Chapitre 9

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Quand je passe le pas de la porte de mon appartement, je ne fais pas la fière. Quand on est la première à fustiger les faux-pas des autres, il vaut mieux éviter de la ramener quand on fait n'importe quoi.

Ce soir, on peut dire que j'ai merdé. Bien merdé. J'ai foutu en l'air une amitié potentielle avec un collègue adorable et j'ai fait preuve d'infidélité. Je n'ai peut être pas trompé Clément à proprement parler mais à mes yeux, c'est tout comme. Quand Arthur s'est approché de moi, je ne peux pas dire que je n'ai pas vu venir la suite des événements, ni que je n'ai pas apprécié ce moment. J'étais tellement étourdie par l'intensité de ce qui se passait que je n'ai pas pensé à Clément. Pas une seconde. Il avait disparu de mes pensées. Et je me sens coupable d'avoir ressenti tout ce que j'ai ressenti pour un autre homme que lui.

J'ai des principes. Beaucoup de principes. Ils font partie intégrante de ma personne et de mon quotidien. Ils constituent la structure qui me permet d'évoluer correctement. D'aussi longtemps que je m'en souvienne, j'ai toujours été comme ça. En classe, je n'ai jamais triché. En amitié, je n'ai jamais trahi un secret même si l'amie en question n'en était en fait pas vraiment une. Au travail, je m'attache à ne pas me laisser influencer par l'empathie ou l'antipathie que m'inspirent les élèves. Dans ma famille, j'ai toujours veillé à ne pas exprimer mes pensées à voix haute pour ne pas briser des liens déjà affaiblis. Même à la caisse du supermarché, je signale au caissier lorsqu'il oublie de me comptabiliser un article.

Mais ce soir, j'ai bafoué une bonne partie de mes si précieux principes et je ne peux blâmer personne d'autre que moi-même. Je pourrais rejeter la faute sur ma petite sœur dont le retour me perturbe beaucoup. Ce serait être de mauvaise fois. La vérité pure et simple, c'est que je rêve de poser mes lèvres sur celles d'Arthur depuis que je l'ai croisé la toute première fois. Ce qui est complètement irrationnel. Je n'ai jamais ressenti une telle attirance dès le premier regard. Je trouve certains hommes très attrayants bien sûr, mais ça se limite à un constat. En général, c'est en passant du temps avec la personne que les sentiments et les envies naissent en moi. Quoi qu'il en soit, maintenant que j'ai assouvi ce qu'on pourrait appeler un fantasme passager, je devrais être tranquille non ?

En rentrant chez moi, je pensais trouver Clément dans le salon, à m'attendre de pied ferme pour m'en mettre plein la tête.

J'avais tort.

Mon appartement est plongé dans l'obscurité et le silence le plus total. Sur la pointe des pieds, je vais passer une tête dans ma chambre et entend la respiration régulière de Clément.

Il ne peut sérieusement pas être en train de dormir ?! Quand je lui ai envoyé un texto pour lui dire que j'avais besoin de me retrouver un peu seule ce soir, il m'a répondu un "OK" qui veut tout dire. Je le connais par cœur et j'entends presque déjà les reproches que je vais entendre. Ça ne lui arrive pas souvent d'être énervé mais quand c'est le cas, il vaut mieux être préparé à prendre une dérouillée. Il n'a pas besoin de cogner pour mettre quelqu'un à terre, il n'a besoin que de quelques mots bien sentis. Il va sans dire qu'il est souvent injuste dans ces moments là. Pourtant, ce soir, sa colère aurait été légitime. A sa place, j'aurais eu peur d'être sans nouvelle de lui à une heure aussi tardive.

Je n'en reviens pas qu'il arrive à s'endormir fâché. Ce que ça m'énerve ! Moi je vais cogiter toute la nuit... Les hommes ont vraiment un mode de fonctionnement à part !

Après une douche expresse, je me faufile sous les draps pas si délicatement que ça. Disons que je ne serais pas contre l'idée qu'il se réveille et qu'on règle nos comptes tout de suite. Mais il ne bouge pas d'un iota. C'est bien ma veine ! Il se décide à avoir un sommeil de plomb, le seul jour où ça ne m'arrange pas. Dire que d'habitude, le piaillement d'un moineau le réveille !

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