chapitre 28

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Le cœur battant, je lâche le mot de passe de ma salle commune à mi-voix, me faufile dans le passage secret sans même laisser le temps au mur de s'ouvrir correctement et traverse l'immense pièce encore pleine de monde d'un pas vif. Je fais exprès de ne croiser le regard de personne car je ne désire qu'une chose : retrouver mon dortoir et mon lit, et de profiter d'un peu de solitude. J'en ai besoin au plus vite.

Du coin de l'œil, j'avise quand même la présence de Lucretia près du feu, plongée dans son magazine féminin préféré, puis j'aperçois la silhouette de Shelly quasiment soudée à celle de Michael dans un recoin sombre de la salle. Au moins, je suis sûre de ne pas être dérangée avant un bon moment.

Une fois dans le dortoir, je jette mes chaussures au hasard, ôte mon pull que je laisse tomber à terre et m'étale lamentablement sur mon lit. Je pousse un gros soupir et roule pour me retrouver sur le dos, à contempler les dais vert sombre de mon lit à baldaquin.

Difficile pour moi de continuer à me demander ce que je ressens pour James : après cette tentative avortée de baiser, j'y ai été confronté de la plus efficace des manières. Quand j'ai compris ce que voulait faire le Gryffondor, je me suis clairement mise à attendre ça. J'étais impatiente, excitée même, à l'idée que sa bouche entre en contact avec la mienne. Puis, la déception et la frustration ressentis lorsque Scrooge a débarqué . . . Il faudrait franchement être idiot - ou complètement bouchée - pour ne pas comprendre ! Et je n'en suis quasiment pas surprise. Comme si mon subconscient se l'était déjà avoué depuis un moment.

Je passe mes mains sur mon visage, ressentant une profonde lassitude au souvenir du reste de cette dernière retenue. Après le départ de Scrooge, qui s'était pointé parce qu'il avait entendu James beugler comme un putois, le Gryffondor était retourné s'occuper de son armure comme si de rien n'était. Sans même un mot. A croire que j'avais tout rêvé. Plus que surprise, j'étais moi-même retourné faire mon travail, l'esprit en surchauffe. J'avais voulu reprendre là où on s'était arrêté, mais le comportement de James m'avait carrément refroidi. J'en étais même venu à me demander si je ne m'étais pas fait un film.

Je me redresse brusquement pour m'asseoir sur le bord de mon lit et passe deux mains rageuses dans mes cheveux. De toute ma vie, je ne me suis jamais prise autant la tête à propos d'un mec. Et il a fallu que ce soit celui-là en question. Comme si je ne pouvais pas craquer pour un gars avec qui je n'avais pas un passif aussi lourd. Je savais bien que cette histoire d'amitié avec James n'allait m'apporter que des problèmes !

Je suis soudain interrompue dans le cours de mes pensées par le bruit de la porte du dortoir qui s'ouvre. Je regarde Lucretia y pénétrer avec surprise, persuadée que j'étais qu'elle resterait coincée avec son numéro de Chiffons Magiques une bonne partie la soirée. Elle balance d'ailleurs le magazine sur son lit sans une once de délicatesse et vient poser son royal fessier près de moi.

- Bon, qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Je frotte mon visage, tentée de lui parler, mais peu sûre du bien fondée d'une telle initiative. Si le sujet de mon tourment avait été une toute autre personne que James Potter, je me serais confiée à elle sans hésiter. Dans l'immédiat, à choisir, je préférerais que ce soit Dominique qui vienne s'enquérir de ma santé mentale. Mais le couvre feu est dépassée de quelques minutes et je ne pense pas avoir la force d'attendre jusqu'à que je puisse m'octroyer un peu de temps libre avec la jolie Weasley.

- Tu me promets de ne pas monter sur tes hippogriffes ?

Lucretia me scrute en plissant les yeux, puis consent d'un signe de tête. Je pousse alors un immense soupir et lâche :

- Je pense - et j'insiste sur le fait que c'est une supposition - que James a tenté de m'embrasser ce soir.

Les yeux de mon amie s'écarquillent tellement que je crains l'espace d'un instant que ses globes oculaires ne tombent de leurs orbites.

Potter is my kingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant