Chapitre 21

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- Hellooooooooooooooo !

Hélène débarque pile au moment où mon cœur se préparait à exploser dans ma poitrine à la suite d'une attaque massive dirigée par mon cerveau. Le maître des lieux tient fortement à se débarrasser de mon palpitant pour cause de mauvais service rendu.

Et il a raison, je suis en train de dérailler. Complètement.

- Bah alors c'est quoi ces tronchasses que vous tirez ? Quelqu'un est mort ou bien ?

J'ai l'impression d'entendre un de mes collégiens.

- Le jour où j'aurais des enfants, rappelle-moi de ne jamais te les laisser... Comment peut-on parler comme une ado attardée à presque 30 ans ?

- Tout le monde ne peut pas avoir un vocabulaire de retraité comme toi ! Et c'est bien pour ça que les élèves m'adorent alors qu'ils te regardent avec dédain !

Ma meilleure amie me tire la langue pendant que je lui lâche un "Nia nia nia", faute de meilleure répartie en stock. Le pire c'est qu'elle a raison. A trop vouloir inspirer le respect, on ne gagne pas la sympathie.

- Je vous laisse vous chamailler tranquillement, j'ai un prochain cours à préparer !

Arthur attrape son sac et file à la vitesse de l'éclair. Son départ précipité me trouble. Je n'ai même pas eu le temps de lui dire que j'étais désolée pour lui. Montrer de l'empathie, ce n'est pas mon fort mais j'aurais au moins pu essayer. Là, j'ai juste bugué comme un ordinateur à qui on aurait brutalement coupé l'alimentation.

- J'ai interrompu quelque chose ?

Hélène me regarde avec ses grands yeux bleus avides d'informations. Elle sent qu'il se passe quelque chose. Si elle n'est pas une vraie voyante, elle a toutefois un réel don pour sentir les émotions des autres. Enfin, les miennes en tout cas. Je ne peux jamais rien lui cacher, pas bien longtemps en tout cas.

- Arthur vient de me dire qu'il n'était plus en couple avec ma sœur.

Je m'attends à une réaction explosive de la jolie blonde en face de moi mais... elle reste interdite.

Je la scrute avec attention, épiant le moindre haussement de sourcil de sa part. Toujours rien à l'horizon.

- Tu vas bien ? C'est pas de toi de rester sans voix !

Hélène m'adresse une moue indécise en jouant avec ses boucles tout en blondeur.

- En fait, j'hésite entre deux réactions et je n'arrive pas à choisir.

- C'est–à-dire ?

- Première option :  je saute de joie que ce gentil garçon bourré de qualité et beau à croquer soit sorti des griffes de ta peste de sœur.

Je lève les yeux au ciel en secouant la tête.

- Arrête de faire comme si ce que je dis est choquant ! On parle d'Alicia quand même, tu te souviens ?

- J'essaie d'améliorer les choses avec elle et j'apprécierai que tu me soutiennes, Hélène !

- Ça fait des années que je te soutiens face à toutes ses vacheries, je te signale !

- Avec du recul, je pense que j'exagérais un peu les choses... Clément avait raison au fond.

Pour toute réponse, Hélène regarde partout autour d'elle, se baisse pour regarder sous la table, ouvre un placard.

- Mais qu'est-ce que tu fabriques ?

- Je cherche la caméra cachée. C'est la seule explication possible à ce que tu viens de dire. Il ne peut s'agir que d'une grosse blague !

Impensable !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant