Chapitre 5

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Arthur et moi avons passé le début de l'après-midi ensemble. Je lui ai expliqué de A à Z le fonctionnement de notre réseau et l'organisation générale de notre établissement. Il a pris des notes, a posé plein de questions. Bref, il s'est comporté comme un élève assidu. Je n'en attendais pas moins de lui !

Je suis d'ailleurs très fière de moi, je n'ai plus eu AUCUNE pensée ambigüe à son égard. Le voir découvrir les ficelles de notre métier m'a clairement rappelé que j'étais son aînée. Je plaide la folie passagère pour la légère attirance que j'ai cru éprouver pour lui. Tellement passagère que je n'y pense déjà plus ! Je l'ai trouvé mignon, voilà tout. Il n'y a pas de quoi en faire un drame non plus.

Avec ces histoires, j'ai presque failli oublier d'aller chercher mes courses au drive. Comme quoi, on peut bien se moquer de moi, tous les rappels que je mets sur mon téléphone ne sont pas inutiles. Je récupère ma commande et rentre directement chez moi. J'ai quelques cours à remettre à jour pour demain et le repas à préparer. Ce soir, nous recevons un client de Clément à dîner et je n'ai pas vraiment le droit à l'erreur.

Mon cher et tendre est expert-comptable. Les affaires marchent plutôt bien, voire très bien, pour lui mais il aime fidéliser sa clientèle autant qu'il le peut. Tous les gros clients dinent au moins une fois par an à la maison. Ils parlent affaires entre hommes en général et je suis chargée de papoter de tout et de rien avec l'épouse. Plus cliché, tu meurs ! Mais bon, je peux bien faire ça, c'est tout de même grâce à ce qu'il gagne que nous pouvons vivre dans ce grand appartement avec vue sur la mer.

Après m'être occupée de mon propre travail, je vais attaquer la popotte. Tablier ? Check ! Ustentiles/robots ? Check ! Ingrédients classés par étape de chaque recette ? Check ! Musique dynamique pour me motiver ? Check. Je mets un minuteur pour être sûre d'être dans les temps et j'attaque mes différentes préparations. Je ne suis pas une cuisinière hors-pair mais je me débrouille. J'ai même pris quelques cours de cuisine pour apprendre à me diversifier. Je ne laisse aucune place à l'improvisation : je suis chaque recette à la lettre, au gramme près !

Une fois ma mission accomplie, je prépare ma tenue pour ce soir et saute sous la douche. Je dois encore me lisser les cheveux et me pomponner. Ce n'est pas de tout repos tout ça !

Alors que j'hésite entre mettre de l'eye-liner ou rester soft, j'entends la porte claquer. Clément est là et je commence à sentir un petit stress monter en moi. Il n'est pas arrivé où il en est par hasard. C'est un homme très exigeant. Et pas que dans le travail. Je sais déjà que mon plat sera un peu trop ou pas assez cuit et que mon dessert sera un peu trop ou pas assez sucré. Il ne le dira pas devant tout le monde, ce n'est pas non plus un goujat. Mais il me le dira quand même après m'avoir remercié pour mon implication. Le schéma est toujours le même. Au début, ces petites remarques me blessaient mais plus maintenant. Ca fait partie du personnage, voilà tout !

Mon téléphone vibre et je vois le nom de ma mère s'afficher. Je l'appelle tous les vendredi soir pour prendre rapidement des nouvelles donc si elle m'appelle un lundi, c'est forcément qu'il se passe quelque chose d'anormal. Un poil inquiète, je réponds.

- Bonjour maman.

- Bonjour ma chérie ! Tu vas bien ? me dit-elle de sa voix enjouée.

Déjà, il n'est rien arrivé de grave sinon elle serait partie dans les aigus directement.

- Oui mais je suis désolée, on a des invités qui arrivent dans un quart d'heure et j'ai encore des choses à préparer. J'ai 2 minutes à te consacrer donc va à l'essentiel s'il te plait.

Direct. Efficace. Pas trop méchant.

- Tu es toujours pressée de toute façon, soupire-t-elle. Bon, je voulais juste te dire qu'Alicia était de retour.

Impensable !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant