Chapitre 26 : Qui est « s » ?

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Drago s’installa sur la banquette à mes côtés, tandis qu’en face George avait la mine interloquée. Il ne comprenait rien à ce qu’il se passait. Je fermais la fenêtre d’un geste brusque et essayais de chercher les bons mots. Mais Drago parla avant moi, l’air énervé.
-Tu attendais quoi pour m’en parler ? Tu pensais nous le cacher et laisser les gens se faire tuer !? Me gronda-t-il en agitant la lettre sous mon nez.
Tout le contraire de son père, songeais-je. Lui au moins s’inquiétait du sort des sangs impurs et des moldus. Mais comment Drago avait-il trouvé la lettre ? Je ne m’en étais pourtant pas séparée ! Comme s’il avait lu dans mes pensées il ajouta : « Elle est tombée de ta poche ce matin quand tu m’as poussée du banc. D’ailleurs à ce propos j’aimerais bien une explication… ». Dit-il en posant la lettre sur la table. Je ne pouvais quand même pas lui dire l’interdiction de Katie et Fred… Encore moins devant George…
-Ne t’énerve pas, je ne l’ai reçue qu’hier soir ! Je n’ai eu le temps d’informer personne. Commençais-je après avoir vidé d’une traite le restant de ma bière au beurre. Et puis je n’ai aucun compte à te rendre !
George qui n’avait toujours rien dit, pris la lettre et la parcouru rapidement. A la fin de sa lecture il semblait aussi choqué que Drago.
-Louise, il a raison c’est très grave ! S’exclama-t-il en posant le morceau de papier sur la table. Drago jeta un œil reconnaissant à George, pour la première fois, quelqu’un semblait d’accord avec lui.
-Très bien, que voulez-vous savoir de plus ? Demandais-je en me tortillant sur ma banquette. La présence de Drago à mes côtés me rendait toujours nerveuse en ce moment. Je ne savais plus trop ce que je devais lui dire maintenant qu’il avait découvert la lettre.
-Bon écoutez les garçons, vous voulez m’aider c’est ça ? Ajoutais-je en les regardant un à un.
-Oui ! Lancèrent-ils avidement d’une même voix.
-Mais d’abord nous devons savoir qui t’a envoyé cette lettre ! Rajouta Drago.
-Une chouette que je ne connais pas. Répondais-je. George tu viens de la voir, c’est la chouette qui était à la fenêtre avant que Drago n’arrive.
-Etrange. Dit George.
-Très bien… Je vais vous raconter les derniers évènements pour être sûre de vous avoir tout dit d’accord ? Débitais-je en évitant de croiser le regard de Drago, qui me fixait.
Je leur racontais tout depuis le début, même s’ils savaient déjà la moitié, pour qu’ils soient au courant de chaque détail et puissent m’aider. Tout depuis le mystère du buisson de cet été jusqu’à la lettre d’hier soir.
-Mais Drago… Commençais-je après avoir avalé ma salive. Tu dois me promettre de ne pas chercher la bagarre avec qui que ce soit si tu m’aides. Je sais que tu n’aimes pas John, ni personne d’ailleurs mais promets-le-moi !
Drago me regarda avec des yeux tristes puis avec ce qui semblait être des remords il lança : « Je te le promets Louise, je ne peux pas te décevoir une nouvelle fois tu sais… ». Je savais qu’il faisait allusion à la fois où il avait promis de retrouver Hugo mais qu’il ne l’avait pas fait. Je ne lui en voulais pas, c’était déjà le garçon le plus courageux que je connaisse, contrairement à ce que j’avais dit en début d’année, ce n’était pas Fred Weasley mais bien Drago Malefoy.
-Mais je n’ai rien dit à personne car je ne sais pas quoi faire, on ne peut rien contre ce monstre… Expliquais-je en regardant la neige tomber au dehors. J’en parlerai à John, il saura sûrement quelque chose.
-Ne me dis pas que ce John nous aidera ? S’insurgea Drago.
-Et bien si Drago, et j’aimerais que tu arrêtes de t’en prendre à des gens que tu ne connais pas, simplement parce que tu es jaloux ! Lançais-je d’un ton plein de reproche.
-Moi je t’ai dit que j’avais des raisons de me méfier de John ! Se défendit-il.
Cette fois, une atmosphère hostile s’était installée et Drago semblait bouder. J’avais certainement touché un point sensible. Je ne comprenais plus très bien notre relation, j’avais l’impression que mes sentiments grandissaient mais on ne faisait que de se disputer ! Et si lui, ne ressentait plus rien ?
-Il faudrait qu’on fasse des hypothèses sur la personne nommée « s ». Dit George qui venait de terminer sa bière au beurre et voulait sans doute détendre l’atmosphère.
-J’ai pensé à quelqu’un mais je ne suis pas sûre que… Commençais-je hésitante. Je me mis à trembler soudainement, redoutant de penser cela. Mais Drago glissa légèrement de la banquette pour se rapprocher de moi, et posa sa main sur mon épaule. Il changeait d’humeur en deux minutes, je trouvais cela exaspérant.
-Louise, tu dois nous dire, tout ce que tu sais ou crois savoir est important pour résoudre ce mystère. Dit-il d’un air calme en me rassurant. Mais moi ça ne me rassurait pas, ça ne faisait qu’accélérer les battements de mon cœur. Comme à mon habitude, je feignais l’indifférence et me contentais de reculer un peu plus vers la fenêtre. Drago remarqua mon geste et semblait blessé. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas faire ! Songeais-je. Il n’y avait pourtant aucune raison de cacher mes sentiments devant George, qui était au courant que j’allais au bal avec Drago ! Mais j’ignorais pourquoi, je ne voulais surtout pas que ça se sache, je mentais aux autres, même à moi-même.
-Moi j’ai pensé à Severus Rogue. Annonça soudain George, alors qu’un silence gênant s’installait entre Drago et moi. Tous deux évitions le regard de l’autre.
-Rogue est vraiment horrible, ça ne m’étonnerait pas ! Lançais-je avidement. Je n’avais pas pensé à lui… C’est peut être pour ça qu’il se montre affreux avec moi, parce qu’il sait que je suis la sœur de Hugo.
-Sybille Trelawney, en divination ! Mais j’en doute fortement… Continua George. Non, ce ne peut pas être Trelawney…
-A qui tu pensais toi Louise ? Demanda finalement Drago, d’un ton plus froid à présent.
-Il y a aussi Aurora Sinistra en astronomie ou Rita Skeeter ! S’exclama George sans me laisser répondre. Cela ne sembla pas plaire à Drago, au contraire il s’emporta comme à son habitude.
-Ne change pas de sujet Weasley ! S’écria Drago qui voulait entendre ma réponse. Quelques têtes se tournèrent vers nous et madame Rosmerta qui semblait en avoir assez de notre vacarme accourut vers nous.
-Il y a un problème les jeunes ? Quelqu’un voudrait une autre bière au beurre peut-être ? Demanda-t-elle en s’efforçant de rester calme.
-Non merci. Lançais-je froidement tandis qu’elle s’éloignait.
-Je t’ai dit de te contrôler Drago ! M’énervais-je à mon tour. Comme d’habitude Drago ne pouvait pas tenir cinq minutes sans s’énerver, on dirait qu’il ne supportait personne ! Dès qu’on était plus de deux il perdait son sang-froid. Je soupirais, ne sachant plus où j’en étais.
-Bon écoutez, cela peut paraître absurde mais mon père s’appelle Shawn alors… Lançais-je malgré moi. Cette fois, j’évitais le regard des deux garçons, honteuse de penser ça.
-Tu penses que ton père, étant un moldu, serait capable de telles choses ? Impossible, je te rassure. Dit George.
-Mon père en serait capable lui. Railla Drago, qui cette fois était vraiment de mauvaise humeur.
-Lucius Malefoy. Tu vois un « s » dans ses initiales ? Non, alors rassure toi. Dis-je en m’efforçant de paraître calme.
-Mon père est un malade. Continua Drago en prenant un ton agressif.
-Oui mais ça ne correspond pas à la lettre. Dit George après avoir hésité. Il semblait se méfier de Drago et ses sauts d’humeur.
-Retenons Rogue alors. Lançais-je me sentant épuisée. Je jetais un coup d’œil par la fenêtre, il faisait nuit noire à présent et la neige avait redoublé d’intensité. Je baillais longuement et m’étirais.
