Potter is my king

chapitre 38

- EVE, COGNARD !

Le beuglement de Stanley, lancé à mon intention depuis l'autre bout du terrain de Quidditch, a le mérite de me tirer très rapidement de mes songes. Assez, pour me permettre de plonger en piqué, histoire d'éviter de me faire fracasser la tête par la balle qui arrive à toute vitesse dans ma direction. Je jette un œil torve à Franck Londubat, un quatrième année de l'équipe de Poufsouffle contre qui nous disputons notre dernier match de l'année en ce samedi rayonnant, celui-là même qui vient de balancer le cognard droit sur ma pomme.

- Si tu te concentres pas un peu plus sur le jeu, Brown, tu pourras dire adieu à ta place dans l'équipe l'année prochaine !

Je suis bien tentée d'adresser un doigt fièrement levé à Scorpius, qui passe près de moi en jetant sa menace, mais une petite voix me dit que ça n'arrangerait sans doute pas les choses. Alors je me contente de ruminer dans mon coin et de me concentrer de nouveau sur le match, chassant James Potter dans un recoin de ma tête, en espérant qu'il n'en sortira pas inopinément, comme il a pris la fâcheuse habitude de le faire depuis quelques temps.

Il s'est passé trois jours complets depuis ma discussion avec le Gryffondor au bord du lac. Et j'ai toujours autant besoin de me retrouver en tête à tête avec moi-même pour réfléchir, vu que je n'arrive pas à me décider sur ce que je veux faire. Toute cette histoire est allé trop loin pour moi. A la base, je voulais juste prendre du bon temps avec un garçon qui me plaisait, m'amuser sans me prendre la tête, profiter de ma jeunesse. Sauf que James voit plus loin que ça, et ça me fait peur. Avec Jérémy, j'avais ouvert mon cœur, je m'étais projeté, j'avais cru que ce serait une histoire sur le long terme ... On connaît tous le résultat. Alors, je n'ai pas envie de m'engager de nouveau dans cette voie-là, pas pour le moment du moins.

Les choses pourraient être simples et s'arrêter là, sauf qu'il faut aussi que je prenne en compte que mon attrait pour James ne s'arrête pas à une simple attirance physique. Il me plaît vraiment, j'aime passer du temps avec lui, on rigole bien ensemble et on est sur la même longueur d'onde. Je n'ai pas envie de tout arrêter avec lui.

En passant devant les tribunes ouest du terrain, je repère James et Logan, grimés aux couleurs de ma maison en témoignage de leur encouragement. Ce sont les rares de leur maison à le faire puisque la majorité des Gryffondor supportent les Poufsouffle. Du coup, le vert chatoyant de leurs habits détonne au milieu de tous ce jaune poussin affreux.

Je continue de tourner autour des poursuiveurs de mon équipe, attentive au moindre cognard qui voudrait nous faire perdre l'avantage que nous avons. Je colle notamment d'assez près notre petit nouveau de troisième année, le remplaçant de Barry Wilkes, qui a encore un peu de mal à éviter les cognards quand il doit foncer vers les buts avec le souaffle, ce qu'il est présentement en train de faire. Je lui évite un tibia fracturé au dernier moment, et renvoi le missile tueur à son envoyeur qui doit faire une embardée pour ne pas tomber de son balai. Le souaffle passe dans l'anneau de gauche après une joli feinte de notre petit nouveau, au moment où le public pousse une exclamation à faire tomber les tribunes. Impossible que ce soit à cause du but que notre équipe vient de marquer. Je baisse les yeux et repère alors Albus, quinze mètres plus bas, quasiment en rase-motte, tenant fièrement le vif d'or dans son point serré pendant qu'il fait un tour d'honneur. Fin du match.

A l'instar de tous les autres joueurs, je regagne le plancher des vaches pour rejoindre notre attrapeur et le féliciter comme il se doit, même si ce n'est qu'en demi-teinte. Nous avons certes gagné ce match, mais nous finissons en troisième position pour la coupe de Quidditch. Le match opposant Gryffondor à Serdaigle dans deux semaines déterminera le vainqueur, même si, en vrai, refiler la coupe dès maintenant à Gryffondor ferait gagner un temps précieux à tout le monde.