Chapitre 1

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8h20. 

Je suis dans ma salle de classe, prête à affronter la vague de collégiens qui va arriver et envahir cet espace si vide pour le moment. Livre ouvert à la bonne page au centre de mon bureau. Thème du jour inscrit au tableau. Derniers devoirs notés disposés sur la table de chaque élève (merci les plans de classe fixe). Rien n'est laissé au hasard avec moi. Je ne laisse aucune place à l'improvisation. 

Les élèves entrent et s'installent. L'avantage de leur donner tout de suite leurs notes, c'est qu'ils se jettent sur leurs copies et se mettent directement dans le bain. Il y a un petit peu d'agitation forcément avec le fameux "et toi, t'as eu combien ?" mais globalement, je pense avoir la bonne méthode. Le français en 5ème, ça ne soulève pas forcément des passions. Les classiques n'attirent pas tous les jeunes et il faut avouer que certains aspects du programme sont rébarbatifs, même pour moi ! Et pourtant, je suis une passionnée de littérature...

Le cours passe assez vite malgré les interventions intempestives du petit clown de la classe, Victor. Sous ses airs de petit comique, je le soupçonne de faire du mauvais esprit. Mais comme l'année vient de commencer, je lui laisse le bénéfice du doute. En seulement 4 ans d'expérience en tant que prof titulaire, je ne peux pas me vanter d'avoir encore cerné complètement les adolescents. D'ailleurs, je ne les comprendrais sûrement jamais complètement, soyons lucides ! 

Je suis toujours à fond pendant mes cours, la pause est donc aussi bienvenue pour moi. J'efface le tableau, range mes affaires et me dirige vers la salle des profs. Je n'ai qu'une chose en tête : un café bien fumant ! Je me jette sur la cafetière à toutes les pauses quasiment. Je sais qu'il ne faut pas en abuser mais c'est ma seule drogue... Si tout va bien, ma copine Hélène est déjà en train de préparer ma tasse. Elle connaît mon côté stressé et sait que j'ai besoin de ma boisson préférée pour décompresser entre deux cours. 

En arrivant dans la salle des profs, je ne vois pas mon amie. C'est étrange car elle est souvent bien plus rapide que moi pour lâcher ses élèves. Elle est un peu comme eux : elle compte les dernières minutes ! Mais où est donc ma blonde préférée ? Tant pis, je pose rapidement mes affaires et me précipite en direction de la machine. Je dirais bonjour à mes collègues après. Il faut savoir prioriser dans la vie et le besoin de caféine prime incontestablement sur la politesse. Sauf que la machine est déjà occupée par un homme dont je ne reconnais pas la carrure de dos. Il est en train de discuter avec Julien, un des profs d'histoire du collège, et ne se sert même pas ! Il ne sait pas quel risque il prend en créant des embouteillage à la machine à café. C'est la base lorsqu'on vit en communauté non ? On se dépêche pour laisser la place aux autres ! On ne reste pas là, à papoter en bloquant le passage aux autres. Grrrrrr !

Comme je ne sais pas à qui j'ai à faire, je ne sais pas comment gérer la situation. Si je le pousse violemment, il risque de mal le prendre ? Je n'ai pas envie de faire des politesses à cet individu lui même mal poli ! J'exagère, certes, mais il faut dire qu'il se trouve entre moi et ma drogue ! Il y a de quoi être énervée non ? Je préfère attendre gentiment mon tour parce que si je tente quoi que ce soit, je risque vraiment de passer pour une vielle mégère et je tiens un minimum à ma bonne réputation au sein du corps professoral. 

Heureusement pour moi, Julien finit par remarquer ma présence : 

-Oh là là Arthur, ôte toi de là tout de suite, tu es en train de t'attirer les foudres d'Amandine et autant que tu le saches tout de suite, c'est l'infiltrée de la directrice. Là, tu es entre elle et son précieux ! dit-il en me faisant un clin d'oeil. 

-Ne raconte pas n'importe quoi Julien, ça m'énerve quand tu dis que je fayotte !!

-Tu vois ce que je disais, elle est fâchée maintenant, pousse-toi donc Arthur ! ajoute-il en poussant le nouveau venu.

Le fameux Arthur finit par se tourner vers moi et lorsque son regard croise le mien... mon cerveau part en fumée. Je ne sais même plus pourquoi j'étais fâchée. Tout ce que je vois, ce sont de grands yeux noirs qui me regardent étonnés. L'air de dire "on se connaît ?". Moi j'ai le coeur qui tambourine à fond la caisse et les jambes qui flageollent.

Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ?

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Hey!
Me voilà avec une nouvelle histoire complètement différente d'Au-dela des apparences...
J'espère qu'elle vous plaira... dites moi déjà vos premières impressions !

Impensable !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant