chapitre 7

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Le Trois balais est rempli d'élèves de Poudlard, de professeurs, ainsi que de quelques rares sorciers qui n'ont rien à voir avec l'école. La vieille patronne, Mme Rosmerta, se glisse entre les tables, plateaux surchargés en main, avec une aisance qu'elle ne devrait pas avoir à un tel âge, et en parvenant même à comprendre les commandes qui lui sont beuglées par dessus le vacarme.

Je crois que je vais bientôt être jalouse de cette femme.

Du bout de ma fourchette, je joue avec les boulettes de bœuf qui pataugent dans la sauce grasse, près des nouilles. J'avais oublié, avant de commander mon plat, que le cuistot des Trois balais n'a jamais entendu parler de diététique. J'aurais dû, ça m'aurait évité de laisser intact la moitié de mon assiette.

- Et donc, c'est juste pour ça que tu fais la tête ? S'étonne Lucretia, face à moi.

Je relève la tête et lui jette un regard incendiaire.

Je viens de passer la dernière demi-heure à lui raconter ma matinée, comme promis, en terminant par la prise de connaissance du fait que ma prétendue rivalité avec Potter n'était que du flan, et c'est tout ce qu'elle trouve à dire ? Elle pourrait, au minimum, s'insurger et crier au scandale comme toute bonne amie l'aurait fait. Ou au moins, compatir à mon désarroi. Mais c'est trop demander à Lucretia Nott.

- Je ne fais pas la tête, rectifie-je, d'un ton sec. C'est juste que . . . eh bien , je ne sais pas comment le dire, mais pour faire simple, c'est quand même un drôle de coup du sort. Je veux dire : toute ma vie, j'ai cru que Potter n'était qu'un sombre crétin qui aimait attaquer les petites filles inconnues dans les trains, et au bout du compte, même pas ! Ma vision de lui est complètement erronée !

Lucretia me lance un regard dubitatif par dessus sa bouteille de biéraubeurre.

- D'accord, l'incident lors de ta première rentrée n'était pas ce que tu croyais, et ta vengeance en retour a dérapé plus qu'elle n'aurait dû, mais je te signale que ça ne change absolument rien au fait que Potter et toi, vous vous êtes envoyés des vacheries à la gueule pendant cinq ans. Et ça, ce n'était pas dû au hasard.

Je soupire, en pinçant l'arrête de mon nez. Je crois que mon amie n'a pas tout compris à la discussion.

- Ce n'est pas de ça que je suis en train de te parler. J'essaye de t'expliquer que, dans le fond, j'aurais pu vivre ma scolarité à Poudlard sans avoir à me battre contre Potter, si seulement il n'y avait pas eu ces deux incidents.

- Tu te voiles complètement la face là, t'en as conscience au moins ? Si vraiment tu n'avais pas voulu te battre contre Potter, et ne pas avoir tous les problèmes qui en ont logiquement découlé, tu aurais arrêté de répondre à ses piques il y a longtemps. Je n'ai pas raison ?

Je fais la moue, un peu vexée.

En y réfléchissant un peu, Lucretia n'a pas tout à fait tort. Mais ma fierté est plus forte que ça. Il était hors de question de laisser le dernier mot à Potter.

Enfin, jusqu'à que mes parents y mettent leur grain de sel cet été. Parce qu'en temps normal, je n'aurais pas laissé le coup du tatouage impuni.

Même si, techniquement, je me suis vengée de cette dernière pique. Juste que c'est Albus qui a tout pris.

- Mouais, peut-être bien, finis-je par concéder à Lucretia en laissant tomber bruyamment ma fourchette dans mon assiette.

Je me laisse tomber contre le dossier de ma chaise et croise les bras sous ma poitrine, mécontente d'avoir dû donner raison à mon amie, et regarde autour de moi pour ne pas avoir à faire face au visage vainqueur de Lucretia.

Potter is my kingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant