Chapitre 7

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Le rendez-vous entre collègues est fixé à 18h, le temps de laisser à tout le monde le temps de finir ses cours. J'ai prévenu Clément par message que je ne rentrerai pas tôt ce soir. Je ne lui ai pas donné plus d'explication que ça, j'avoue être plutôt remontée contre lui. Pourtant, je le connais, je sais comment il est , je ne devrais plus être surprise. Mais parfois, j'aimerais juste sentir qu'il est là pour moi, vraiment là, pas juste pour la logistique et le quotidien.

Après une matinée légère, j'ai dû affronter une après-midi plutôt chargée en terme de cours. Ma classe de 6ème était d'humeur bavarde et je n'avais pas l'énergie suffisante pour gérer ça calmement. J'ai donc décidé de changer leur plan de classe sur un coup de tête et j'ai bien fait exprès de mettre ceux qui ne s'entendaient pas les uns près des autres. J'ai perdu un quart d'heure de cours mais ils étaient tellement dépités que je ne les ai plus entendu de l'après-midi. S'ils croient qu'ils m'auront à l'usure, ils se mettent le doigt dans l'œil. J'ai toujours des idées en stock pour les faire tourner en bourrique ces pauvres ados...

Une fois mon cours terminé, je passe rapidement aux toilettes pour voir si je suis sortable. Le résultat n'est pas faramineux mais avec un petit coup de rouge à lèvre, ça passe ! De toute façon, le projet est de passer une heure avec les collègues puis d'aller picoler jusqu'à pas d'heures avec Hélène en me lamentant. En parlant du loup, je vois ma blonde préférée en train de fumer devant la salle des profs. Elle a l'air d'avoir meilleure mine mais le fait qu'elle replonge dans son addiction montre qu'elle doit être en plein conflit intérieur :

- Bah alors, t'as fait quoi de ton beau chapeau ? je lui demande pour la taquiner.

- M'en parle pas, c'était celui de mon rencard... Je vais être obligé de le revoir pour lui rendre ! souffle-t-elle.

- Ou tu le déposes sur son palier discrètement ?

- Je te reconnais bien là, petite maline ! me répond Hélène avec un sourire, mais il faut un code pour entrer dans son immeuble et je ne le connais pas.

- Tu ne connais pas quoi ? demande Julien, toujours sur le qui vive dès qu'il s'agit d'en apprendre plus sur la vie des autres.

- Occupe toi de tes affaires Julien, lui répond Hélène en lui tirant la langue.

- Un jour, je percerai tes mystères, lui dit alors celui-ci en la bousculant gentiment.

- Alors là, tu perds ton temps, mon coco ! Il n'y à rien à découvrir de palpitant.

- Permets moi d'en douter ! ajoute mon collègue qui ne semble pas prêt à lâcher le morceau.

- Mais je te permets, très cher ! Si tu aimes perdre ton temps, c'est ton affaire ! lâche Hélène en remettant ses lunettes de soleil.

J'ai bien envie de lui dire que le soleil est maintenant bien bas mais je suis quasiment sûre qu'elle fait ça pour se donner une consistance. Serait-elle mal à l'aise face à Julien ? Ce n'est pourtant pas dans ses habitudes...

- Du moment que ça te concerne, ça ne peut pas être une perte de temps, dit tranquillement Julien en s'éloignant.

Je reporte mon attention sur mon amie. Ses yeux étant cachés, je ne peux pas sonder sa réaction jusqu'à son regard. J'ouvre la bouche pour lui demander depuis quand Julien lui tourne autour mais l'arrivée d'autres collègues me coupe l'herbe sous le pied. Nous sortons de l'établissement et nous dirigeons vers le petit bar choisi par Julien. De ce qu'il nous en a dit, il s'entend bien avec le patron et on devrait avoir un tarif "happy hour" toute la soirée. Mon projet "boire pour oublier" devrait donc pouvoir tout à fait voir le jour sans que j'ai à me ruiner !

Impensable !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant