chapitre 8

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En ce samedi matin de mi-novembre, un calme inquiétant règne sur la table des Serpentard lorsque je pénètre dans la Grande salle, précédée de Shelly et Lucretia. Pas qu'il soit étonnant que notre table soit la plus silencieuse de la pièce, mais à ce point-là, ça a quand même de quoi interpeller. Je crois bien que si il n'y avait que les élèves de Serpentard dans la Grande Salle, on entendrait les mouches voler.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Me chuchote Lucretia à l'oreille, contaminée par le silence ambiant.

Je hausse des épaules. Comment veut-elle que je le sache ? Je suis arrivée en même temps qu'elle, et je n'ai pas le don de troisième œil (comme s'est évertuée à me le rabâcher la vieille Trelawney pendant les deux seules et longues années pendant lesquels j'ai étudié la divination).

- Je crois que c'est de la faute de Scorpius, annonce Shelly d'un ton haut et clair, qui fait se retourner une dizaine de têtes vers nous.

- Pourquoi lui en particulier ? Demande-je, surprise, en constatant qu'on nous fusillait du regard.

Shelly ne prend pas la peine de me répondre, se contentant de glisser sur le banc lorsqu'elle trouve un espace de libre. Je m'installe à côté d'elle, et Lucretia de l'autre. Je regarde autour de nous et constate que le silence perdure. J'aperçois alors Albus, un peu plus loin à la table, qui me fait de petits signes discrets de la main, semblant vouloir signifier qu'il faut que je me ramène.

Je fronce des sourcils. Mais qu'est-ce qu'il se passe à la fin ? Puis, je vois Scorpius assis à sa droite, et l'immense morceau de parchemin étalé sur la table. Je crois que j'ai peur de comprendre.

Il y a deux jours de ça, le lendemain de notre dernière séance d'entraînement avant le match de ce matin contre les Serdaigle, Scorpius avait déjà ce parchemin. C'est un plan du terrain de Quidditch, avec un schéma compliqué dessiné dessus. Notre capitaine s'échine dessus depuis des jours afin de nous trouver les meilleurs plans d'attaques et de défense.

Histoire de vérifier mes craintes, j'abandonne mes amies à leur sort et rejoins les deux cinquième année. Je trouve une place de libre en face des deux garçons, et m'assieds. Je vois la carte à l'envers mais force est de constater que j'ai bien deviné. Et du coup, je comprends un peu mieux d'où vient le silence ambiant.

Scorpius a dû menacer toute la table de les envoyer visiter les cachots du manoir de son père, si on ne le laissait pas travailler en paix. Il nous a déjà fait le coup l'autre soir. Je crois qu'en cinq années passées à Poudlard, je n'avais jamais vu mes camarades de maison vider aussi vite la salle commune. Et avant l'heure du couvre-feu en plus.

- Alors ce plan d'attaque, il avance ? Demande-je à Scorpius d'une voix très forte en me servant un verre de jus de citrouille.

Le regard que me lance ma voisine de gauche est éloquent : pour elle, je viens de signer mon arrêt de mort.

- Brown, tu devrais être levé depuis plus d'une heure. Pourquoi tu n'arrives que maintenant ? Siffle mon capitaine en me lançant un regard incendiaire.

Bien sûr, comme si j'allais me lever à huit heures pour un match qui ne commence qu'à dix. En plus, je me suis couchée tard hier soir. Comme tous les soirs de la semaine. J'avais du sommeil en retard à rattraper.

- Je n'ai pas encore appris à renvoyer dans les cognards en dormant, rétorque-je. Et toi, qu'est-ce que tu fais avec cette carte ? Et tu crois que ça va t'avancer à quoi de menacer de sévices corporels toute ta maison ?

D'après Scorpius, il y aurait de jolies chaînes dans les caves du manoir Malefoy. Il a déjà invité plusieurs personnes à venir les essayer.

- J'ai seulement réclamé un peu de silence pour pouvoir réfléchir convenablement, répond le cinquième année en dardant des regards furieux tout autour de lui. Ce n'est pas ma faute s'ils prennent tout au pied de la lettre.

Potter is my kingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant