Chapitre 6

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6h29.

Mon réveil va sonner dans une minute et pour une fois, je suis réveillée avant lui. Ça faisait longtemps que je n'avais pas passé une nuit aussi merdique. Un stress infernal a pris possession de mon esprit et m'a empêché de plonger dans mon sommeil pourtant si réparateur en général.

Je ne fais pas partie de la catégorie "marmotte". 6 heure de sommeil me suffisent pour être opérationnelle. Mais là, avec 2/3 heures de sommeil maximum, je n'ai clairement pas atteint mon quota... Non seulement j'ai mis un temps infini à m'endormir mais en plus Clément m'a réveillé en allant aux toilettes dans la nuit. D'habitude, même si je l'entends, je me rendors aussi sec mais là... mon cerveau s'est mis en marche de façon instantanée et toutes mes névroses m'ont pris à la gorge.

Sérieusement, on ne pourrait pas avoir un bouton on/off pour nos pensées ?

Tout ça, c'est l'effet Alicia. C'est ridicule et j'en ai parfaitement conscience. Mais je suis incapable de faire preuve de contrôle lorsqu'elle est dans les parages. Rien que l'évocation de son prénom suffit à fissurer ma confiance en moi. Elle est un peu comme ma kryptonite : si elle est dans le coin, je suis KO d'avance.

Une fois dans ma salle de bain, je monte un plan d'attaque contre les cernes qui me mangent littéralement le visage. Crème revivifiante pour les yeux, anti-cerne, poudre. Ce n'est pas génial mais avec un rouge à lèvres rouge pétant, l'œil de mes interlocuteurs ne devrait pas trop s'attarder sur mon regard.

Une fois prête, je me rue dans la cuisine pour me préparer une énoooooorme tasse de café. Clément est déjà installé et beurre quelques tartines. Il m'a fait couler une tasse de mon breuvage favori qui m'attend déjà à ma place. C'est tout Clément ça, il est très attentionné. Je l'embrasse rapidement et vais m'installer en face de lui.

- Ça va mieux ce matin ?

Je lui dirais bien que je ne suis pas d'humeur à discuter mais vu qu'il essaie d'être gentil, je ne vais pas non plus être injuste.

- Je n'ai pas très bien dormi mais ça peut aller. Et toi ? je réponds en prenant sur moi.

- Ça va. Leroy m'a envoyé un message pour me remercier de mon invitation. Sa femme t'a adoré apparemment.

Il me dit ça comme si c'était complètement improbable.

- On dirait que ça te choque !

- Bah un peu, tu étais aimable comme une porte de prison hier soir. Je le soupçonne de me dire ça par politesse.

- Tu rigoles ou quoi ? J'ai discuté avec elle pendant 2 heures pleines !

J'essaie de respirer pour ne pas m'énerver trop vite contre lui mais, la fatigue aidant, ma patience est plus que limitée ce matin.

- Tu souriais à peine, tu étais tout le temps dans la lune... Enfin bref, ça sera mieux la prochaine fois. En tout cas ton repas était parfait. Les cours de cuisine sont efficaces.

Zen Amandine ! Reste zen...

- C'est ta sœur qui te préoccupe autant ? me demande-t-il l'air vraiment contrit.

- Oui... J'angoisse vraiment beaucoup. Je sais que c'est bête mais j'ai un mauvais pressentiment, je lui réponds en baissant les yeux.

- Il faut que tu arrêtes de te monter la tête avec ça : c'est ta sœur. Je sais que tu ne l'aimes pas pour une raison obscure mais il faut faire avec. Tu es vraiment bizarre dès qu'il s'agit d'elle.

J'avais oublié que si je voulais être soutenue, fallait que j'aille voir ailleurs.

- Je dois y aller, je lui dis en regardant ma montre.

Impensable !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant