Chapitre 16

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Fixant le menu du jour depuis 5 bonnes minutes, je n'arrive pas à me décider. Pourtant, je ne suis pas du genre indécise. Je ne tourne décidément pas rond en ce moment. Évidemment, le serveur d'habitude toujours à la ramasse s'est décidé à être efficace aujourd'hui et il est déjà en train de prendre notre commande. Attendant qu'Hélène indique son choix, je me contente de prendre comme elle. Je me prends assez la tête comme ça, ces derniers jours... Pas envie d'en rajouter avec des broutilles.

Mon comportement inhabituel n'échappe à mon amie qui fronce les sourcils en essayant de lire en moi.

- Tu détestes les brocolis ! lâche-t-elle sur un ton accusateur.

- Ce n'est pas ce que je préfère mais de là à dire que je déteste ça...

Me jetant un regard horrifié, Hélène me crie presqu'au visage :

- Tu te fous de moi ? J'ai eu le malheur d'en faire une fois chez moi et tu as refusé d'en manger ne serait-ce qu'une bouchée !

Ah oui. J'avais oublié cet épisode.

- Oh ça va, je devais être mal lunée, ce jour là... Pas de quoi en faire tout un plat !

- Bien sûr que je vais en faire tout un plat ! Tu es tellement à côté de tes pompes que tu en es à commander un plat que tu n'aimes pas alors que tu es du genre à gonfler tous les serveurs avec tes demandes d'ajustements sur quasiment chaque plat que tu commandes.

Agacée par mon air étonné, elle s'enflamme de plus belle.

- N'ose pas me dire que tu ne vois pas du quoi je parle Madame qui demande tout le temps la liste des ingrédients afin de voir s'il n'y aurait pas du tri à faire.

- Nia nia nia ! je réponds, à court d'arguments.

En même temps, je l'ai prévenue que j'avais passé un week-end pourri, je ne vois pas pourquoi elle s'étonne que je ne sois pas dans une forme olympique. Pour éviter de me faire nouveau attaquer, je décide de déplacer le curseur de la conversation vers elle.

- On peut arrêter de déblatérer sur mes habitudes alimentaires et entrer directement dans le vif du sujet ? Qu'est-ce qui s'est passé ce week-end pour que tu sois si remontée ?

S'affalant sur sa chaise, Hélène lâche un soupir. Observant ses épaules affaissées et son air contrarié, j'ai du mal à reconnaître ma copine si pétillante. Même quand elle se fait larguer, elle trouve le moyen d'en rire. Donc là, c'est que l'heure est grave...

- Je suis nulle, Amandine. Je veux dire, je suis vraiment nulle. Je ne comprends même pas comment une personne aussi bête que moi a pu se trouver un job et se dégoter une amie comme toi. Il y a sûrement un bug dans la matrice.

Mais qu'est-ce qu'elle raconte !

- Avant de me faire une dissertation sur la tragédie qu'est ta vie, tu ne veux pas essayer de me raconter ce qui s'est passé ?

M'adressant une moue contrariée, mon amie bougonne :

- Je ne suis pas sûre d'avoir envie de revivre tout ça en te l'expliquant.

Très constructif. Je suis sensée deviner ? Je commence à me dire que je vais devoir sortir les rames pour essayer de lui extorquer les informations une par une.

- Bon... Pourquoi tu as essayé de me joindre ce week-end alors ?

- Parce que j'avais besoin de conseil. J'ai merdé à 200 %.

Des larmes perlent au coin de ses yeux et je me trouve complètement paralysée. J'ai déjà tellement de choses à gérer dans mon fort intérieur que je ne suis pas sûre d'être en mesure de soutenir Hélène comme elle en aurait besoin. Je risque même d'aggraver son cas en faisant une remarque maladroite.

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