Aux termes de mes deux heures de cours de Botanique ennuyants au possible, je me glisse à la table des Serpentard. Shelly fait de même à ma gauche et je glisse un œil un peu plus loin, vers Lucretia. Cette dernière est assise entre Barry Wilkes et Michael Flint. Le premier est aux anges, le second a tout l'air de vouloir se pendre à la poutre la plus proche. En même temps, je le comprends. A moi aussi ça me donnerait des envies de suicide d'assister d'aussi près à la méthode de reproduction d'un troll.- Gratin ?
Je m'arrache à la vision de mon amie en train de galocher bien baveusement son re-nouveau petit ami, et louche sur le plat huileux à souhait que Shelly a glissé sous mon nez.
- Non, merci Shelly. Je crois que je vais me contenter d'une salade.
J'ai l'appétit coupé. Ce qui renseigne assez bien sur mon état psychologique, vu que j'ai pu recommencer à manger tranquillement que depuis moins de vingt-quatre heures et que je devrais être en train de rattraper le temps perdu.
Et si le fait que Wilkes ne me harcèle plus à table n'est pas le signe que le cognard du match de samedi était bel et bien le sien, je ne sais pas ce qu'il faut !
Notre repas se déroule dans une ambiance morose. Shelly essaye de me faire oublier l'absence de Lucretia, mais son bavardage futile ne parvient pas à m'empêcher de jeter de temps en temps un œil hargneux sur l'horrible couple. Je n'en reviens toujours pas que Lucretia m'en veuille à ce point de mon coup de sang sur le terrain. Avec le recul, je concède que ma stratégie n'a pas été des plus fines. Ma réaction a été digne des Gryffondor les plus sanguins que cette école n'a jamais connu. Mais j'avais des circonstances atténuantes. On ne peut pas franchement demander à quelqu'un qui manque de nourriture depuis des jours de ne pas perdre le contrôle des nerfs lorsqu'il comprend que celui qui l'affame tente, en plus, de lui prendre à un aller-simple pour le cimetière le plus proche à coup de ballon vengeur.
- Gâteau au chocolat ?
La masse marron surmontée d'une épaisse crème chantilly et parsemée de paillettes argentées s'invite sous mon nez, repoussant ma salade à peine entamée. Vu le nombre de calories que doit receler ce dessert, Shelly craint la crise d'inanition.
- Nous avons un cours sur les informulés tout à l'heure, fait mon amie en réponse à mon œillade interrogative. Alors même si je sais que tu évites autant que possible tout sucre mauvais pour ta graisse abdominale, il te faut prendre des forces pour réussir à faire ce que te demandera le professeur Daniel's.
Je roule des yeux alors que Shelly attaque sa propre part de gâteau à gros coup de fourchette. Je repousse l'assiette et me rabat sur une pomme bien rouge, bien moins dangereuse pour mes artères. Ce faisant, mes yeux tombent de nouveau sur Lucretia, sur qui j'ai une vue beaucoup plus complète depuis que Michael a pris la poudre d'escampette. Je ne loupe donc rien lorsque ma chère Serpentard sort très discrètement de la poche de sa robe une petite fiole d'un rose très douteux. Et qu'elle en glisse le contenu dans le verre de Wilkes pendant qu'il lui tourne le dos pour je ne sais quelle raison.
Je fronce des sourcils, un doute se frayant un chemin dans mon cerveau. Ce flacon, je suis sûre de l'avoir déjà vu quelque part. Et ce quelque part, c'est le rayon Charme de Sorcière de chez Weasley, Farce pour sorciers facétieux.
Son méfait accompli, Lucretia remet bien soigneusement la preuve de son délit dans sa robe. Au passage, son regard croise le mien. Elle m'adresse un rapide clin d'œil et un sourire discret. Mon cœur se gonfle de joie. Je retrouve bien là ma brave Serpentard.
Ragaillardie, je délaisse mon trognon de pomme et tire à moi l'infarctus au chocolat et à la crème fouettée. Une petite douceur pour fêter ça.

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Potter is my king
ЮморDe : Kimophelia Cela avait débuté comme une journée ordinaire. Très ordinaire. Puis, Lucretia, avait ouvert la porte de la salle de bain. Et la rumeur s'était répandue dans les couloirs de Poudlard comme une traînée de poudre. ______________________...