Chapitre 21: Dispute à l'infirmerie

81 6 0
                                    

Ma cape remontée jusqu'au cou, je marchais en silence, laissant derrière moi un Hagrid que je n'avais jamais vu. Le ton qu'il avait pris en parlant de la créature me faisait froid dans le dos. Fred et Katie ne disaient pas un mot, main dans la main ils marchaient devant moi, écharpes remontées. Il n'était que six heures mais la nuit était tombée, le vent glacé me faisait frissonner à chaque rafale et je ne pouvais pas m'empêcher de jeter des regards vers la forêt. Mes pieds éclaboussaient ma robe et faisaient des bruits d'éponge dès que je faisais un pas. Le sol était jonché de boue et de feuilles mortes et ma robe traînait dedans. L'orage au-dessus de nos têtes grondait toujours.

Moi qui pensais que le thé chez Hagrid me remonterait le moral, il n'avait pourtant rien eu de réjouissant. J'avais maintenant peur qu'à tout instant la créature apparaisse et plante ses griffes dans mon ventre, ou dans celui de Katie et Fred. Je repensais à mon cauchemar, dans lequel Drago se faisait tuer par la créature, et ressentis un sentiment de malaise, comme si c'était réel. Je me retournais vivement, ne me sentant plus en sécurité.

-Ça va derrière ? Me demanda soudain Fred en ralentissant.

-Oui, oui. Mentais-je en resserrant un peu plus le col de ma cape.

En réalité ça n'allait pas bien du tout, comme presque tout le temps en ce moment en fait. Depuis le début de l'année tout ce qu'il m'arrivait me rendait triste et dépitée, j'avais l'impression que je ne serais plus jamais heureuse. Mes larmes coulaient en silence, en même temps que les gouttes de pluie qui tombaient sur mes cheveux. Je ne savais plus quoi faire pour que tout rentre dans l'ordre, Hagrid avait l'air de savoir quelque chose d'important mais ne nous avait pas tout dit. Maintenant j'avais encore plus peur pour Hugo, peur que la créature ne l'ait réellement tué, peur que cette créature soit en fait quelque chose de plus grave. Je ne savais plus à qui faire confiance, à qui avouer mes doutes, mes sentiments ou encore à qui demander de l'aide. Tout le monde semblait cacher les plus sombres secrets, tout le monde semblait pouvoir trahir à n'importe quel moment, je n'avais plus que moi, moi seule à qui faire confiance.

On arriva enfin au château, trempés de la tête aux pieds, la mine sombre, la peur au ventre, sans s'adresser la parole. Dans le hall on resta un instant à se regarder, sans savoir par où commencer. Katie était accrochée au bras de Fred, tremblante, les dents qui claquaient. J'aurais voulu parler mais les sons restaient bloqués au fond de ma gorge, j'avais juste envie de rester seule et d'aller me coucher au plus vite. Je lançais un regard à mes amis en espérant qu'ils comprennent et m'éloignais, rejoignant la grande salle. Mes cheveux étaient si trempés qu'ils dégoulinaient, je me prenais les pieds dans ma robe. Je sentais que mes yeux étaient gonflés, j'avais terriblement froid. Rien autour de moi ne me semblait chaleureux, non tout était devenu noir. Je m'asseyais à la table des Gryffondor et me servis un verre de jus de citrouille. Mais je n'arrivais à rien avaler, mon hachis parmentier restait en travers de ma gorge. Je voyais des images ressurgir d'un seul coup dans ma tête, tout devenait flou autour de moi, le choc était trop fort. Mais qu'est-ce qu'il m'arrivait ? Je lâchais ma fourchette et vacillais un peu. La salle se mettait à tourner autour de moi, je sentais mon cœur remonter dans ma gorge. Mon cerveau était plein, comme s'il allait exploser, des paroles tournaient dans ma tête, des souvenirs, tout ça dans un désordre monumental.

« Louise ton frère est un sorcier », « sang de bourbe », « tu m'as appris à aimer » « c'est pour cela que je déteste mon père », « lorsqu'un descendant de William Turner sera envoyé à Serpentard, les forces des ténèbres s'en empareront et l'histoire se reproduira ». STOP songeais-je en me prenant la tête dans mes mains, aveuglée par la douleur. Le sang battait à mes tempes, je n'arrivais plus à respirer, je n'en pouvais plus de cette douleur, que je gardais depuis trop longtemps, j'allais exploser !

Le mystère de Poudlard Où les histoires vivent. Découvrez maintenant