chapitre 11

122 9 0
                                    


J'étouffe un bâillement derrière ma main et jette un coup d'œil à ma gauche sur Shelly qui dodeline de la tête. A ma droite, Lucretia préfère plonger le nez dans le dernier roman qu'elle s'est offert pour décompresser de notre double cours de défense contre les forces du mal, durant lequel notre professeur nous a collé un test surprise. Sans doute voulait-il savoir si nous serions capable de survivre en cas d'attaque.

Quelqu'un a-t-il pensé à lui préciser que la guerre était fini depuis plus de vingt ans ?

- Il parle de quoi ton bouquin ? Demande-je à Lucinda en regardant Shelly, me demandant si je dois surveiller son corps qui penche dangereusement.

- C'est un roman d'amour, dit-elle sèchement.

J'ai compris, son livre est tellement prenant qu'elle ne veut pas que je la dérange. Je soupire. Le corps de Shelly bascule tout doucement sur sa droite, menaçant de se rétamer par terre. Je l'attrape par l'épaule et la secoue vivement. Elle se redresse, surprise.

- T'endors pas, tu vas tomber, lui dis-je.

Elle s'étire langoureusement vers le haut, attirant le regard concupiscent d'un cinquième année de Gryffondor qui passe par là, et laisse retomber ses bras le long de son corps avec lassitude.

- Je crois que je vais aller faire une sieste, annonce-t-elle en se levant.

Je la regarde faire avec envie. J'irais bien aussi m'allonger pour le reste de la journée, vu que notre vendredi après-midi est exempté de cours, mais je sais que je ne trouverais pas le sommeil. Depuis le début du mois de décembre, Morphée me fuit.

Les yeux brûlant de fatigue et d'envie, je regarde la silhouette de Shelly s'éloigner pour rejoindre le château, et plonge le nez dans mon écharpe pour tenter d'échapper au vent glacial qui se met à souffler.

- Tu ne voudrais pas qu'on rentre se mettre au chaud ? Demande Lucretia en refermant son livre, non sans avoir soigneusement marqué la page à laquelle elle s'est arrêté de lire.

- Vas-y si tu veux. Moi je reste ici.

- Tu sais, ça fait une semaine que tu te poses sur ce banc dès que t'en as l'occasion, à la recherche de la perle rare. Je pense que si tu ne l'as pas trouvé au bout de sept jours, tu t'obstines pour rien. Parles-en à Potter et fais-toi une raison.

Je lance un regard halluciné à Lucinda.

- C'est toi qui me dit ça ? D'habitude tu es la première à me dissuader de faire quoi que ce soit qui impliquerait Potter. On peut savoir ce qu'il t'arrive ?

- J'en ai marre de me geler les fesses sur ce banc, réplique-t-elle sèchement. La fête de ta cousine est dans quinze jours. Tu ne trouveras pas un copain pour t'y accompagner en si peu de temps. Parle avec Potter ou aplatis-toi devant ta cousine. C'est tout ce qu'il te reste comme choix.

Ce n'est pas glorieux.

Je glisse les mains dans les poches de ma cape et bascule légèrement en arrière pour contempler le ciel blanc. Les épais nuages remplissant le ciel menacent de déverser quelques flocons. J'entends Lucinda s'éloigner d'un pas vif. J'imagine qu'elle a raison et qu'il est plus que temps que je me fasse une raison : je vais devoir aller à la fête de Amy avec Potter. J'aurais préféré utiliser les dettes du Gryffondor d'une autre manière.

Je soupire et mordille ma lèvre inférieure. Je vais devoir aller m'aplatir devant Potter pour lui demander de m'accompagner à la fête de ma cousine. Mais vaut mieux lui que Amy : au moins avec Potter, j'ai une chance sur deux de ne pas me faire charrier. Tandis qu'avec ma garce de cousine, je suis sûre qu'elle se vantera d'avoir un petit-ami dès qu'elle en aura l'occasion. C'est à dire, le lendemain de sa soirée en passant chez mes parents, prétextant sans doute passer leur souhaiter de bonne fêtes, mais venant juste pour me raconter la fabuleuse soirée que j'aurais loupé. J'en grince déjà des dents.

Potter is my kingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant