chapitre 25

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- Vraiment allez-y sans moi, je n'ai pas faim.

Lucretia plisse des yeux. Elle ne croit pas un traître mot de mon baratin. Shelly, elle, prend déjà la direction de la porte, prête à aller dévaliser la table des Serpentard.

- Tu es vraiment sûre ?

J'essaye de garder l'expression la plus neutre possible. Si Lucretia vient à savoir pourquoi je veux rester seule dans le dortoir ce soir, plutôt que d'aller me remplir le ventre, je ne donne pas chère de ma peau.

- Oui, sûre !

Je confirme avec le plus de conviction possible, ce qui n'est guère compliquée, vu que j'ai qu'une hâte, qu'elle sorte de cette fichue pièce !

Mon amie hésite encore un instant, me scrute d'un œil suspicieux - il y a de quoi, vu que je sors à peine d'une grève de la faim non volontaire - puis finit par se décider. Je pousse un long soupir de soulagement lorsque la porte de notre dortoir se referme sur son dos et je me jette à plein ventre sur mon lit. Je vais pouvoir m'adonner à une introspection en règle sans être dérangée. Et il y a de quoi !

Nous sommes dimanche soir, les cours reprennent à la première heure demain, la sortie à Pré-au-lard est prévu pour le samedi suivant et je n'ai même pas eu le temps de me pencher deux secondes sur ce qu'il s'est passé au cours des semaines passées, et plus particulièrement hier après-midi.

J'essaye de m'installer un peu mieux sur ma couette, attrape mon oreiller que je fais glisser sous ma tête puis passe mes mains dessous. Je laisse mon regard se perdre et errer sur le mobilier de la chambre et les objets qui l'encombrent.

James Potter. Voilà le sujet sur lequel il faut que je me penche de toute urgence. Il faut que je sache quoi faire, maintenant, avec cet énergumène. Il serait cruel de laisser les choses en l'état, puisque j'ai fini par faire disparaître mes œillères. Je me demande comment, d'ailleurs, j'ai pu ne rien voir plus tôt. Sans doute que l'idée était tellement inconcevable pour moi, qu'elle a eu du mal à faire son chemin.

Mais à présent, je ne peux plus vraiment faire l'autruche : James a un faible pour moi. Et il ne s'en cache pas tellement, en vrai ! Avec le recul, je trouve que tous ses gestes et ses petites attentions avaient un autre sens que celui que je leur donnais. Mais, je me demande depuis quand exactement . . .

Enfin, là n'est pas le plus important. Ce qu'il faut maintenant, c'est que je décide ce que je vais faire de ça. Comprendre que James ne veut pas se contenter d'une amitié, c'est bien, mais savoir ce que moi je veux, c'est mieux. Cependant, je n'ai jamais réfléchi à cette possibilité, je ne l'ai même jamais envisagé ou imaginé. Quelle réponse lui donner dans ce cas ?

Ma position allongée sur le ventre n'étant pas la position la plus confortable au final, je me redresse, m'installe en tailleur et serre mon oreiller contre mon ventre.

Je sais que je vais croiser James dès demain dans les couloirs. Et je dois essayer de mettre un peu d'ordre dans ma tête à son sujet avant de le voir, sinon, je pourrais avoir une réaction inattendue. Voire complètement loufoque. Et le regretter ensuite.

Au bout du compte, j'aurais aimé pouvoir parler de mon problème avec une amie. Mais Shelly n'est pas la meilleure oreille qui soit et Lucretia . . . N'est pas la personne vers qui se tourner pour m'épancher. J'ai peur de sa réaction si je lui fais part de mes doutes au sujet des sentiments que James nourriraient à mon égard.

Soudain, je me redresse. Je sais à qui je pourrais parler ! Et avec un peu de chance, vu qu'il est encore tôt, elle n'est peut-être pas encore dans la Grande Salle.

Je saute de mon lit, enfile cape et gants puis sors de mon dortoir. Je traverse le couloir puis la salle commune aussi vite que possible avant de carrément me mettre à courir une fois dans les corridors du château. C'est qu'il ne faudrait pas que je la rate ! Je me vois mal aller la chercher à sa table en sachant que Lucretia me verrait.

Potter is my kingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant