Impensable !

Chapitre 24

Ils ont mis un chewing-gum sur ma chaise.
Ils ont osé, les petits morveux.
Oh j'entendais bien leurs petits rires quand j'écrivais au tableau, mais j'étais loin de me douter que c'était à ce point à mes dépends.
Ils ont bousillé une de mes jupes préférées. Et autant vous dire que je suis tellement exigeante qu'avant de trouver un modèle que j'adore, il faut en passer du temps à écumer les magasins.

Je me suis rendue compte de leur « farce » hilarante uniquement aux toilettes après mon cours. Trop tard pour les enguirlander, donc ! Quelle bande de petits malins !

Ma tasse de café en main, je fixe mon ordinateur avec détermination, cherchant par quel plan machiavélique je vais bien pouvoir me venger.

Ils ne sont pas tous coupables du méfait mais ils ont tous rit dans mon dos. Je n'aurais par conséquent de pitié pour aucun d'eux !

- C'est quoi cette page blanche ? Tu n'as pas déjà préparé tes cours pour les 10 prochaines années ?

Vu la fierté qui se dégage de son sourire, Julien est content de sa pourtant pauvre blague.

Quand Arthur s'installe à côté de moi et rit de sa petite tirade, il est au comble du bonheur ! Aurait-il enfin trouvé un public à son humour ?

Je lui adresse une moue boudeuse avant de rétorquer :
- Moque toi si tu veux mais mon organisation infaillible permet au moins d'atténuer la piètre image que tu donnes du corps professoral avec ton improvisation permanente.

Julien fait semblant d'être outré avant de s'esclaffer.

Oui, aussi bizarre que ça puisse paraître, n'ayant pas recousu les morceaux avec Hélène, mes deux collègues masculins et moi formons un nouveau trio assez improbable. Je crois que je commence à apprécier la lourdeur du prof d'histoire. Je dis bien « je crois ». Sous ses airs superficiels, je dois reconnaître qu'il a un bon fond. Son sens de l'observation à l'affût de chaque petit événement l'a rendu sensible à mes têtes des mauvais jours depuis que j'ai appris la maladie de Mamina et sa présence, même à des moments anodins m'a été très bénéfique. Derrière son masque de commère se cache une personne qui s'intéresse vraiment aux autres et qui est juste d'une grande maladresse. Dans un autre registre, il est en gros autant en galère que moi pour tisser des liens avec les autres.

- Je suis en train de préparer une interrogation aux petits oignons pour ma classe de 5ème. Ils ont voulu se jouer de moi, ils vont payer.

- Tu sais que tu es flippante des fois ? On parle d'ado tu le sais ça, rassure-moi ?

Je lève une regard perçant vers Julien, doublé d'un fronçage de sourcils dans les règles de l'art.

- Eux, ne me trouvent pas assez flippante en tout cas !

Dans mon agacement, je renverse du café sur la table d'un geste brusque. Manquait plus que ça...

J'attrape un sopalin et me penche pour essayer mes bêtises quand le rire de Julien résonne dans mon dos.

Lorsque je me retourne, il est en train de montrer du doigt mes fesses à Arthur.

- On peut savoir ce que tu fabriques ?

Julien étant à deux doigts de se prendre un fou rire, je me tourne, interloquée, vers mon autre collègue.

- Te fâche pas, Amandine, il a juste découvert l'origine de ton envie de revanche.

Le brun arrime ses yeux aux miens en essayant de rester sérieux mais je vois bien que les éclats de rire du prof d'histoire le contaminent malgré lui. Des fossettes auxquelles je n'avais jamais prêtée attention pointent leur nez sur son visage et lui donnent un air encore plus charmant que d'habitude.