Chapitre 17

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Attablée sur ma terrasse depuis une bonne demie heure, je ne fais que prendre et reposer mon téléphone.

J'ai saisi le numéro d'Arthur dans mon répertoire. Cette étape passée, je n'arrive plus à rien. Je tape quelques lettres, me ravise, efface tout et jette mon téléphone. Puis je recommence tout dans le même ordre.

Je bloque dès l'entame du message. Chaque formulation me semble déplacée. Comme si rien que le fait de m'adresser à lui était inapproprié.

Je décide donc d'abandonner pour le moment et ferme les yeux pour essayer de faire le vide. Pour oublier ce merdier dans lequel je me suis fourrée.

Les derniers rayons de soleil balayent mon visage accompagnés d'une petite brise faisant naître sur mes bras les prémisses d'un frisson.

L'automne prend place petit à petit... Même si mon esprit essaie de résister en persistant à m'habiller en manches courtes, je sens bien que mon corps m'envoie de plus en plus régulièrement des messages d'avertissement. Si je ne veux pas prendre froid bêtement, il va falloir que je songe à mettre des vêtements plus chauds. L'été ne se prolongera pas uniquement parce que j'en ai décidé ainsi. Et c'est bien dommage !

Un léger bruit vient perturber le semblant de quiétude que j'avais réussi à atteindre en l'espace de quelques minutes. Un léger calcul me permet de déterminer que ça correspond à l'heure à laquelle Clément rentre à la maison.

Je garde les yeux scellés. Je suis toujours fâchée après lui.

- Je sais que tu m'as entendu rentrer, me fait sursauter la voix de mon compagnon.

Je ne pensais pas qu'il me trouverait si vite. Pourtant avec un balcon situé en face de la porte d'entrée, il ne pouvait pas vraiment me louper... même sans chercher !

Je daigne ouvrir un œil pour le toiser et le referme aussitôt.

Clément arbore un air un peu penaud.  Aurait-il compris qu'il a abusé samedi dernier ?

- J'ai fait un drive pour samedi en prévoyant ce qu'il fallait pour le dîner avec ta sœur.

Ayant enfin réussi à capter mon attention, il s'installe en face de moi et pose sa main sur la mienne.

- Je suis désolé,  Amandine. Je ne voulais pas te forcer à les inviter à la maison. Sur le coup, j'ai vraiment pensé bien faire... Elle sort avec un de tes collègues avec qui tu as l'air de bien t'entendre, je me suis dit que c'était l'occasion de prendre un nouveau départ.

Il a l'air si sincère que toute la colère que j'éprouvais s'évapore aussitôt.

- Je sais que tu n'a pas fait ça exprès pour m'embêter. C'est juste que...

Les derniers mots se heurtent à la peur de lancer une discussion plus sérieuse que prévue. Je n'ai pas envie de remettre en cause toute notre relation à cause de ce stupide dîner.

- Tu hais ta sœur, je sais, complète Clément.

Je hoche la tête.

Pourtant, ce n'est pas ce que j'allais dire.

Je n'étais pas folle de rage à l'idée d'avoir ma sœur à la maison, même si ça ne m'enchante pas du tout... Non ce qui me rend hors de moi c'est la preuve flagrante qu'il ne me connaît toujours pas vraiment.

Je ne suis pas comme lui. Nous n'avons pas le même attachement à la notion de famille. Je m'attache aux personnes pour ce qu'elles sont, pas en raison du rôle qui leur a été attribué par la génétique.

- Je vais m'occuper de tout pour samedi soir. Profites en pour passer la journée avec Hélène si tu veux. Et si ça te dit, on peut aller à l'italien ce soir ?

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