance lentement vers lui, avec une horrible envie de me jeter dans ses bras. Et de lui en coller une en même temps.

- Bonsoir... dis-je inaudiblement.

Il tapote la place à côté de lui et je m'y assois avec grâce.

- Je v...

Il commence à peine son récit que je le coupe net.

- Non, tais-toi. Je commence. Drago je suis terriblement désolée.

Il me regarde tendrement et me laisse continuer.
Je devrais la fermer.

- Je... je suis rongée par les remords de t'avoir fait subir tant de choses horribles. Je ne t'ai jamais laissé de seconde chance, alors que tu la méritait grandement. Bon ok peut-être pas mais c'est pas grave. J'ai essayé de te détester, mais par Merlin, c'est impossible. En fait si c'est possible. Tu sais pourquoi ? Parce que je te déteste Drago, oh oui, je te déteste. Je te déteste parce que tu me fais perdre la tête. Parce que sans toi je ne suis rien. Bon sang Drago, ma vie aurait été tellement plus simple sans toi ! Mais franchement, qui aurait envie d'avoir une vie simple et ennuyeuse? Sûrement pas moi. Alors oui je te déteste mais c'est uniquement parce que je t'aime et que souvent la haine engendre l'amour. 

Je me stoppe à bout de souffle. J'ai à peine repris mon souffle qu'il est de nouveau coupé. Mais agréablement coupé. Je sens ses lèvres si douces contre les miennes, son souffle chaud contre ma joue, sa langue dansant avec la mienne, les papillons dans mon ventre ne saissent de voler.
Toutes ses sensations m'avaient terriblement manqués.

Je me détache doucement du blondinet et me colle contre son torse. Une larme coule doucement sur ma joue et Drago la chasse avec son pouce. Il pose un doux baiser sur mon front et je m'endors là, dans ses bras, tellement je suis fatiguée.

.PDV Drago.

Elle dort paisiblement. Je pense que toutes ses émotions l'ont fatiguée. Je comprends tout à fait parce que je dois avouer que moi aussi, je suis crevé.
Je la regarde dormir, et mon regard se pose sur son cou.
Son collier.
Mon collier.
Enfin celui que je lui avait offert.
Elle le porte toujours.
Je pensais que c'était une blague quand elle m'avait dit qu'elle ne le retirait jamais, mais en fait c'est vrai.
Cette pensée me fait sourire et je pose mes doigts sur son pendentif. 

Si elle savait.

Par Merlin, si elle savait...

Après quelques minutes à jouer avec ses beaux cheveux blonds, je m'endors à mon tour.

Je n'avais pas dit ce que j'avais à dire, mais Emma l'a fait pour moi. Elle a dit tout ce que je pensais, ce qui a grandement facilité notre réconciliation.

Je peux donc m'endormir en paix, soulagé et enfin heureux, dans les bras de celle que j'aime depuis toujours.

○●○