-Je crois que ça suffira pour ce soir. Dit George en me tendant la lettre que je rangeais immédiatement dans ma poche. Drago se leva et remis son écharpe et ses gants. J’attrapais mes sacs tandis que George était déjà sur le perron.
-J’arrive dans une minute ! Lançais-je à mon ami. Je me tournais vers Drago et chuchotais : « j’ai encore deux ou trois choses à voir avec toi. » Il s’approcha et murmura : « moi aussi. ». Nous restions plantés l’un en face de l’autre, dans le pub presque vide à présent.
-Je t’ai vu tout à l’heure… Commençais-je finalement. Et tu avais l’air bien méfiant, dès que tu m’as vu, tu es parti ! Lançais-je d’un ton presque accusateur.
-Je n’ai pas le droit de me promener à Pré au Lard tranquillement ? Se défendit-il.
-Tu m’as dit que tu ne faisais jamais d’achats, que tu détestais être seul ! Mais ton comportement me parait bien suspect !
Je vérifiais autour de moi et remarquais que Drago n’avait aucun sac, il ne semblait pas avoir acheté quoi que ce soit.
-Tu n’as pas fait d’achats de Noël en plus… Alors que faisais-tu dans cette ruelle ? Insistais-je en voyant qu’il semblait décontenancé.
-Je n’ai rien à te dire Louise ! Dit-il enfin en baissant les yeux. J’avais aussi une question à te poser figure toi !
-Laquelle ?
-Ce matin, tu m’as poussé du banc sans raison… Tu n’as qu’à le dire si ma présence te dérange… Dit-il d’un ton brisé. Toute trace de colère avait disparue dans le son de sa voix. Encore une fois il avait réussi, j’avais pitié de lui. Je soupirais, aucune réponse ne me venait à l’esprit.
-Louise tu viens ? S’impatienta George qui attendait toujours devant la porte.
-Vas-y sans moi ! Je te rejoins dans la salle commune. Lançais-je à mon ami. Il s’empressa de quitter le pub et s’enfonça dans la nuit noire, ses sacs à la main.
Drago me fixait dans les yeux, il attendait réellement une réponse de ma part. Mais s’il savait à quel point son regard me déstabilisait, que j’étais encore moins capable de parler. Je détournais encore une fois le regard, comme si j’avais perdu.
-Il y a des choses dont je ne peux pas te parler Drago. Je crois qu’en fait moi non plus je n’ai pas de compte à te rendre. Comme ça, on est quittes ! Lançais-je malgré moi.
La situation était assez embarrassante, j’avais l’impression que nous avions tous les deux des choses à cacher à l’autre, s’il devait en être ainsi…
-On rentre au château ensemble ? Demanda-t-il après deux longues minutes de silence.
-Bien sûr. Lançais-je en me dirigeant vers la porte.
Dehors, les rues étaient désertes, seules les traces de pas dans la neige indiquaient qu’il y avait eu du monde aujourd’hui. Drago jeta un œil à sa montre et sortis à son tour. Le vent frais du soir caressa nos visages et je frissonnais. Je ne reconnaissais plus vraiment les alentours dans la pénombre, heureusement que Drago était là. La neige tombait délicatement et se posait sur nos cheveux. Je me tournais vers Drago et une nouvelle fois mon cœur se serra. J’avais l’impression que je ne pourrai jamais être avec lui. Même si je le voulais plus que tout. Le pire était sans doute que Drago n’en savait rien…
-Tu as acheté beaucoup de choses ! Dit-il alors que nous arpentions le sentier gelé.
-Oui, des achats de Noël pour mes amis. Expliquais-je.
-Tu veux que je t’aide à les porter ? Me demanda-t-il.
-Non, c’est gentil à toi.
-Moi je n’aurais pas de cadeaux, mon père ne m’en offre jamais. Et moi non plus d’ailleurs. Je n’en reçois pas et je n’en offre pas… Souffla-t-il comme si c’était normal. S’il savait que pour la première fois quelqu’un lui offrirait un cadeau. Je n’avais pas encore décidé comment j’allais lui offrir son cadeau mais je voulais que ça soit parfait.
