chapitre 21

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Lorsque je m'installe à la table des Serpentard en ce samedi matin, mon plan est parfait. Je me suis levée aux aurores, histoire d'être parmi les premières à pointer dans la Grande Salle. J'ai pris la douche la plus rapide du monde, enfilé mes vêtements avec si peu de soin que j'en suis encore à lacer mes chaussures et je suis montée des cachots à une telle vitesse que je crois bien avoir fait peur à un ou deux balais. Mais au moins, comme cela, je suis sûre de pouvoir prendre un petit-déjeuner digne de ce nom, sans avoir à craindre de devoir écourter mon repas à cause de Wilkes.

Étonnement, je ne suis pas la seule lève-tôt en ce début de week-end. J'imagine que le match de dix heures, opposant notre maison à celle des rouge et or, à motiver beaucoup de monde à faire l'impasse sur la grasse matinée.

Alors que je me faufile le long de la table de ma maison pour trouver une place stratégique - c'est à dire pour réussir à me caser entre deux groupes d'élèves, histoire de prévenir une apparition surprise de ce crétin de Wilkes - je remarque que James et Logan font partie des quelques rares Gryffondor qui ont réussi l'exploit de s'extirper de leur lit avant huit heures.

Je m'assois sur le banc après avoir miraculeusement déniché un espace vide entre un groupe de boutonneux et un autre de mioches attardés. C'est toujours mieux que de risquer l'empoisonnement.

J'empile sur mon assiette tout ce qui me passe sous la main, me sert simultanément un jus de fruit, un café et un lait chaud, puis entame mon repas. Mais j'ai à peine mordu dans mon petit pain à la marmelade qu'une voix forte retentit dans mon dos.

- Bouge de là, têtard.

Punaise, mais il est pire qu'un pitbull ce type !

Le pauvre première année, qui a certainement souillé son slip en découvrant la carrure de troll attardé dans son dos, s'empresse d'obéir et délivre la place à ma droite. Wilkes ne se fait pas prier pour se glisser sur le banc et s'aventure même à m'offrir un grand sourire, comme si son plus grand bonheur dans la vie était de me voir dès le réveil.

Je pousse un soupir exaspéré tout en laissant retomber mon pain dans la pile de bouffe de mon assiette. Ça fait près de trois semaines que Lucretia a viré Wilkes comme une vieille chaussette et donc, autant de temps que je grignote plus que je ne mange réellement. La veille, j'ai même commencé à avoir des vertiges tellement je me suis affaibli. Et je ne parle même pas de la tête horrifié de Scorpius quand il a vu que j'avais perdu près de trois kilos depuis la rentrée. Inconcevable pour une batteuse.

- Bon, l'horreur sur patte, faut qu'on cause.

Cet abruti s'offre le luxe de me regarder avec l'air le plus innocent du monde tandis qu'il pique une saucisse dans mon assiette, se l'enfilant avec la délicatesse d'un pachyderme.

- Je vois bien que tu prends ton pied comme jamais avec tes conneries, mais je te rappelle qu'on a un match contre Gryffondor dans deux heures, alors laisse-moi bouffer tranquille.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, répond-t-il le plus calmement du monde en sortant de la poche de sa robe de sorcier une fiole emplie d'un liquide transparent qu'il ouvre et vide sans honte dans ma tasse de café. Au fait, je t'ai préparé un petit fortifiant. Je te trouvais bien pâlichonne au dernier entraînement. Tu devrais prendre un peu plus soin de toi, tu sais.

Mon estomac fait un soubresaut quand il me tend ma tasse, tout sourire. Nom d'un chien, sa fausse amabilité me colle les pires sueurs froides de toute ma vie ! Et ce n'est rien de le dire ! Comment Lucretia a pu penser un seul instant que c'était une bonne idée de sortir avec ce taré ?

- Tu me prends vraiment pour une conne, fais-je à mi-voix en me levant subitement du banc.

Son sourire s'efface et laisse la place à une grimace qui lui donne l'air encore plus bête et vicieux que d'habitude.

Potter is my kingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant