Impensable !

Chapitre 8

Je garde un silence qui veut tout dire. L'aplomb que j'avais en sortant du bar s'est volatilisé et je ne suis pas sûre que me confier à Arthur soit une bonne idée. Il va me prendre pour une folle, une égoïste ou je ne sais quoi d'autres. Je n'ose pas jeter un œil vers lui mais je sens pourtant son regard sur moi. Il n'a pas l'air de vouloir se lancer non plus. Ce que je ne peux décemment pas lui reprocher.

- Je veux bien commencer, finit-il par dire.

Je daigne enfin lever mes yeux vers lui et lui fait un sourire reconnaissant.

Nous arrivons au même moment pile sur la petite plage que j'avais en tête. Certains restaurants sont toujours ouverts. La politesse voudrait que je lui demande s'il veut manger quelque chose mais pour ma part, je n'ai pas faim du tout. Je lui propose donc d'aller se poser sur un rocher. Je connais bien cet endroit et je sais exactement quelle est LA place stratégique où s'installer. Arthur est un grand garçon, s'il a envie qu'on aille au restau, il me le dira.

J'enlève mes sandales et m'élance dans le sable. Je ne me lasserai jamais de cette sensation. Je ressens chaque grain de sable sur lequel glissent mes pieds. En bord de mer, je me sens toujours chez moi. Certains sont citadins, d'autres ne jurent que par la montagne... On a chacun notre élément ! Le mien est en face de moi.

J'avance d'un pas assuré, sachant exactement où passer au millimètre près. Mes pieds nus foulent les roches parfois un peu escarpées. Malgré mon taux d'alcoolémie, je garde l'équilibre en m'aidant de mes bras. Mon collègue semble se débrouiller un peu moins bien puisque je l'entends pester derrière moi. Et oui, mon coco, ça se mérite de découvrir mon petit paradis secret !

Une fois arrivée exactement à l'emplacement que je voulais, je prends le temps d'apprécier chaque détail. L'odeur saline qui chatouille mes narines. Le reflet enchanteur de la lune sur la mer. Le bruit cyclique des vagues. La brise qui soulève mes cheveux et caresse mon épiderme. Je prends une grande inspiration afin de reprendre un peu de l'assurance que j'avais perdue et me tourne vers Arthur qui est justement en train d'admirer le point de vue.

Sentant mon regard sur lui, il finit par reporter son attention sur moi et m'adresse un sourire que je qualifierai de... sincère. Spontané. Franc. Bref un vrai sourire qui atteint également ses prunelles noisettes et rebondit directement son mon visage. On parle souvent de rire communicatif. Avec Arthur, un simple sourire peut devenir contagieux.

Je lui propose de s'asseoir et il acquiesce d'un signe de tête. Je n'avais pas réfléchi au fait que mon spot favori est assez étroit en terme de place. Lorsque je tourne la tête vers lui, je peux presque sentir son souffle sur mon visage. Lorsque je me confie, j'ai tendance à fuir le regard de mon interlocuteur alors j'essaie de me dire que cette proximité ne sera pas gênante pour nous deux. Même Arthur, qui d'ordinaire semble être enclin à regarder les gens dans les yeux lorsqu'il parle, semble un peu gêné. Ce n'est pas évident de parler de sa vie personnelle à quelqu'un que l'on connaît à peine mais je ne sais pas comment expliquer cette confiance naturelle que j'ai envers lui et qui me paraît être réciproque.

- Merci Amandine, commence-il par me dire.

Je fronce les sourcils d'incompréhension. Il me remercie de quoi au juste ? De l'avoir fait galérer sur les rochers ?

- De m'avoir emmené ici, précise-t-il en souriant face à la drôle de mimique que je dois lui adresser. Cet endroit est magique.

Qu'il est mignon ! Il croit que j'ai voulu l'emmener ici pour lui montrer la vue !

Mon pauvre, si tu savais... Je voulais juste me trouver au milieu d'un cadre familier dans lequel je me sente à l'aise pour m'épancher. Mais bon, comme je ne veux pas passer pour une pimbêche, je lui fais signe que ce n'est rien.