chapitre 33

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A l'intérieur de la boutique des Weasley, c'est une agression de tous les sens. Les couleurs criardes et bariolées des différents produits vendus vous sautent aux yeux avec la délicatesse d'un babouin en rut, l'odeur résiduelle des essais de potions de l'arrière boutique laisse penser qu'on a laissé un bisounours crever dans un recoin quelconque et les bruits des produits testés par les clients explosent et pétaradent de partout. Je ne mets pas souvent les pieds dans cette enseigne (fierté oblige, il était hors de question pour moi d'utiliser des produits créés par la famille de James, autant que possible du moins), alors je suis toujours surprise quand j'y entre.

J'aperçois dans la foule qui se presse dans la boutique, quelques visages que je connais, mais personne de réellement proche, aussi, je commence à faire un tour d'inspection en attendant que James termine avec son cousin. D'un coup d'œil à travers la vitrine encombrée, je constate qu'ils sont toujours penchés l'un vers l'autre. Je crois qu'ils n'ont pas remarqué qu'ils n'ont plus besoin de faire dans la discrétion vu qu'ils ne sont plus à portée de mes oreilles. Encore que . . . D'après ce que je vois sur l'étagère devant moi, et ce que m'indique l'étiquette explicative, ces Oreilles à Rallonge pourraient changer cet état de fait.

- Eh bien, en voilà une surprise ! Evelyne Brown, que nous vaut le plaisir de ta visite ?

Je me retourne, comme tous ceux qui sont présents dans la pièce et qui n'ont pas pu manquer la voix tonitruante de l'oncle de James, Georges Weasley. Il se tient en haut d'un escalier qui monte du sous-sol, ses cheveux roux en pétard et un tablier en cuir de dragon sauvagement attaqué par quelques résidus de potions. Étonnement, les ongles de ses mains sont vernis de couleurs fluo et disparates. Et leur teinte change toutes les secondes. De quoi vous filer une sévère crise d'épilepsie.

Il traverse la boutique dans ma direction, s'essuyant les mains sur un chiffon glissé dans une poche de son tablier. Une jeune fille s'extasie sur ses ongles alors qu'il passe devant elle. Sans s'arrêter, il lui indique dans quel coin du magasin elle peut trouver le produit et quelle somme il lui sera réclamé pour l'obtenir. Il ne perd pas le nord.

- Tu es toute seule ? me demande George en s'arrêtant à ma hauteur.

- Non, James est dehors. Nous sommes tombés sur un certain Teddy, et je n'ai pas été invité à me joindre à la conversation. Je commence donc ma recherche sans lui.

- Besoin de quelque chose en particulier ?

Je me demande dans quelle mesure exactement, James met ses oncles au courant de sa vie d'étudiant. Et ce que j'ai le droit, ou pas, de dire à propos de ce qu'il s'est passé avec Barry Wilkes. Je croise les bras et réponds :

- Nous n'avons pas d'idée arrêtée sur ce que nous voulons. Nous recherchons surtout un effet. Mais, je crois que James attendait de vous . . . une exclusivité. Comme celles que vous lui filiez pour moi.

Je teinte de ma voix d'un soupçon de rancune. Mais ça a l'air de passer à quinze kilomètres au dessus de la tête de monsieur Weasley.

- Ah, le bon vieux temps, s'exclame-t-il en soupirant, l'air nostalgique. Mais bon, il semble que, à défaut de vous envoyer des farces à la tronche, vous faites profiter vos camarades de vos dons exceptionnels en la matière. Ça me va aussi.

Sur ce, il affiche un grand sourire. Je grince un peu des dents. Je ne sais pas si je dois l'apprécier ou pas. Je le trouve un brin exaspérant et irritant, même s'il semble être d'un bon tempérament. Sans doute à cause du fait qu'à notre première rencontre, il a cru intelligent de se servir de moi comme bouclier pour échapper aux foudres de sa mère. Pour ceux qui ne l'auraient pas encore remarqué, il est bon de préciser que j'ai la rancune tenace.

Potter is my kingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant