chapitre 5

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Le hurlement strident de Lucretia me réveille en sursaut. Un brin désorientée, je regarde autour de moi, histoire de comprendre ce qu'il se passe, et aperçois mon amie debout au dessus de sa malle, tenant entre les mains ce qui ressemble à un bout de tissu mauve.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demande innocemment Shelly depuis son lit, elle aussi sans doute réveillée par les vocalises de notre camarade de chambre.

Lucretia rougit à vue d'œil. Pas de gêne, mais de colère. Je vois ses doigts se resserrer contre son bout de tissu qui, maintenant que mon cerveau semble se remettre en route, ressemble pas mal à la jolie robe qu'elle s'est acheté cet été. Mais qui maintenant ressemble surtout à un chiffon miteux.

- Je vais assassiner cette bestiole, grince Lucretia, verte de rage.

Puis, sans un mot de plus, elle quitte le dortoir en claquant la porte derrière elle et en hurlant le nom de Rebecca Flume.

Rebecca est une jeune fille de cinquième année, dont les parents tiennent la boutique de bonbons Honeydukes, et qui possède un chat persan qui a la vilaine manie de se faufiler partout dans les dortoirs et de saccager ce qui ne lui plaît pas. Visiblement, la robe de Lucretia n'était pas à son goût, la dernière fois que le matou est venu faire un tour dans notre chambre.

Grognant, je laisse retomber ma tête dans mon oreiller et ferme les yeux. Je caresse pendant un instant la délicieuse idée de me rendormir, puis renonce en me souvenant que ce samedi matin est synonyme de sortie à Pré-au-Lard. Et que, si je veux faire forte impression sur Charmant, j'ai plutôt intérêt de réquisitionner la salle de bain de bonne heure.

A présent parfaitement réveillée, je repousse mes couvertures et sors du lit. Je frissonne en sentant l'air frais des cachots effleurer mes jambes nues, puis enfile ma robe de chambre molletonneuse qui se trouve à portée de main, avant de fouiller ma malle à la recherche d'une tenue qui fera baver d'envie ce cher Crivey. Je farfouille pendant une dizaine de minutes et finis pas me décider pour une jupe en jean claire, accompagnée d'un pull bleu ciel et d'une paire de collant noir. Je file ensuite m'enfermer dans la salle de bain.

Après une bonne douche réchauffante, je m'enveloppe dans un drap de bain et me sèche les cheveux à l'aide de ma baguette et d'un sort de Chauffe, bien pratique quand Poudlard n'accepte pas les objets moldus, et notamment mon bien aimé sèche-cheveux. Une fois coiffée, je m'habille et termine par mes soins du visage.

Alors que j'applique une crème apaisante, Lucretia sort de la douche, dans laquelle elle était entrée près de vingt minutes plus tôt, et se cogne contre la paroi. A la manière dont elle se met soudain à pousser des jurons et à sautiller partout en tenant son pied, j'imagine que c'est le petit orteil qui a tout pris. Elle se laisse ensuite tomber sur une chaise provenant de la chambre, que nous avons installée là dès nos premiers jours de première année pour y poser nos vêtements, puis se masse les orteils.

- Tu pourras me laisser ta trousse de maquillage ? Me demande-t-elle ensuite en grimaçant de douleur. J'ai rendez-vous avec Barry cet après-midi, et je n'ai plus rien. Faudra que j'aille faire quelques courses à Pré-au-Lard.

J'acquiesce d'un signe de tête, non sans jeter un œil dans ladite trousse, posée sur le rebord de l'évier au dessus duquel je me tiens. L'année dernière encore, tout comme elle, j'avais une multitude de produits de beauté. Seulement, après avoir vu un reportage à la télé sur les dangers pour la peau, j'ai fini par jeter tout le superflu et ne garder que le nécessaire. Je n'ai pas envie de me retrouver avec la tronche toute ratatinée à quarante ans.

- Ce ne sont que des produits moldus, le prévins-je alors. Il n'y a rien de sorcier là-dedans.

Lucretia hésite un instant alors qu'elle repose son pied apaisé à terre. En tant que Nott, elle est issue d'une grande et vieille famille sorcière de sang-pur, toujours attachée à leurs valeurs. Théoriquement, Lucretia n'est pas censé utiliser quoi que ce soit de moldue. Si ses parents venaient à le découvrir, ils risqueraient de piquer une sacrée colère.

Potter is my kingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant