Chapitre 29

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Si Julien était une femme, je pourrais le traiter de sale petite pimbêche.

Ça fait une semaine qu'il tourne en rond sur la super soirée qu'ils ont passé lundi dernier. Il n'y a pas un seul moment de la journée au cours duquel il n'y fait pas référence. Ce mec est la lourdeur incarnée parfois...

J'ai compris. C'était gé-nial ! Ils ont sympathisé avec un autre groupe de personne qui était là ce soir là et qui comprenait des filles canonissimes. Ça, ce n'est pas Julien qui le dit, c'est moi. J'ai eu le loisir d'admirer les jolies damoiselles avec lesquelles Arthur riait aux éclats grâce aux photos que j'ai reçu tout le long de la soirée. Je n'avais rien demandé mais ce perfide prof d'histoire qui me sert d'ami ces derniers temps s'est dit que ce serait sympa de partager tout ce qui se passait sur notre groupe whatsapp.

Non mais quelle peste ce mec !

Et après, il se permet de se plaindre de mon air renfrogné... J'hallucine.

- Tu veux qu'on fasse Noël avec ta famille pour changer ?

L'intervention de Clément a le mérite de me sortir de mon énième contemplation de ces foutues photos qui me passionnent pour une raison totalement incompréhensible.

- Heu.. Non, pas spécialement.

Je ne sais pas ce qui lui prend, il adore faire les fêtes dans sa famille et quand on voit à chaque fois le mélodrame que c'est avec mes parents... Ça ne donne pas envie de tenter l'expérience d'un Noël avec eux. Sauf à être complètement maso, ce qui n'est pas mon cas aux dernières nouvelles.

- Tu es sure ? Je pense que ce serait vraiment une bonne idée maintenant que ça va mieux avec ta sœur.

Le fait que je ne sois plus en guerre en ouverte avec Alicia est comme une victoire pour lui, on dirait. Je le soupçonne d'être fier d'avoir prouvé qu'il avait raison depuis le début et que j'avais vraiment des réactions ridicules.

- Je n'ai pas envie de passer un nouveau repas avec mes parents. Tu sais comment ils sont, ça va encore être tout un sketch.

- Ta mère va faire son cinéma habituel, c'est certain mais tu ne peux rien dire sur ton père, il sera sûrement encore scotché à sa télé.

Son ton se fait légèrement acerbe sur la fin de sa phrase. L'indifférence de mon père à son égard a toujours touché son ego. Le gendre idéal n'est pas le genre de tout le monde. Pourtant, il ne devrait pas en prendre ombrage, à part Alicia, personne n'a d'intérêt pour lui. Même ma mère quand on regarde bien.

- On pourrait le faire chez nous et inviter ta grand-mère.

Corde sensible touchée. Je répète. Corde sensible touchée. En plein cœur.

Assise sur le canapé, sous mon plaid préféré aux couleurs rougeoyantes, je fixe la photo de ma Mamina qui trône sur la commode juste à côté de moi. Elle qui est si fragile en ce moment... et qui va peut-être vivre son dernier Noël. D'habitude, je fais les fêtes dans la famille de Clément et je réserve la journée du 26 décembre à ma grand-mère. Elle dit toujours qu'elle se fiche des dates exactes mais au fond de moi, j'ai toujours su qu'elle disait ça pour ne pas me faire culpabiliser.

Je sens mon compagnon s'approcher de moi et s'asseoir à l'autre bout du divan. Il me guette tel un félin sentant qu'il est sur le point de capturer sa proie.

- J'adore l'idée Clément...

- Mais ? Parce que tu vas forcément m'envoyer un « mais » à la figure, je te connais.

- Ce n'est pas ce que tu crois. C'est juste que si c'est moi qui prépare le repas, ça va finir en pugilat avec ma mère. Elle va passer son temps à dire qu'Alicia aurait fait ça tellement mieux que moi et...

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