-Ta mère te manque ? Demandais-je soudainement, en me rappelant ce qu’il m’avait confié il y a des semaines. Drago s’arrêta au milieu du chemin et ne dit plus un mot. Je ne savais pas pourquoi j’avais posé cette question, je m’en voulais presque. Je m’arrêtais à sa hauteur, prête à m’excuser mais il tourna son beau visage vers moi et les larmes aux yeux lança : « Oui, je pense souvent à elle et j’ai l’impression que c’était la seule personne qui ne m’ait jamais aimé… Elle était si gentille, elle interdisait à mon père de me frapper mais dès qu’elle n’était pas là, il continuait… Elle est morte quand j’avais neuf ans, et depuis c’est devenu pire, je me suis renfermé sur moi-même et… Je suis désolé de te raconter tout ça… » Dit-il finalement en essuyant ses yeux. Je posais mes sacs dans la neige et m’approchais de lui. Sans me rendre compte de mon geste, je passais mes bras autour de son cou et me collais contre lui. Il entoura aussitôt les siens autour de ma taille et se laissa aller, je l’entendais pleurer. Je caressais doucement ses cheveux, me sentant un peu coupable de l’avoir fait pleurer. Je reniflais discrètement son cou et une odeur de vanille emplissait mes narines. Je me décollais, le cœur battant et les joues rouges et décidais que c’était à mon tour de parler. On reprit le chemin gelé, en glissant à chaque pas et je commençais à me confier : « Tu sais, moi aussi j’ai perdu ma mère, j’avais sept ans. Elle a eu un accident de voiture, rien de plus banal et de moldu. J’ai été très triste et aussi étrange que cela puisse paraître, mon frère qui avait deux ans s’en souvient encore. C’était peut-être déjà le signe qu’il était un sorcier. Depuis ce moment il n’a jamais été vraiment heureux et je pensais que Poudlard l’aiderait. Comme toi, il s’est renfermé sur lui-même. » Terminais-je alors qu’on poussait le portail du château.
-Je suis sincèrement désolé pour Hugo, je ne sais pas où il peut-être. Dit-il, ne pleurant plus du tout. Je suis prêt à faire ce que tu me diras pour t’aider.
-Merci Drago, il y a peut-être une chose que tu pourrais faire mais pas pour retrouver Hugo… Commençais-je, une idée me trottant dans la tête. Nous marchions maintenant dans le parc, la neige se faisait moins abondante.
-Oui laquelle ? Dit-il en s’arrêtant. Je voyais bien qu’il fronçait les sourcils.
-M’aider en potions… Soufflais-je un peu gênée.
-T’aider en potions ? Répéta-t-il bêtement.
-Je n’ai que des mauvaises notes en potions, je sais que toi tu excelles. Tu es le chouchou de Rogue en plus.
-Je t’avoue qu’il me favorise un peu, je ne mérite pas toujours des « optimal » Mais je me ferais une joie de t’aider, tu veux des cours particuliers ? Demanda-t-il en riant. Cette fois, il souriait de toutes ses dents.
-On peut dire ça, pour lundi j’ai un parchemin à rendre sur les propriétés de l’Elixir Eternel et c’est ma dernière chance de me rattraper… Expliquais-je en entrant dans le hall. Rogue me déteste et je suis sûre que ça a un lien avec le fameux « s ».
-D’accord, je pourrai t’aider, mais où ? Demanda-t-il en tapant des pieds pour faire partir la neige.
Je vérifiais que le hall était vide et répondais qu’on pourrait se retrouver dans le parc, le lendemain après-midi.
-C’est d’accord, je t’attendrai sous le saule près du lac à deux heures ! Dit-il avant de s’enfuir.
-DRAGO ATTENDS ! Hurlais-je avant qu’il ne disparaisse dans la grande salle. Il sursauta puis s’arrêta. J’accourus vers lui, mes sacs m’encombrant, et lui saisis le bras : « Euh… Pour le bal de Noël comment est-ce qu’on va faire ? ».
-Ne t’en fais pas Louise, on trouvera une solution ! Lança-t-il avant de s’éloigner pour de bon.

Le mystère de Poudlard Où les histoires vivent. Découvrez maintenant